L'année 2017 célèbre les 100 ans de la naissance de Jack Kirby, le King des comics, et DC Comics en a profité pour proposer des formes différentes d'hommage à la carrière et aux apports de l'auteur et dessinateur chez l'éditeur à deux lettres. Le 4th World constitue une part énorme de la mythologie DC et si son exploitation n'est pas au mieux de son potentiel ces dernières années - se limitant généralement à ramener Darkseid en "big bad" du DC Universe, la donne pourrait changer à partir de cet été. Avec une nouvelle maxi-série Mister Miracle à venir dès la semaine prochaine, et le premier de six one-shots voués à faire honneur au 4th World, qui se concentre ici sur les New Gods et plus particulièrement Orion.
On ne va pas vous refaire tout le topo sur ce personnage Ô combien torturé par sa condition de fils de Darkseid, et la première histoire, écrite et illustrée par Shane Davis, en fera un bref rappel histoire de ne pas perdre les nouveaux lecteurs. Mais il est clair que la structure d'un one-shot est largement insuffisante pour aborder la richesse de la mythologie du Quatrième Monde, et Davis choisit à juste titre de se limiter à un conflit fraternel. Ce n'est pas pour autant que certaines idées et concepts ne seront pas abordés tout du long, mais il est certain qu'il faudra aller se (re-)tourner vers l'oeuvre de Kirby pour s'immerger complètement dans cet univers. Quoi qu'il en soit, on retrouvera, même si c'est bref, avec plaisir le HighFather, Light Ray ou même Forager qui a, par ailleurs, droit à sa mini-série en ce moment du côté du label DC's Young Animal. Les fans apprécieront alors que les néophytes seront certainement piqués de curiosité.
Le conflit mentionné auparavant oppose donc Orion à son frère Kalibak, général des armées de Darkseid, qui menace la trêve entre New Genesis et Apokolips en faisant des siennes pour obtenir la reconnaissance de son père. L'histoire suit donc un déroulé assez simple même si Davis en profite pour mettre en avant la dualité d'Orion de par ses origines, et l'enseignement que lui a apporté HighFather, bien que le message final passe par une certaine naïveté. Non pas que ce soit mal d'apporter un message simple, ou que ça aille à l'encontre des personnages présentés d'ailleurs, mais il serait grand temps que DC pense à réellement remettre en avant le Quatrième Monde, au-delà de ces procédés éditoriaux anniversaire, qui font plaisir aux nostalgiques fans de l'oeuvre originale, tout en restant assez frustrant parce qu'ils en voudront plus.
Le même constat s'applique, de façon exacerbée au back-up de Walter Simonson. Si on retrouve avec plaisir le dessinateur du titre Orion du début des années 2000, la forme et le contenu n'apporte pas grand chose à l'univers. Le personnage fait un très rapide team-up avec Seagrin dans les contrées marines d'Apokolips - que Walter Simonson avait imaginées dans son ongoing précédemment citée. Et c'est à peu près tout. On notera un reprint également d'une ancienne histoire de Kirby qui propose aussi une rencontre d'Orion avec l'un des personnages obscurs créés parmi les New Gods. L'intention sera louable mais tout l'ensemble, du coup, paraît un poil disparate et avec un léger manque de consistance.
Il paraît logique qu'un simple one-shot ne pourra pas, au vu de ses limitations, apporter tout ce que l'on attend du 4th World, mais ce numéro n'est pas à délaisser, et notamment par sa partie graphique très solide. Shane Davis, que l'on n'a pas vu chez l'éditeur depuis Superman : Earth One (et une courte histoire de Legends of the Dark Knight), se fait clairement plaisir sur les planches qu'il propose. Le trait est non seulement beau, le design des personnages respecte ce qu'avait imaginé Kirby tout en proposant une allure moderne et impressionnante lorsqu'il le faut. La violence des combats et surtout de très bonnes idées de découpage rendent la lecture très agréable et offre même quelques moments qui accrochent vraiment, ce qu'on peut retrouver dans une scène d'action particulièrement musclée. A côté, Simonson n'est pas non plus en reste et on pourrait presque dire que son histoire lui sert surtout à se faire plaisir en dessinant les eaux d'Apokolips et les créatures qui le peuplent. Une chouette façon de se rincer l'oeil qui permet de contrebalancer la semi-déception des histoires.
En toute honnêteté, l'initiative de faire revivre le 4th World par le biais de one-shots peut sembler risquée surtout sur le contenu qualitatif. S'il est impossible de faire revivre les New Gods dans leur intégrale richesse en seulement deux histoires, Shane Davis et Walter Simonson s'en tirent assez bien et surtout par leurs planches qui feront passer un instant de lecture vraiment agréable. Certainement pas le must-read estival chez DC, mais pour les fans hardcore de cet univers, ou les lecteurs avides de comics, ce numéro fait office de belle curiosité.
