Aux nostalgiques des créations originales de Donny Cates : vous avez été entendus. Fort heureusement, le scénariste de God Country et The One You Feed n'a pas le monopole des épées qui font la taille d'un humain normalement constitué. D'autres obsessionnels ont repris le flambeau, et notamment le dessinateur Andreas Butzbach. En l'occurrence, celui-ci n'a pas besoin eu besoin d'aller chercher trop loin : grand fan de l'oeuvre du regretté Kentaro Miura, l'artiste s'est donné pour consigne de réaliser une création originale avec un ustensile capable d'égaliser les dimensions de la légendaire Dragon Slayer. Et ça se remarque dans le titre de son album, Big-Ass Sword, attendu pour cet automne chez Rebellion (2000AD).
Pour être plus précis, si Butzbach revendique la comparaison avec Miura, un autre nom propre apparaît forcément dès lors que l'on se penche sur les premières planches du roman graphique. Manifestement inspiré par l'esthétique minimaliste et suggestive du grand Mike Mignola, le dessinateur allemand cite évidemment cet autre géant du dessin dans la liste de ses inspirations. Entre autres choses. Il parle aussi de Katsuhiro Otomo, Frank Miller, Simon Bisley, Jamie Hewlett ou encore Eduardo Risso. Bref, du bon. Vous avez les mêmes goûts que le bonhomme, c'est fou non ?
Selon le créateur, Big-Ass Sword était au départ un simple projet passe-temps pour occuper le quotidien morose et répétitif du confinement pendant la pandémie de COVID-19. Plutôt habitué au travail en numérique, Andreas Butzbach s'était alors donné pour objectif de profiter de cette apocalypse sanitaire pour tenter de produire un album complet en revenant vers les méthodes traditionnelles, analogiques, avec un crayon, une plume, une règle, comme au bon vieux temps. L'artiste plaisante en expliquant que le projet a failli s'appeler "Bouffe-Temps pour me tenir occupé pendant la Pandémie" avant de bifurquer vers "Big-Ass Sword". Ce qui signifie, en Anglais, "Putain de Grosse Epée". Grosso modo.
Cette approche ironique se ressent dans le résumé de l'intrigue (anormalement minimaliste, et c'est fait exprès, évidemment) ou dans l'entretient accordé par Butzbach à la rédaction du site ComicsBeat. Pour ce qui concerne le synopsis officiel :
"Dans un monde très éloigné de notre réalité, un guerrier robot se promène dans les décombres d'un désert technologique hostile, peuplé d'étranges formes de vie et de créatures mécaniques abandonnées sur place à la suite d'une guerre terminée depuis longtemps. A ses côtés, le robot trimballe un crâne qui parle. Et dans son dos, sommeille la Putain de Grosse Epée."
Et voici comment le dessinateur défend les couleurs du projet :
"Les forêts, les bâtiments et les paysages du monde de Big-Ass Sword abritent de nombreuses créatures. Le technosystème de cet univers est tout aussi diversifié et fragile que le nôtre, plus naturel : on y trouve des créatures minuscules et d'autres plus imposantes. C'est un véritable organisme qui évolue au gré des avancées technologiques de la nature. Tout doit être en équilibre pour fonctionner. Et en l'occurrence, avec un robot armé d'une épée gigantesque pour maintenir l'équilibre. C'est inspiration provient de la réalité, avec des zones, des recoins inédits, dissimulés dans le brouillard de la guerre. Je voulait que cet univers marche comme l'équivalent d'un ordinateur organique.
Autrefois, Robot avait une fonction, mais celle-ci est devenue obsolète. Il en sait plus que nous sur cet univers et son fonctionnement. Il est là depuis longtemps, et tnete de combler le vide d'une existence désormais privée d'un but. Et il est en contact avec une divinité qu'il appelle 'Mother'. Celle-ci semble avoir une influence sur son environnement immédiat. On pourrait la voir comme une manifestation de la nature, et Robot comme l'équilibre."
Pour le reste, Butzbach ironise sur le fait que son génie créatif l'a poussé à nommer son héros "Robot", ce qui reste suffisamment original pour se passer de commentaires. Pour lire entre les lignes, on comprend globalement que derrière cette apparence de projet sorti du chapeau, l'artiste a véritablement eu envie de produire un comics de science-fiction contemplatif, intelligent, comme la rencontre des imaginaires de Métal Hurlant et de Miyazaki, avec cette réflexion sur la matière métallique comprise comme un corps vivant et animé. En définitive, celui-ci sera parvenu à isoler un roman graphique de 96 pages (constellé de petites histoires autonomes) de son passe-temps pandémique. A noter bien sûr que la mise en couleurs a toutefois été réalisée en numérique.
Big-Ass Sword est attendu pour le 4 novembre 2025 chez Rebellion au Royaume-Uni.