Après Iron Man, Captain America les X-Men et les Avengers, c’est au tour de Thor d’avoir droit au traitement Marvel Now. On a un équipe cinq étoiles aux commandes puisqu’il s’agit de Jason Aaron (Wolverine, Scalped) et Esaad Ribic (Uncanny X-Force, Loki), et disons-le dès maintenant, le résultat est à la hauteur des espérances.
I am Thor Odinson
Relaunch qui dit qu’il n’en est pas un oblige, cette nouvelle série est un nouveau départ pour Thor à bien des égards. Commençons par le plus évident : la nouvelle histoire créée par Aaron. Le Dieu du tonnerre doit affronter un être redoutable nommé Gorr The God Butcher. Le nom dit tout.
Ce fameux Gorr laisse derrière lui une traînée de cadavres divins, dont les derniers en date sont ceux des Dieux d’une civilisation extra-terrestre (ceux de la planète Indigarr). Venu exaucer les prières des habitants de cette planète, Thor découvre le carnage et décide de venger ces Dieux déchus.
Mais ce n’est pas que le désir de Justice qui motive le fils d’Odin. Car il a déjà croisé la route de Gorr, bien des siècles auparavant. Thor n’était alors qu’un jeune Dieu, assoiffé de bataille, de femmes et de bière pour faire bonne mesure. Ce qui nous amène à la première particularité de la narration de Jason Aaron.
Ce sont en effet trois époques de la vie de Thor auxquelles on va s’intéresser. Le présent bien sûr, ce qu’on pourrait appeler sa « période viking », et même le futur, avec un Thor grisonnant et borgne, dernier survivant d’Asgard. Un parti pris intéressant, qui fonctionne extrêmement bien sur ces deux numéros. Mais là où ça peut devenir franchement passionnant (où se prendre complètement les pieds dans le tapis), c’est quand on apprend que Jason Aaron compte systématiser le procédé au-delà de ce seul arc, tout au long de son run.
The more Gods who will suffer
Une belle trouvaille narrative à priori donc, et d’autant plus efficace que le scénariste fait des merveilles avec son personnage principal (sur lequel il compte réellement se concentrer, comprenez bye bye la kyrielle d’autres Asgardiens). En effet, à travers ses trois incarnations, Aaron sait décliner les trois facettes les plus connues du caractère de Thor (impétueux dans sa jeunesse, sage guerrier par la suite, et enfin leader résigné) avec une finesse remarquable. Il n’invente rien, mais exécute à la perfection.
Ainsi on appréciera de retrouver un peu de l’arrogance de sa jeunesse chez le Thor contemporain. Ou les prémisses de sa sagesse future lors de ses escapades avec les vikings. Ou encore sa fierté même lorsque tout s’effondre autour de lui. Monologues intérieurs et dialogues sont à ce titre remarquablement bien écrits et nous dévoilent avec justesse la psyché du héros.
Fins, justes, autant d’adjectifs qui conviennent à ces deux numéros. Mais il ne faut pas en oublier un dernier : épiques. Pour l’action d’abord. On va de batailles dantesques en combats acharnés, superbement illustrés par un Esad Ribic des grands jours. Mais aussi pour la vision globale, l’ambiance de la série. On va dans l’espace, on croise divers panthéons, on joue le sort de Dieux… C’est de la très grande épopée, qui rappelle la surpuissance de Thor. Le héros est un Dieu, pas juste un surhomme, et ça se sent à chaque page.
Enfin le travail de Ribic est un régal pour les yeux. C’est fin, détaillé, dynamique… Bref on pourrait enchaîner les superlatifs. Mais on va plutôt souligner l’excellent travail des coloristes Dean White (#1) et Ive Svorcina (#2) qui arrivent parfaitement à imiter le style de peinture éthéré d’Esad Ribic. Le résultat est impeccable.
Thor God Of Thunder s’avère donc être une excellente série de plus pour Marvel Now. Elle bénéficie d’un bon gimmick (les trois époques de Thor), d’un scénario accrocheur (au moins pour ce premier arc), d’un héros remarquablement bien écrit et d’un indéniable souffle épique. A ne pas manquer même (surtout ?) si vous n’aimiez pas la précédente série.
