Acteur prolifique, grand nom du cinéma international, l'acteur Terence Stamp s'est éteint ce weekend. L'homme était âgé de quatre-vingt sept ans. Au terme d'une longue carrière éparpillée sur plus de soixante années, entre les plateaux de tournage, les planches et les studios de doublage, le comédien britannique a pu être aperçu dans une belle quantité de productions de grande ampleur : les films Priscilla, Folle du Désert de Stephan Elliott et L'Anglais de Steven Soderbergh, le Wall Street d'Oliver Stone, Star Wars : La Menace Fantôme de George Lucas ou encore Last Night in Soho d'Edgar Wright plus récemment. Pour l'industrie des adaptations de comics, Terence Stamp était aussi le Général Zod dans les deux premiers films Superman de Richard Donner et Richard Lester. Il vient donc rejoindre Gene Hackman, quelques mois après le départ de cet autre géant. Et pour des rôles moins importants, il était aussi apparu dans la version cinéma du comics Wanted et le sinistre film Elektra pour camper le rôle de Stick, mentor aveugle de l'héroïne.
Né en 1938 dans la banlieue de Londres, Terence Stamp découvre le cinéma dès l'enfance, en assistant à une projection du film Beau Geste de William Wellman pour ses trois ans. Grand fan de Gary Cooper et de James Dean, le jeune homme décide alors de poursuivre une vocation de comédien une fois sorti de l'adolescence, en obtenant ses galons d'acteur confirmé lors d'un cursus spécialisé (au sein de la Webber Douglas Academy of Dramatic Art). S'en suit un début de parcours sur les planches, aux côtés du grand Michael Caine (The Dark Knight), puis de Peter O'Toole (Lawrence d'Arabie). En 1962, Stamp se professionnalise dans le cinéma en apparaissant pour la toute première fois dans un long-métrage de Peter Ustinov, Billy Budd, adaptation d'un roman de l'auteur Herman Melville.
Sa carrière lancée, le comédien enchaîne les prestations dans les années soixante, aux côtés de Pasolini (Teorema), Ken Loach (Poor Cow) et John Schlesinger (Far From the Madding Crowd). Pendant un temps, celui-ci sera même considéré pour reprendre le rôle de James Bond suite au départ de l'acteur Sean Connery. Salué par la critique pour ses performances impeccables, Stamp finira par être embauché pour interpréter le personnage du Général Zod (ou Dru-Zod dans le canon) dans le premier film Superman de Richard Donner. Une prestation qui aurait pu l'amener à camper le vilain principal de ce projet dans une première version du scénario, finalement intervertie pour laisser plus de place au Lex Luthor de Gene Hackman. Le comédien sera de retour pour la suite de l'aventure avec Superman 2, un film repris en main par Richard Lester suite au départ de Donner (qui abandonnera le projet après un conflit avec les producteurs de la franchise). Ce rôle marquera profondément l'image de Terence Stamp au sein du grand public, sa prestation dans le rôle du General Zod étant souvent considérée comme l'un des premiers exemples de super-méchant réussi dans une adaptation de comics.
En définitive, Stamp n'abandonnera jamais réellement cette proximité avec le héros de Krypton : en 1988, l'acteur participera au feuilleton radio de la BBC, The Trial of Superman, pour l'hommage mémoriel, avant d'accepter le rôle de Jor-El, beaucoup plus tard, dans la série Smallville d'Alfred Gough et Miles Millar sur le réseau WB/CW. Une sorte de retour d'ascenseur tardif, mais remarqué, dans la mesure où le comédien sera tout de même apparu dans plus d'une vingtaine d'épisodes de cette production sérielle. Aux côtés d'un autre Millar, d'ailleurs, Terence Stamp participera également au film Wanted, adaptation du comics de Mark Millar et J.G. Jones réalisée par Timur Berkmambetov, aux côtés de James McAvoy, Angelina Jolie, Chris Pratt et Morgan Freeman. Et pour boucler ce tour d'horizon des prestations séquentielles : oui, l'homme a aussi incarné Stick dans le film Elektra de Rob Bowman, un excellent choix de comédien dans une production calamiteuse, l'exemple parfait d'une bonne idée venue se perdre dans la pire des configurations.
Salué de plusieurs prix et de plusieurs sélections aux cérémonies pour sa longue liste de performances, Terence Stamp ne se sera jamais rien interdit, en poursuivant les collaborations avec de grands metteurs en scène jusqu'au bout (Edgar Wright, Tim Burton, avant la chute), alternant avec des comédies grand public ou des productions du cinéma bis pour occuper le reste de ses dernières années, voire même en s'invitant de temps à autres dans les rangs de l'industrie du jeu vidéo pour des rôles de doublage (Halo 3, The Elder Scrolls 4 : Oblivion). Passé par plusieurs chefs d'oeuvre de l'histoire du cinéma, par quelques grosses franchises populaires comme Superman et Star Wars et par toutes les formes d'art dramatique disponibles de son vivant, le bonhomme laisse derrière lui une filmographie conséquente, des choix intéressants, une fidélité de long-terme vis-à-vis de certaines de ses prestations les plus importantes, et surtout, pour nous autres, une réplique culte : pour la toute dernière fois, Kneel Before Zod.