Dire que le run de Jason Aaron sur Hulk a été critiqué est un
euphémisme. Entre ceux qui s'étaient pointé à bord pour les
dessins de Silvestri (lol), ceux qui sont resté bloqués sur l'ère Greg Pak et ceux qui ont trouvé que le premier arc trainait un peu
trop en longueur, beaucoup sont passé à côté des qualités de
cette période très spécifique de la vie du géant vert. Avec le
#15 Aaron quitte le navire laissant sa place à Mark
Waid, et si certains épisodes de son passage sur le titre manquaient
de peps, cette conclusion est indubitablement la meilleure que
l'auteur barbu aurait pu nous offrir.
En 15 épisodes on a vu
Hulk affronter et tuer Banner, Banner devenir la malédiction de Hulk
et enfin les deux réaliser qu'ils avaient besoin l'un de l'autre. Si
certains raccourcis ont été employés en cours de route, la
cohérence du récit est telle qu'il est impossible de reprocher à
Aaron de ne pas avoir su où il allait d'entrer de jeu. Ce dernier
arc intitulé United pose ainsi les fondations de ce que Hulk va être
dans les pages du Indestructible Hulk de Mark Waid. Une force de la
nature qui embrasse ce qu'elle est et qui a à sa disposition un des
intellects les plus ingénieux de la planète. En même temps qu'il
met un terme à toutes les intrigues qu'il a lancé, le scénariste
offre un récit haletant tout en action, en souvenirs dérangeants,
en humour et en classe.
Côté action, on suit une bataille
acharnée sur deux fronts. Pendant que Hulk se tape une fricassée
d'animaux boostés aux rayons gamma, on explore l'esprit dérangé de
Banner en plein affrontement avec une sorte de télépathe tordu. Si
le tout est facile, il n'en est pas pour autant convenu. Encore moins
ennuyeux. Le tout atteint son apogée au bout de 15 pages avec une
narration remarquable qui nous offre le spectacle d'un tandem plus
que jamais en harmonie avec le corps qu'il partage.
Si
l'humour dont Aaron a teinté son récit d'un bout à l'autre de son
run pesait parfois trop sur l'histoire, il est ici
parfaitement dosé et fait sourire sans pour autant gâcher
l'intensité de l'épisode. La dernière scène joue sur cet humour
pas forcément fin mais agréable que Aaron a parfois du mal à
jauger mais qui ici offre une sensation d'aboutissement au moyen
d'une dernière page simple et belle. Et cette beauté, on la doit à Jefte Palo.
Jefte Palo, dernier dessinateur dans le défilé
incessant d'artistes ayant suivi Marc Silvestri, rempli son rôle à
merveille. S'il avait dessiné le run dans on ensemble, peut-être
alors la série aurait-elle reçu un meilleur accueil. Le trait de
l'artiste espagnol est parfait pour tout récit mêlant humour et
action décomplexée. Emotions, violence et légèreté se marient à
merveille sous le crayon de Palo qui permet au script de Aaron de
prendre vie certainement comme l'auteur l'avait imaginé.
Avec
la Dream Team Waid/Yu annoncée, les ventes de Indestructible Hulk
vont probablement exploser celles de ce dernier volume de The
Incredible Hulk. Malgré tout, ce run des plus atypiques a parfois
été aussi plaisant à lire que Wolverine and the X-Men du même
Aaron. Ce fut le cas pour ce dernier épisode. Dans son dossier Jeff
a plutôt bien résumé les forces et les travers de l'écriture
Aaron. The Incredible Hulk #15 est un exemple de ces forces.