Home Brèves News Reviews Previews Dossiers Podcasts Interviews WebTV chroniques
ConnexionInscription
Comic Con : les directives de Trump sur les frontières mettent en danger les venues d'artistes aux conventions de comics

Comic Con : les directives de Trump sur les frontières mettent en danger les venues d'artistes aux conventions de comics

NewsIndé

Oui, oui, on connaît le refrain : pas de politique dans les comics. C'est pourtant bien la politique qui s'invite d'elle même de façon plus agressive que jamais dans l'industrie de la bande dessinée américaine. D'une part, avec les changements opérés par Donald Trump sur les droits de douanes entre les États-Unis, la Chine et le Canada (sur lesquels il n'a cessé de faire volte-face avec la délicatesse que chacun lui connaît). D'autre part, avec les nouvelles règlementations aux frontières, qui risquent de mettre en péril plusieurs industries, dont celle des conventions de comics. On vous explique pourquoi.  

Plus d'artistes internationaux pour les conventions US ?

Tout part d'une affaire qui a agité la communauté bande dessinée au cours des derniers jours : la dessinatrice galloise Becky Burke, qui était en voyage aux États-Unis, a été retenue dans un centre de détention par l'ICE (le service de l'immigration et des douanes américains) depuis le 28 février 2025 pour un total de onze jours. Pour faire simple : la dessinatrice était partie pour un voyage de quatre mois entre les États-Unis et le Canada, en suivant d'un côté une route touristique pour laquelle elle avait alloué un budget, et de l'autre en suivant une trajectoire sur laquelle elle exécutait des petites tâches en échange de pouvoir être logée. Lors d'un passage entre la frontière canadienne vers les États-Unis, la douane a pris ses "échanges de services" pour du travail non déclaré et a considéré que l'autrice était donc en violation de son visa. 

En effet, lorsqu'on se déplace aux États-Unis pour un simple voyage (ou dans ce qui va concerner le sujet de l'article, pour se rendre à une convention de comics), il suffit généralement de demander un ESTA (Electronic System for Travel Authorization), soit une autorisation de déplacement sur le territoire américain, qui interdit en revanche toute forme de travail. Ou toute forme d'activité qui pourrait être considérée par les autorités comme du travail - comme par exemple, l'échange de services rendus par Becky Burke. Autre exemple potentiel, au hasard : le fait qu'un artiste de bande dessinée soit invité à une convention pour intervenir dans une conférence, en étant nourri/logé en échange, ce qui s'apparenterait à une rémunération déguisée. Le même artiste ayant aussi, dans le cadre d'une convention, une forte probabilité de vendre sur place ses comics, des originaux, faire des commissions, etc... et donc engranger de l'argent. En quel cas, il est assuré que les autorités estimeront qu'il s'agit d'un travail non déclaré, rendant illégal l'utilisation de l'ESTA, et permettant la détention de la personne concernée.

Richard Bruton du site Comicon.com s'est fendu d'un long papier (en source) pour avertir, au vu de l'incident Burke et de la réalité de ce que font les artistes invités en convention américaine - c'est à dire, n'utiliser qu'une simple ESTA pour leur déplacement - que lesdits artistes vont désormais prendre de réels risques en se rendant en convention. Le journaliste est allé au contact de plusieurs artistes et auteurs britanniques (dont aucun n'a voulu être cité nommément) qui lui ont tous répondu la même chose : ils vont sérieusement repenser au fait de se déplacer aux États-Unis pour les (quatre ?) prochaines années, du moins jusqu'à ce que les choses changent. Puisqu'ils utilisent tous l'ESTA pour se déplacer, et qu'ils peuvent donc être interrogés par les douanes sur les motifs de leur venue, si les services soupçonnent qu'ils viennent gagner de l'argent "sur le dos des États-Unis", ils pourraient se retrouver bloqué à la frontière, ou pire, placé en détention. 

Une réalité qui ne s'arrête d'ailleurs pas qu'aux auteurs et artistes de comics par ailleurs, mais à toute personne invitée, et pourquoi pas même les cosplayers (si certain(e)s sont defrayée par l'organisation), sinon les journalistes (qui littéralement, se rendent aux festivals pour faire leur travail, même s'ils ne sont pas rémunérés d'aucune façon sur place). Sur leurs réseaux sociaux, plusieurs dessinateurs comme Cully Hamner ou Yanick Paquette ont déjà recommandé à leurs collègues de ne plus venir en convention pour les temps à venir, ou simplement annoncé ne plus compter se rendre eux-mêmes aux États-Unis. Si l'ensemble de la profession venait à suivre le mouvement, les conventions de comics US vont devoir se résoudre à ne compter que sur leurs artisans américains - avec un manque à gagner évident au vu de la popularité de certains profils internationaux (au hasard, juste au hasard : Jorge Jiménez pour le relaunch de Batman et Pepe Larraz pour celui d'Amazing Spider-Man cette année). 

Heureusement que la SDCC inaugure une filiale espagnole en septembre à Malaga ?

Source

Arno Kikoo
est sur twitter
à lire également
Commentaires (0)
Vous devez être connecté pour participer