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The Wanderer's Treasures #39, Riven

The Wanderer's Treasures #39, Riven

chronique

Bienvenue dans la nouvelle édition de The Wanderer’s Treasures. Au programme cette semaine un voyage en Roumanie, un Varcolac, des secrets de famille, des meurtres et même des fantômes. Tout ça dans Riven, graphic novel par Bo Hampton (The Legend Of Sleepy Hollow) et Robert Tinnell (The Wicked West) publié chez Dark Horse ce mois ci.

L’horreur est un genre plutôt répandu dans les comics. Mais la plupart du temps elle se mêle à d’autres genres, à commencer par l’action. En effet, dans bon nombre de récits de ce type, le héros a pour mission d’affronter la menace arme au poing. C’est le cas, pour ne citer qu’eux, d’Hellboy, du Goon ou même du sheriff dans 30 Days Of Night si on veut remonter un peu plus loin. Le cas d’un récit de pure horreur comme Riven, avec des protagonistes on ne peut plus ordinaires confrontés à une menace surnaturelle est donc en soi une première originalité. Mais ce n’est sûrement pas la seule raison de s’intéresser à cette merveilleuse histoire de lycanthropie.

Riven Wanderer's Treasures Comicsblog critique

Tout commence en 1994 en Roumanie, quand un couple d’Américains, les Harrington, se rendent dans un orphelinat pour adopter une petite fille nommée Katya. La procédure est un peu louche, et les responsables de l’orphelinat se comportent de manière suspecte mais peu importe. Les Harrington repartent avec l’enfant. Et ne savent rien du dortoir maculé de sang qu’on leur a caché.

Dix ans plus tard, dans le Vermont, Katya est devenue Katy, adolescente heureuse nourrie à la tarte aux pommes made in USA. Enfin, heureuse au détail près qu’elle vient de connaître ce petit inconvénient intime qui marque pour une jeune fille le passage à l’âge adulte. Heureusement sa meilleure amie, Meg, est là pour la soutenir et surtout la raccompagner chez elle. Seulement en chemin, en traversant un pont, Katy a une étrange vision. Du sang, une forêt… Elle recule… Et Meg doit l’agripper pour empêcher un camion de la renverser. Mais Katy tombe dans la rivière et se cogne la tête, sombrant dans un profond coma.

Cinq ans encore plus tard, suite à un changement de chambre inopiné, les rayons de la lune caressent sa peau. Et elle se réveille. L’histoire peut commencer.

Ce qui suivra est un récit remarquable à de nombreux égards. Déjà l’intrigue est magnifiquement construite. A la lecture des paragraphes précédents, vous avez sûrement formulé des hypothèses à propos de la suite des évènements. Oubliez-les, elles sont à n’en pas douter fausses. Bo Hampton et Robert Tinnell font preuve d’une maîtrise exceptionnelle pour jouer avec les attentes du lecteur tout au long de l’histoire. Les rebondissements, révélations et retournements de situations sont très nombreux et savent surprendre à chaque fois, sans jamais être tirés par les cheveux ou gratuits. Au contraire ils sont toujours très bien amenés et relancent judicieusement l’intérêt de l’histoire à chaque fois. Les deux auteurs savent aussi très adroitement utiliser les codes des histoires de loup-garou.

Riven Wanderer's Treasures Comicsblog critique 

Ainsi, après son réveil, Katy est régulièrement victime de visions. Des images violentes, qu’elle ne comprend pas, mais qui semblent si réelles. Tous les 29 jours. Toujours vers les mêmes heures, dans la journée. Comme si ça ne suffisait pas d’avoir cinq ans de sa vie à rattraper. Cinq ans pendants lesquels la petite fille aurait dû devenir jeune femme. Mais là encore, Meg est là pour la soutenir, lui faire rattraper le temps perdu. Et elle n’est pas seule. Trey, un jeune homme avec qui Katy a fait connaissance pendant sa rééducation à l’hôpital suite à sa sortie du coma, entend bien être présent lui aussi.

