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Marvel's Wastelanders : Wolverine - rencontre avec Gérard Lanvin et Raïka Hazanavicius !

Marvel's Wastelanders : Wolverine - rencontre avec Gérard Lanvin et Raïka Hazanavicius !

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Entamée en 2021 de l'autre côté de l'Atlantique à l'issue d'un partenariat entre Marvel et SXM, la série de podcasts narratifs Marvel's Wastelanders s'est exportée en France chez Audible, déjà reconnu dans l'exercice de transposition en Français de ces feuilletons audio - avec par exemple la très réussie adaptation de Sandman. Après trois premières saisons consacrées respectivement à Star-Lord, Black Widow et Hawkeye, Marvel's Wastelanders est de retour avec une nouvelle histoire dédiée à Wolverine, dont l'inspiration la plus évidente sera évidemment le récit Old Man Logan de Mark Millar et Steve McNiven - le futur post-apo' ayant servi de base pour l'établissement de cet univers "Wastelanders". 

Et puisque nous avions déjà pu nous intéresser à l'activité de doublage sur ce format narratif, notamment pour Batman Autopsie, c'est avec autant d'entrain que nous sommes allés retrouver Gérard Lanvin et Raïka Hazanavicius, qui donnent leurs voix respectivement à Logan et au personnage de Sofia. Une discussion sur leur métier et leur approche de cet univers, qui n'est pas toujours chose aisée quand on est pas - comme ici - d'énormes nerds fans de comics. Une interview que l'on vous propose avec plaisir au format audio via First Print !



Bonjour Gérard, bonjour Raïka. Une première question à à vous deux, est ce que c'est un exercice dont vous avez l'habitude ? Le podcast narratif audio, je veux dire, puisque Gérard, je sais que vous avez fait du doublage déjà pour de l'animation, mais il s'agit ici d'un exercice différent.

Raïka : Commencé alors non, moi, c'était une toute première, autant un exercice de la voix que pour le podcast. Je n'ai jamais fait de doublage, je n'avais jamais fait d'exercice comme celui-là, donc ça a été une une vraie découverte.

Gérard : J'ai fait des doublages de dessins animés, ce que je souhaite à Raïka parce que c'est magnifique à faire, c'est des moments super. J'ai vraiment vécu en studio devant ces images animées, ces personnages, l'âge de glace, les Indestructibles. C'étaient de bons moments de détente et en même temps de concentration sur ce qu'il y avait à faire : le jeu. Mais là le podcast en question, Marvel, faire du Logan, c'était effectivement un exercice totalement différent. Parce que vous n'avez pas d'image, pas d'animation, rien. Y a une tablette et de la lecture et les partenaires en face qu'on a à peine le temps de regarder, sauf à l'heure du déjeuner parce qu'on est dans le noir et qu'il faut interpréter un texte en le lisant et en répondant à l'émotion de l'autre. Mais une émotion qu'on entend uniquement. Donc il faut avoir affaire à des acteurs et des actrices qui ont déjà le tempérament à vouloir s'amuser avec des personnages qui sont hors du commun.

On est dans l'univers Marvel, un univers qui vous parle peut-être. J'imagine que vous allez sûrement voir des des films de de temps à autre parce qu'il y en a quand même à profusion mais au-delà de ça, est-ce que vous lisez aussi un petit peu les les bandes dessinées ?

Je ne lis pas du tout de comics, c'est un univers que je connais pas très bien. Je connais les gros films Marvel qui ont marqué nos générations. J'ai le plus saigné les X-Men (les premiers) avec Spider-Man, je connais les blockbusters. Mais je ne suis pas une fan. Donc x Men je les ai vus. J'ai c'est le Marvel que j'ai le plus saigné avec Spider Man du coup. Les premiers surtout parce que vraiment, ils étaient très très très bien.  C'est triste d'ailleurs mais je fais la différence entre DC et Marvel par moment comme beaucoup de novices donc ce n'est pas du tout mon expertise. En revanche je connaissais donc l'univers des X-Men, ce qui d'ailleurs m'a bien aidé à la compréhension du texte parce que c'est vrai qu'il y a des termes difficiles à comprendre sinon. Enfin quand on t'explique ce que le Cérébro, si on a pas vu au moins un film, c'est difficile à se représenter. Heureusement, je suis tombée sur un projet que je pouvais bien suivre et c'était enthousiasmant parce que ça renvoie à l'enfance, quand tu joues avec les jouets, mi-mutants mi-humains, ça fait écho à des choses que je connais.

Vous avez fait un peu de recherches, ou revu un film X-Men par exemple ?

Je n'ai pas fait de recherche parce que je l'avais en tête, tout était encore assez frais. La dernière fois que j'ai vu un film X-Men ce n'était pas il y a si longtemps, cinq ou six ans, ce n'était pas trop loin dans ma mémoire.


