John Carter aura attendu 100 ans avant de fréquenter les salles obscures. Premier personnage de fiction à poser les pieds sur une autre planète, John Carter et ses aventures ont été une source d'inspiration pour de nombreux auteurs de science-fiction tous médias confondus à travers le siècle dernier, George Lucas en tête. En soi, retrouver les studios Disney à la production n'avait pas de quoi rassurer. Qui ici peut prétendre ne pas avoir été déçu d'une façon ou une autre par le Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton ? Ceci étant dit, avoir un spécialiste de l'animation à la réalisation est un pari qui a bien marché pour Mission impossible : Protocole Fantôme. Pourquoi pas ici ? A cinq jours de la sortie, voilà de quoi commencer à se forger un avis.
Au-delà de l'aspect visuel tout
à fait époustouflant, ce qui saute aux yeux dans ce film est le
mélange des genres. A l'image d'un Cowboys & Envahisseurs, John
Carter mêle western et science-fiction, mais pas que. Ainsi, les
premières minutes posent le ton au moyen d'une bataille navale
aérienne (tout un concept) qui appelle à l'imagerie des films de
pirates. L'humour, omniprésent dans le film, tire de nombreuses
ficelles dont celle de la barrière de la langue qui n'est pas sans
rappeler les meilleurs moments de Lost in Translation. Cet humour
apporte au film une légèreté qui vient équilibrer avec justesse
les enjeux dramatiques de l'histoire. Seulement, si ces passages
plairont sans conteste aux plus jeunes, ces derniers risquent de
passer à côté du gros de l'histoire. L'intrigue dans laquelle se
mêlent conspirationnisme, écologie et politique entre autres thèmes
ne cède pas à la tentation de la simplicité. Ainsi Disney a choisi
de ne pas brider Andrew Stanton (Le Monde de Nemo, Wall-E) et nous
livre un film qui plaira peut-être plus aux plus grands qu'à leurs
enfants.
Côté casting, Taylor Kitsch a beau avoir une belle
gueule, il n'est pas vraiment un exemple de charisme. Ceux qui se
souviennent de son interprétation de Gambit savent de quoi je parle.
Ceci dit, l'acteur s'avère être parfait pour le rôle. John Carter
n'est pas un génie. Il est un cowboy qui a fait la guerre et qui
porte un certain nombre de valeurs qu'il défend à coups de poing,
de revolver ou d'épée. Kitsch est décontracté et ballot quand il
le faut, sérieux quand la situation l'impose. Une interprétation
juste que sa partenaire à l'écran, Lynn Collins, n'est
malheureusement pas en mesure d'égaler. Au mieux l'actrice indiffère.
Au pire elle exaspère. Les fans de Breaking Bad retrouveront Brian
Cranston qui a pris la fâcheuse habitude de squatter Hollywood en
multipliant les petites apparitions dans divers films. Il retouche
ici au registre comique qui l'a rendu célèbre dans la série Malcom. Un petit mot sur la 3D qui, parfaitement inutile en soi, est
propre et ne gâche pas le film comme elle sait souvent le faire.
Ceux que le port de lunettes inutile insupporte gagneront à chercher
une salle diffusant le long-métrage de 2h20 à plat (ça existe
toujours ?).
John
Carter aura du attendre bien plus longtemps que l'autre bébé de
Edgar Rice Burroughs pour s'animer sur nos écrans. Cependant, cette
adaptation juste a clairement le potentiel de faire du cowboy une
icône aussi connue que Tarzan. Humour, western, science-fiction,
action décomplexée, portée environnementale et politique... le
scénario a beaucoup à offrir et la réalisation lui rend justice.
Les paysages et le bestiaire font rêver. Les scènes de batailles
sont énormes sans pour autant noyer le spectateur. Ce premier volet
des aventures de John Carter ne brille certes pas par son originalité
folle, mais bel et bien par le brio de sa réalisation.