Le temps passe, et les équipes de chez Marvel ont l'air de se confronter au même problème à chaque nouvelle itération : comment inventer une version de Spider-Gwen susceptible de résister à l'épreuve du temps ? Depuis quelques années, l'enseigne tâtonne autour de ce personnage (autrefois prometteur). En l'espace de quelques années, Gwen aura eu droit à son équivalent de l'événement Spider-Verse, à sa propre Saga du Clone, à son propre Giant-Size... l'enseigne a même tenté de calquer l'idée d'une tournée musicale (façon Dazzler) sur l'héroïne sans grand succès. Généralement, les aventures de la Spider-Woman se seront résumées à de petites prestations ponctuelles, jusqu'au dernier volume actuellement en cours de publication, par Stephanie Phillips et Paolo Villanelli, un titre curieux avec les dieux d'Asgard et une nouvelle armure arachnéenne.
Cette difficulté à construire une base solide repose globalement sur un problème de fond : au départ, le personnage de Spider-Gwen avait su capter l'attention du lecteur dans son format isolé. Basée sur une réalité lointaine avec sa propre continuité, et la possibilité d'inventer de nouvelles versions ludiques des adversares de Spider-Man, l'héroïne fonctionnait plutôt comme une sorte d'Ultimate Spider-Man. Facile d'accès, associée à cette promesse de nouveauté, dans la bonne période des comics Marvel de la décennie passée. Seulement voilà : pour avoir tout tenté (dans le désordre, maladroitement et sans cohérence de fond), l'enseigne a finalement décidé que le problème venait justement de cet isolement sur une réalité lointaine, déconnectée des problématiques de la Terre-616.
Alors, Gwen a été obligée de se relocaliser sur la Terre-65... où elle n'est plus qu'une Spider-Woman parmi tant d'autres dans une ville déjà surchargée de créatures arachnéennes. Revenir en arrière, vous dites ? Pas du tout. Marvel se cramponne à sa logique de concentration des troupes, et compte visiblement persister dans l'idée de relancer Spider-Gwen encore et encore jusqu'à finir par accoucher accidentellement d'une série de plus de quinze numéros. La preuve : Stephanie Phillips et Paolo Villanelli ont été maintenus à leurs postes, mais le personnage va être relancé pour un énième volume... le quatrième en deux ans.
La Maison des Idées a effectivement annoncé une série All-New Spider-Gwen : The Ghost Spider pour cet été. Vous remarquerez qu'il s'agit de l'exacte même équipe créative, en l'occurrence, contrairement à d'autres remises à zéro de la numérotation justifiées par des changements de dessinateurs (comme Thor ou les Fantastic Four). Alors, qu'est-ce qui permet de justifier ce retour à la base ? Un nouveau costume. Tout simplement.
"Gwen Stacy n'est pas du coin... mais elle va bien rester sur la Terre-616. Alors il est temps de s'installer. Nouveau costume, nouvel appart, celle-ci va même se trouver un nouveau groupe de musique. Malheureusement pour Gwen, de nouvelles menaces sont aussi prévues à l'horizon, à commencer par quelque chose qu'elle a elle-même provoqué. Découvrez les nouvelles aventures de Ghost Spider sur 616, la réalité dans laquelle elle a bien prévu de rester."
Sans vouloir être paranoïaque, vous remarquerez que le synopsis insiste deux fois sur cette idée : non, on ne reviendra pas en arrière, non, plus de Terre-65 ou de liberté de mouvement. Est-ce que l'éditeur responsable de ce petit paragraphe ne commencerait pas un peu à s'agacer d'entendre les fans réclamer le grand retour de cette période où Spider-Gwen était... plus intéressante en tant qu'héroïne solitaire ?
C'est un peu la même chose avec le nom "Ghost Spider", un titre que Marvel tente vainement de pousser (et qui apparaît ou disparaît en fonction des mini-séries...). En l'occurrence, l'incantatoire va même assez loin, dans la mesure où l'enseigne présente cette nouvelle "période" comme l'équivalent de la période Brand New Day pour Gwen Stacy. Et le costume en question est noir plutôt que blanc. Vous savez tout. David Marquez signe la couverture principale, assortie d'une variante de Nogi San.
Sortie prévue pour le 20 août 2025.
