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Superman : Les Origines, la review

Superman : Les Origines, la review

ReviewUrban
On a aimé
• Un mythe revisité...
• ...mais respecté
• Un dessin moderne pour Superman
On a moins aimé
• Trop plein de bons sentiments
• Quelques longueurs
Notre note

Quand on a pu enfin voir la première bande-annonce de Man of Steel, beaucoup d'entre nous ont tout de suite pensé à Superman : Birthright. Le film de Zack Snyder semble en effet en reprendre les grandes lignes, du voyage initiatique à l'attaque de grande ampleur sur Metropolis. Par chance, Urban Comics a quelques mois plus tôt ressorti cette maxi-série en douze épisodes sous le nom de Superman : Les Origines. Commencer par le début, c'est une bonne idée pour notre Semaine Superman, non ?

"Notre fils. Le dernier de la Maison El."


Tout d'abord, il est utile de rappeler que cette histoire se place dans une grande tradition, celle des origines de Superman, qui ont été de nombreuses fois contées. Réussir à raconter quelque chose d'original sur ce sujet n'est donc pas évident. Passer après des artistes tels que John Byrne par exemple, l'est encore moins. Mais Mark Waid va trouver une astuce pour rendre son récit novateur, et surtout pour définir son personnage plus grand que nature de façon plus sensible. Il va faire en sorte que Clark Kent fasse un détour sur le chemin qui le mène de Smallville à Metropolis. Un détour qui le mènera vers l'Afrique et ses drames humains. On y verra alors que le futur plus grand des héros est plein de doutes, d'hésitations. Un état dans lequel nous ne sommes pas habitué de le voir. Car s'il a l'altruisme chevillé au corps, il ne sait pas encore qu'elle est sa place dans la grande horlogerie du monde. Mais c'est au contact de l'injustice et de la violence humaine qu'il va avoir le droit à la révélation qui définira son destin. Il est un héros, un protecteur. Il trouve enfin sa place quand il se rend compte que ses pouvoirs, qui l'ont toujours mis à l'écart du reste du monde, doivent être mis au service de ce dernier.

De cette révélation, habilement amenée par un Mark Waid qui dépoussière le mythe mais en respecte l'essence même, il va en tirer sa conduite en arrivant à Metropolis. L'autre point fort de ce récit, c'est d'avoir réussi à humaniser ce personnage qui parfois se perd dans son statut de symbole absolu de l'héroïsme. Dans ses interactions avec les autres personnages, que ce soit Jimmy Olsen, Lois Lane ou même Perry White, on va découvrir ses angoisses, ses doutes, mais aussi ses envies. Car il n'est pas pur altruisme. Pour une fois, il est réel. Son sacerdoce ne dissimule plus ses sentiments. Il en devient plus humain et donc plus intéressant, puisque l'on peut s'identifier un minimum au Grand Bleu. Même s'il faut bien admettre que Mark Waid va un peu forcer sur l'aspect désintéressé et héroïque de son personnage. À mesure qu'il nous montre qu'il est exceptionnel, on finit par en douter. Cette bonne vieille ritournelle, si c'est trop beau, c'est que cela ne peut pas être vrai.


 

"Sur ce monde, il sera l'homme de demain."


Reste qu'il lui faut un ennemi. Tout le monde ne peut pas accepter tant de bienveillance et surtout tant de puissance. Evidemment, l'antagoniste n'est autre que Lex Luthor, peut-être le seul qui soit à même de rivaliser avec Superman car il ne l'affronte pas ouvertement. Si l'Homme d'Acier est le symbole même de l'ouverture et de la bonté, Luthor est lui le symbole de la défiance, presque de la xénophobie. "Il n'est pas de ce monde, il ne nous veut donc pas de bien". Ce qui est intelligent dans le récit de Mark Waid, c'est à quel point ce sentiment pernicieux se diffuse facilement quand il s'appuie sur une rhétorique efficace. Il montre que la peur de l'étranger est facile à inspirer et à propager, et comment une telle peur est difficile à surmonter. Ce sera d'ailleurs là toute la force de Superman, pas dans la façon dont il se débarrasse de ses assaillants, mais dans la manière qu'il aura de retourner une opinion publique semblant définitivement hostile à son égard jusqu'à ce qu'ell l'encense.

Mais il n'y a pas que dans le récit que cette série est novatrice. En effet, la tentation avec Superman, c'est de lui offrir un dessin rond, classique, qui glorifie son héroïsme et sa bonté. Mais point de ça avec Leinil Francis Yu. Le Philippin préfère lui ciseler des pages dynamiques, avec des traits vifs et violents. Comme s'il affirmait que le monde de Superman a bien changé. Il est hostile, dangereux et pas prêt à accueillir son idéal. On le voit particulièrement quand il révèle le vrai visage de Lex Luthor, inquiétant, presque inhumain comme pour appuyer sur l'ironie de la situation. Mais Leinil Yu n'en oublie pas moins de dépeindre à la perfection les émotions, dans un récit qui en est chargé, où tous les gens que croise Clark Kent sont comme des révélateurs de sa mission. Si on rajoute à cela des scènes d'action (Mark Waid n'a pas été avare là-dessus et heureusement) particulièrement réussies, une habitude pour le dessinateur, on a alors un récit qui tout en étant particulièrement malin arrive à rester dynamique et entraînant.



Cette maxi-série arrive à nous maintenir durant douze épisodes rythmés sur une histoire que l'on a vu et revu. Car ici la grande force, c'est de prendre un mythe et d'en faire une histoire moderne qui nous parle vraiment. Mais il arrive tout de même à conserver l'aspect symbolique et iconique qui fait de Superman le super-héros qui inspire et guide. Un habile mélange dont le seul ingrédient trop présent sont les bons sentiments. On en aurait préféré une pincée, on en a une poignée. Mais certaines personnes aiment quand c'est bien salé.

Illustration de l'auteur
Alfro
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