Entre bien des motifs, on en apprend plus aujourd'hui sur le changement d'écurie d'un des poids lourds de Marvel, Brian Michael Bendis. Ce qui va suivre sera à prendre au conditionnel, et relève d'informations listées par Bleeding Cool sur ce qui constitue sans nul doute l'une des annonces coup de poing de cette année dans la modeste industrie des comics de super-héros.
Bendis aura en effet décidé de plier bagages pour toute une batterie de raisons : l'usure, un peu de fatigue, une amertume vis a vis de son coup manqué au cinéma, et assez de rancœur envers les décisions récentes de Marvel et de son relaunch Legacy. Dans le détail, voilà ce qu'il en est.
Depuis quelques années, le bon Brian opérait à un rythme effréné (quatre à six séries par mois sur ses pics de productivité, la qualité s'en ressentait forcément). Après Civil War II, l'auteur aura pris ses distances avec Secret Empire, et fait le minimum pour rester pertinent avec la cohérence d'ensemble des retombées. Le sentiment de tourner en rond, principale motivation de son départ, était palpable au sein des lecteurs et observateurs de l'industrie.
En allant plus loin, Bendis aurait été emporté par le litige opposant Kevin Feige à Ike Perlmutter. En 2008, le scénariste avait collaboré avec Jon Favreau à un story group où opérait aussi Mark Millar, jusqu'à écrire la scène post-générique où Nick Fury se révélait en collaboration avec son compagnon écossais. Comme lui, d'autres idées nées de ses séries ont été depuis adaptées l'écran (jusqu'à récemment avec Spider-Man : Homecoming qui reprend beaucoup de la série Ultimate).
Son avenir au sein des studios aura malgré tout été soufflé quand la branche cinéma a coupé les ponts avec
Perlmutter, éminence grise des publications et de
Marvel Televisions.
Bendis aurait été écarté des plateaux, chassé par la vague d'indépendance des films de
Feige,
qui ne répondent plus aujourd'hui qu'aux grands décideurs de Disney.
Enfin, dernière raison et peut-être la plus intéressante : après le sommet des auteurs Marvel, généralement organisé en amont de la New York Comic Con, Bendis aurait eu un désaccord avec le vice-président des ventes David Gabriel sur la question de la diversité. Ce-dernier aurait ouvertement déclaré que la représentativité sociale ne faisait pas vendre plus de numéros, et que le retour aux personnages classiques s'imposait par simple logique financière.
Le père de Miles Morales et Riri Williams serait farouchement opposé à cette conception du marché, en plus d'avoir perdu une bataille sur le titre de son héros arachnéen. Si Bendis voulait nommer la série "Miles Morales : Spider-Man", les pontes de l'éditeur auraient raccourci l'appellation à un simple "Spider-Man", plus vendeuse, et pari malhonnête de la société pour écouler plus de single issues. Ce qui aura été le coup de grâce, et une occasion pour Geoff Johns de proposer un poste à l'auteur, en plus d'une place au sein du panel DC Films à laquelle Bendis ne pouvait pas dire non.
Ces informations, à relativiser, donnent quelques éclairages sur un événement d'importance au sein des Big Two. Bendis aura fait beaucoup pour Marvel, voire pour Marvel Studios et Marvel Televisions (quoi qu'on puisse largement préférer les versions BD de ses oeuvres), et retrouver le scénariste aux côtés de Johns dans un DC Comics en grande forme pourrait mettre du plomb dans l'aile à la Maison des Idées, pas forcément aidée par Marvel Legacy.