On touche là du doigt l’autre atout de Riven, à savoir sa galerie de personnages tous plus intéressants et réussis les uns que les autres. Tous les protagonistes, à commencer par les trois héros susmentionnés sont profondément humains et fouillés. Katy en est peut être le plus bel exemple, troublée tant par les visions qui la poursuivent que par les changements de son corps. Ces sensations jusque là inconnues qui l’envahissent. La métaphore est évidente, et a soyons juste déjà été utilisée. Mais rarement avec une telle finesse, une telle justesse. Et il est tout aussi fascinant de la voir essayer de se construire une vie, commettre des erreurs, se chercher, que de la voir lutter contre son étrange affliction.

Meg est aussi particulièrement attachante, amie dévouée mais pas parfaite. Les petits accrochages sont là, mais aussi une véritable tendresse. Comme en vrai. L’horreur en plus. Trey enfin est plus que le sympathique benêt pour lequel on le prend de prime abord. Jeune homme au lourd passé d’alcoolique, il ne tombe pas non plus dans la catégorie clichée du bad boy torturé ni du bellâtre amoureux. Les personnages secondaires sont eux aussi superbement écrits, à commencer par les parents de Katy. Protecteurs, faillibles, parfois maladroits mais aussi déterminés et intéressants. Et certains protagonistes cachent de sacré secrets, comme Gregor Dominic, le cousin roumain de Katy, ou Ilsa, la grand-mère de celle-ci. Ceux-ci n’interviennent qu’au deux tiers du récit, et seront la clé de son dénouement en révélant les secrets de la famille de l’héroïne. Même des intervenants plus anecdotiques, tels que le docteur chargé de suivre Katy, s’avèrent bien écrits et ont leur rôle à jouer.

Riven Wanderer's Treasures Comicsblog critique 

Enfin comment ne pas parler de l’horreur proprement dite, des boucheries dont le Varcolac (loup-garou en roumain) se rend coupable. Ces séquences sont réalisées avec un goût certain, ne tombant jamais dans le gore gratuit ni le mauvais goût. Au contraire elles viennent nous rappeler que Riven est bel et bien un récit d’épouvante en faisant monter la tension, en rendant nerveux. Et le dénouement de l’histoire est un modèle du genre, faisant se heurter de plein fouet réalité et occulte. Et si l’action ne manque pas, il est à souligner qu’aucun protagoniste ne se transforme soudain en Rambo destructeur de monstre. Ils gardent au contraire une vulnérabilité bienvenue.

Le dessin enfin, assuré intégralement par Bo Hampton (jusqu’aux couleurs) est superbe et sert parfaitement le récit. Le trait comme le rendu final évoquent le Francesco Francavilla des grands jours. Il y a ce côté faussement naïf, un peu retro. Il y a ces couleurs au rendu aquarelle toujours judicieusement choisies et créant toujours l’atmosphère idéale pour chaque scène. Et il y a surtout ces noirs très compacts mais réalistes, ces ombres parfaitement gérées, idéalement placées. Un story-telling impeccable, avec des pages denses mais jamais surchargées, complètent ce tableau idyllique. Les personnages sont tous réussis, et s’avèrent extrêmement expressifs, d’où le qualificatif de « faussement naïf » du trait. On appréciera notamment quelques détails subtils tels que la transformation de Katy quand elle veut devenir plus femme. Et le design du Varcolac est classique mais impeccable. Enfin un loup-garou qui n’a pas l’air d’un extra de La Planète Des Singes !

Riven est donc le récit d’horreur parfait. Le scénario est remarquablement complexe et réserve son lot de surprises et rebondissements savamment distillés. La tension est présente de bout en bout, et le rythme de la narration s’avère idéal, sachant judicieusement faire monter et retomber celle-ci. Les personnages sont remarquables, et on se passionne autant pour leur quotidien que pour la dimension surnaturelle de l’intrigue. A commencer par l’héroïne, Katy. Enfin l’ensemble est servi par un dessin élégant et parfaitement adapté à l’histoire. Alors n’hésitez pas et découvrez Riven. Faites juste attention à la lune…

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Jeffzewanderer
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