
Un feuilleton qui s'installe dans la durée, et qui risque bien d'occuper l'actualité pour encore un bon moment. La perspective de voir le groupe Warner Bros. Discovery vendu au plus offrant, en accord avec les désirs du président David Zaslav et des actionnaires de cette superstructure, pose de sérieuses questions sur le nouvel équilibre des forces en présence dans le grand chaos qu'est devenu Hollywood, au détour des géants de la tech' et des quelques rares studios traditionnels encore debout. Dans l'idée de prendre l'avantage, Netflix serait finalement intéressé pour entrer dans cette curieuse vente aux enchères. Récemment, les portes-paroles de ce géant du streaming avaient pourtant écarté l'idée, dans la foulée des premières rumeurs.
Pour contexte, au moment des premières informations autour du rachat potentiel de Warner Bros. Discovery, le site Puck avait évoqué une rencontre entre David Zaslav et Ted Sarandos lors d'un combat de boxe diffusé sur la plateforme le mois dernier. Dans la foulée, le coprésident de Netflix, Greg Peters, avait expliqué que l'entreprise n'était pas forcément intéressée pour entrer dans cette mécanique des fusions et acquisitions (en prenant justement l'exemple du cas de Warner Bros., ballotée entre AT&T et Discovery Inc. sur un space de moins de dix ans, pour attester de l'inefficacité de la démarche).
En somme, faute d'autres postulants, les principaux candidats étaient encore les membres du clan Ellison, avec leur entreprise Paramount Skydance. Cette perspective n'enchanterait pas David Zaslav, cependant. Bonne nouvelle (pour lui, et c'est toujours ça de pris), Netflix serait finalement en poste pour... s'offrir Warner Bros. Discovery. Un curieux retournement de situation a effectivement eu lieu cette semaine, avec la parution d'un article sur le site Reuters pour préciser que, en définitive, le géant du streaming aurait engagé un cabinet spécialisé (au sein de la banque d'investissement Moelis & Co., qui s'était déjà chargée... de commander la fusion entre Paramount et Skydance, le monde de l'argent est décidément tout petit) pour étudier la possibilité de cette transaction.
Actuellement, le groupe aurait donc commandé une étude pour évaluer la somme nécessaire, dans l'idée de formuler une offre. Reuters vante deux sources proches du dossier, mais pour l'heure, les équipes de Netflix n'ont pas souhaité répondre aux questions des journalistes. En somme, deux candidats sont donc entrés dans la bataille. Si la plateforme devait se positionner sur une propositions officielle, Paramount Skudance aurait encore la possibilité de surenchérir... comme lors du rachat de la 20th Century Fox, alors tiraillée entre Disney et Comcast. Rien n'est encore joué.
Sur le papier, il est inutile de préciser les conséquences d'une telle fusion pour l'avenir du cinéma aux Etats-Unis (ou simplement, dans le monde entier) compte tenu de la politique de Netflix vis-à-vis des salles traditionnelles. Même si le géant a considérablement revu sa politique de ce point de vue (et pourrait profiter de l'expertise de Warner Bros. Discovery en la matière, éventuellement...), le groupe obtenu après le rapprochement des deux entités deviendrait mécaniquement le plus puissant dans ce microcosme de l'audiovisuel moderne, avec un penchant naturel pour le streaming au détriment de l'exploitation classique.
Il est encore un peu trop tôt pour formuler ce constat, ceci étant. Une chose est sûre : le rachat de WBD n'est plus une théorie ou une éventualité. On imagine qu'une signature pourrait avoir lieu dans l'année... ou d'ici le premier semestre de l'an prochain, en fonction des négociations, avec l'une ou l'autre des parties intéressées.