Pour toutes celles et ceux qui pourraient se demander, au fond, en quoi consistent le rôle et le travail concret d'un éditeur-en-chef à la tête d'une maison d'édition, il est aujourd'hui assez facile de prendre pour exemple Hunter Gorinson et Oni Press. Depuis sa prise de fonction, cet ancien de chez Valiant Comics enchaîne les bonnes idées pour sortir la compagnie de la banqueroute : partenariats avec des marques de jouets, nouvelles créations originales, nouvelle stratégie marketing, partenariat avec une société de production, et un investissement ciblé sur certaines propriétés intellectuelles conséquentes. Gorinson s'affaire pour remettre Oni Press sur le droit chemin, et cette tactique lui permet de voir grand : aux dernières nouvelles, le bonhomme entend ressusciter la marque EC Comics, ni plus ni moins.
Judgment Day
Maison d'édition vedette dans les comics de genre des années cinquante, sulfureuse, engagée sur le front politique, cette fière enseigne appartient aujourd'hui aux manuels d'histoire de la bande-dessinée américaine (que vous pouvez en revanche découvrir grâce au formidable travail d'Akileos avec leurs intégrales). Pour avoir, notamment, suscité un vent de panique chez les conservateurs et accouché sans le vouloir de l'organe d'autocensure Comics Code Authority. Bref, l'historique est connue, et fort bien documenté. L'important à retenir reste que : l'idée de relancer la marque EC Comics dans le présent revient à se placer dans une généalogie de grands artistes vedettes, et de grandes histoires connues pour avoir eu un impact durable sur toute l'histoire du médium. Rien que ça. En somme, un peu comme la relance de Métal Hurlant, Oni Press a décidé de dépoussiérer un véritable monstre culturel.
En février dernier, Gorinson avait déjà commencé à présenter quelques premiers détails sur le programme de cette résurrection tardive. Celui-ci se découpe pour le moment sur deux séries, avec l'anthologie d'horreur Epitath From the Abyss, et l'anthologie de science-fiction Cruel Universe. Cette dernière a eu droit à un article dans les colonnes de Forbes, pour lâcher quelques nouvelles informations.
Attendue pour le mois d'août, Cruel Universe aura droit à un premier numéro de quarante pages pour son lancement, avec différentes histoires courtes signées Corinna Bechko (Invisible Republic), Chris Condon (That Texas Blood), Matt Kindt (Mind MGMT) et Ben H. Winters (The Last Policeman) au scénario, en compagnie de Jonathan Case (Green River Killer), Kano (Immortal Iron Fist), Artyom Topilin (I Hate This Place), et Caitlin Yarsky (Black Hammer: Reborn) aux dessins. Excusez du peu. La couverture principale de Greg Smallwood avait déjà été présentée, mais on sait désormais que le premier numéro aura également droit à deux variantes de Jay Stephens et B. Williams.
En ce qui concerne la tonalité de la série, l'éditrice Siera Hahn explique que l'objectif n'est pas de donner dans le grotesque ou le sensationnalisme, mais d'aller chercher cet esprit de commentaire social, provocateur de la grande époque des revues EC Comics d'autrefois. Ben H. Winters explique de son côté que sa petite histoire embarque une ambiance à la Blade Runner ou Black Mirror, à propos d'un contrebandier malchanceux qui survit en vendant le souvenirs des autres à de riches clients du futur. On n'en sait pas plus pour le reste des intrigues prévues.
Rendez-vous en août 2024 pour Cruel Universe #1.