Home Brèves News Reviews Previews Dossiers Podcasts Interviews WebTV chroniques
ConnexionInscription
Shinku #1, la review

Shinku #1, la review

ReviewImage
On a aimé
On a moins aimé
Notre note

Ron Marz (Green Lantern, Witchblade) est un auteur qui a une actualité chargée. On a récemment appris son futur départ de la série Witchblade, et sa participation au « rebaunch » DC. Au milieu de tout cela le lancement de Shinku, son nouveau projet chez Image, est passé complètement inaperçu. Et c’est dommage, car si elle ne révolutionne pas les choses, cette série dessinée par Lee Moder (Painkiller Jane, Red Sonja) s’avère fort sympathique.

L’intrigue se passe au Japon (à Tokyo pour être précis) et met en scène l’héroïne éponyme, une chasseuse de vampires qui est de surcroît la dernière descendante de son clan. Dis comme ça, on a l’impression d’être face à du Blade, où Wesley Snipes a été remplacé par une japonaise. Et force est de reconnaître que cette impression n’est pas tout à fait fausse. C’est en cela que Shinku ne révolutionne rien. Le début de la série est d’un classicisme absolu. Du méchant vampire qui tire les ficelles dans l’ombre (le seigneur Asano) au fidèle allié de l’héroïne qui l’assiste dans sa mission (Oshima), aucun poncif n’est évité. On a même droit au personnage « porte d’entrée », c'est-à-dire le personnage apparemment sans lien avec l’univers surnaturel de la série qui s’y retrouve mêlé par hasard et permet ainsi au lecteur de découvrir l’univers en question à travers son regard. Il s’appelle Davis Quinn et est un américain en voyage d’affaire, gentil mais un peu loser, une sorte de Peter Parker. Bref, jusque là, on est face à du vu et revu. Mais alors, qu’est ce qui confère son intérêt à cette série ?

Déjà, le fait qu’elle se passe au Japon justement. Certes, Tokyo n’est pas (encore ?) exploitée pour les décors, mais Marz à tout de même la bonne idée de lier l’histoire des vampires à celle du pays, allant même jusqu’à faire référence au clan Yagyu (qui a réellement existé et joué un rôle majeur dans l’histoire nippone). Quand on connaît la fascination du scénariste pour le pays du soleil levant (il a déjà écrit les deux mini-séries Samurai : Heaven And Earth chez Dark Horse il y a quelques années), on se dit qu’il y a là quelque chose d’intéressant qu’il exploitera peut-être par la suite. D’autant plus qu’il établit, dans une courte postface à la fin du numéro, un parallèle entre les samurais et les vampires dont on espère qu’il saura tirer partie. Mais ce qui fait qu’on se montrera indulgent face au manque flagrant d’originalité de Shinku, c’est surtout la qualité globale de l’écriture. Tout est bien fait. Le rythme est bon, avec des rebondissements à propos. Les dialogues sont efficaces et naturels. Et pour convenus qu’ils soient, l’intrigue et l’univers sont assez attrayants pour qu’on ait envie de s’y intéresser.

Enfin on notera qu’avec Shinku, Ron Marz continue sa petite campagne de « fuck you » subtils aux codes du politiquement correct dans les comics. Après avoir placé des scènes de sexe dans Witchblade et Angelus (avec bon goût et pas seulement pour faire du fan service racoleur, d’où la subtilité), l’auteur n’hésite pas à laisser son artiste montrer des poitrines féminines dénudées sans cheveux opportunément placés pour la censure. Certes ça fait plus gratuit que les scènes évoquées précédemment, mais ce pied de nez aux codes de l’industrie pourra quand même faire sourire. Et ça ne transforme pas non plus Shinku en porno soft qui ne s’assume pas.

 

Les dessins de Lee Moder sont aussi pour beaucoup dans la qualité de ce numéro. Son trait est d’une propreté remarquable (l’encrage digital de Matthew Waite y est sûrement un peu pour quelque chose), et a un côté un peu européen. Cette impression vient essentiellement des visages des personnages, à l’aspect mi-stylisé mi-réaliste qu’on retrouve dans nombre de productions franco-belges (chez l’éditeur Soleil par exemple). Les mises en page et plus globalement le storytelling sont par contre 100% comics, et très réussis. On retiendra plus particulièrement les deux pages sur l’arrivée de Shinku, très cinématographique, et les deux doubles pages de flashback aux allures de fresques. Enfin les designs des personnages sont aussi très bons, notamment celui de l’héroïne dont la combinaison de moto est une bonne alternative au costume de super héros classique. Les magnifiques couleurs de Michael Atiyeh (Knight Errant), aux allures d’aquarelles mais aux teintes plus vives, achèvent de sublimer l’ensemble.

Shinku s’avère donc être a priori une sympathique histoire de chasseuse de vampires. L’écriture de Ron Marz est efficace et les dessins de Lee Moder vraiment excellents. Il faut cependant reconnaître que tout cela est pour l’instant trop classique. Si Marz réussit à tirer le plein potentiel de tous les éléments qu’il utilise, on devrait se retrouver face à une série de qualité. Sinon, Shinku ne sera qu’une énième histoire de vampires, pas franchement mauvaise mais dispensable car déjà vue et revue.

Les plus : Bien écrit

                 Lee Moder très en forme

                 Le fait que l’intrigue se passe au Japon

Les moins : Très convenu

Notes

Scénario : 3/5

Dessin : 4/5

Globale : 3,5/5

Jeffzewanderer
à lire également
Commentaires (1)
Vous devez être connecté pour participer