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The Wanderer's Treasures #44, The Atheist : Incarnate

The Wanderer's Treasures #44, The Atheist : Incarnate

chronique

Je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit.

Dom Juan, Acte III, scène 1

Molière

Voilà résumée en une phrase toute la philosophie d’Antoine Sharpe, consultant du département de la défense surnommé The Atheist, et surtout héro de la mini série The Atheist : Incarnate par Phil Hester (The Darkness, Green Arrow), John McCrea (The Boys) et Will Volley. Cette mini fut publiée en 2005 chez Image, puis finit par atterrir en tpb en 2008 chez Desperado.

Antoine Sharpe, c’est le croisement entre The Mentalist pour les aptitudes du personnage, Dr House pour son caractère, et les Mythbusters (ou Scooby-Doo) pour sa vocation. Homme brillantissime de son état, il se spécialise dans le fait de prouver que de soi-disant phénomènes surnaturels ont des origines bien ordinaires. Oh et c’est aussi un immonde salopard manipulateur sans scrupule, comme nous le montre parfaitement la petite séquence lui servant d’introduction.

The ATheist Comicsblog review Critique Wanderer's treasures 

Bref un personnage principal absolument magnifique et dont le charisme porte le récit. Certes la recette est connue (ne serait-ce que dans les séries mentionnées plus tôt) mais Phil Hester l’applique à merveille, notamment au travers de dialogues impeccables. Les divers protagonistes sont d’ailleurs tous très réussis. Melissa Nguyen, l’autre héroïne, est une partenaire parfaite pour Sharpe, complémentaire sans jouer sur l’opposition de style et suffisamment profonde pour intéresser par elle-même. Et même s’il ne fait qu’une brève apparition le Dr Barrow, génie au physique difforme et aux aptitudes hors normes à cause d’un cancer très particulier, est en tous points mémorable.

Tout de petit monde va se retrouver confronter à un problème des plus incongrus : un nombre de plus en plus importants d’individus, jeunes pour la plupart, semblent se retrouver possédés par des morts. Ils en ont les souvenirs, les connaissances, la personnalité… Et sitôt « ressuscités » (ou plutôt réincarnés), ces joyeux défunts mettent le cap sur Winnipeg, au Canada, pour s’y livrer à un hédonisme forcené. Ils font la fête jusqu’à en mourir, littéralement.

C’est sur ce phénomène qu’Antoine Sharpe et Melissa Nguyen vont devoir enquêter. Et c’est à l’occasion de cette enquête que Phil Hester va s’affranchir de ses influences et donner une tonalité propre à son récit. Car The Atheist n’est en fait pas un polar, comme son début pourrait le laisser entendre. C’était ce que j’attendais à la première lecture, et j’ai été déçu. Mais à la seconde, sans a priori, je me suis rendu compte que j’étais en fait face à un excellent récit d’horreur.

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Une horreur essentiellement psychologique, pernicieuse, qui s’insinue chez le lecteur, comme chez les personnages tandis qu’ils s’efforcent de lutter contre une menace qu’ils peinent à comprendre. L’angoisse est omniprésente, savamment distillée au fil du récit. Et c’est dans ces circonstances qu’Antoine Sharpe va se montrer le plus brillant. Le « héros », si on peut dire, va faire preuve d’une ingéniosité démoniaque. Le final de la série en est le meilleur exemple. C’est brillant, tragique, et même drôle à l’occasion. Mais surtout l’auteur n’oublie jamais d’humaniser ses personnages.

A cela viennent s’ajouter une myriade de petits détails tels que les tocs et autres manies de Sharpe, le récit de ses divers exploits passés ou l’identité de celui qui est derrière cette insurrection de morts (c’est tellement barré que ça en devient génial). Autant de petites touches pour enrichir l’univers de la série, lui donner une consistance.

Au dessin John McCrea est d’une efficacité imparable. Sont trait est assez stylisé mais reste suffisamment réaliste pour coller au ton du récit. Mais sa plus belle réussite est sa façon d’exploiter le noir et blanc, un peu à la Frank Miller sur Sin City, en utilisant les espaces négatifs.

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On aurait pu craindre que l’arrivée de Will Voley, sur la fin, ne casse quelque chose tant son style est différent, plus réaliste. Heureusement il n’en est rien. Lui aussi sait jouer avec le noir et blanc, et son Antoine Sharpe a une vraie « gueule » qui le rend peut être encore plus charismatique que sous le crayon de McCrea.

The Atheist : Incarnate est donc une réussite en tous points. Son héros en est le principal intérêt, avec ses dons fascinant et son caractère si spécial. Mais il ne faut pas pour autant oublier les autres personnages ni surtout le récit lui-même, intelligent, original et si efficace. Ajoutez à ça quelques bonus style making of et vous avez un tpb à ne pas manquer.

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Jeffzewanderer
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