Gérard, sans vouloir faire d'âgisme, vous avez vécu à une période où il y avait comme un âge d'or des publications de comics Marvel, je ne sais pas si vous faites partie de cette génération qui a grandi avec, ou pas du tout ?

Pas du tout. C'est le problème que j'ai aujourd'hui pour parler de tout ça. Moi, j'ai été vers un exercice qu'on m'a demandé de faire. J'étais vers des gens qui m'ont proposé cette aventure et en qui j'ai fait confiance, puisque moi je me juge pas. C'est les autres qui peuvent vous dire, "mais tu l'es le le personnage, viens avec nous, participe et tu verras".  Après y a une direction d'acteurs, y a des partenaires, mais je n'ai pas l'éducation de cet univers, et de ces histoires. Elle parle de Cérébro, je ne sais même pas de quoi on parle ! Il y a plein de mots dans le texte qu'il fallait jouer, dont je ne comprenais ni le sens ni l'intention. On a dû me l'expliquer parce que la première lecture c'était pour moi très loin de mon éducation. Après on s'y fait, on rentre dans l'histoire et les autres vous aident aussi à avoir le talent pour pouvoir être crédible dans ce qu'on vous demande de faire.

Et puis je trouve que sur cet exercice là où tu es quand même interprète mine de rien d'une histoire, même si tu fais partie de ce grand univers Marvel dans l'histoire que tu racontes, c'est aussi intéressant d'avoir une certaine fraicheur et de ne pas copier ce que ce que tu as connu, ce que tu as entendu. Le fait de pas avoir d'expertise, pour Gérard comme pour moi dans cet univers là, nous permet aussi un un minimum de liberté. Enfin je veux dire que ça peut être tourné à notre avantage dans le jeu. En tout cas ça nous permet d'avoir notre interprétation qui nous est propre. Ce qui offre du coup à cette histoire un peu une une autre ouverture alors que je l'aurais fait d'une toute autre façon si j'étais une experte en comics. Ce n'est ni bien ni mal, mais en tout cas on fait avec.

C'est l'avantage de ne pas "être dans la combine". Il y a la possibilité d'avoir une forme de naïveté

C'est ça, une naïveté dans la découverte.

Alors je comprends ce point de vue, mais je me ferais l'avocat du diable en faisant justement le nerd des comics. On parle quand même de Wolverine qui est un personnage qui a eu pas mal de films X Men et même ses films solo. Vous n'avez donc même pas pensé à Hugh Jackman ?

J'ai pu le voir en bande-annonce oui. Mais comme c'est pas le genre qui m'attire en fait c'est ça c'est tout tout bête, j'ai pas cette formation d'esprit. Le mec est bien coiffé, il a pris des blancs d'oeufs, il a pris du poids, il a été à la salle de sport, bien. Pour moi, c'était un boulot, c'est tout. Je peux comprendre qu'on se dise mais il est complètement idiot lui, pourquoi il pas attiré ? Bien c'est c'est comme ça, on n'est pas attiré. Moi je suis attiré par autre chose -

Alors qu'est ce qui vous a attiré justement dans cette dans cette aventure et dans cette incarnation ? 

Cette incarnation elle est intéressante à partir du moment où on vous, on vous dit, "c'est toi." Mais on n'est pas supposé le croire. Il faut aussi aller vers l'exercice et savoir si on peut le faire. Parce que moi je suis du genre à pouvoir dire à quelqu'un "j'y arrive pas". Je veux dire, je n'ai pas de honte à le dire. Mais à partir du moment où les directeurs artistiques qu'on a eu m'ont dit, "mais si ça le fait, t'inquiète pas, ça le fait, tout va bien". Ils m'ont rassuré et je ne fais que confiance qu'à ces gens qui sont venus vers moi. Je réponds à ces personnes avec l'envie de pouvoir être à la hauteur surtout, et à partir du moment où ils sont convaincus, hé bien ils commencent à être convaincants. Et je suis convaincu aussi d'avoir ma place au milieu des autres et à participer à cet évènement.

Est ce que il y a une forme de temps de préparation avant d'enregistrer votre partie audio ? Est ce que vous avez des fiches de description de vos personnages pour que vous puissiez en fait créer quelqu'un avec simplement l'exercice de votre voix et est ce que c'est difficile de trouver la voix de de son personnage ?

Alors on a eu un résumé de la saison, je sais que c'était déjà sorti il me semble en version anglaise. J'avais un peu écouté ce qui était disponible en ligne pour capter l'univers, la réalisation, les bruits, puisque tout n'est jamais réalisé pareil. Après j'ai vite capté qu'en écoutant ça allait me mettre dans un rythme que j'avais pas envie qu'on m'impose et qu'il fallait trouver tout seul. 

Je n'ai pas du tout écouté toute la première saison puisqu'il y a aussi en anglais une façon de parler, un rythme que je risquais de copier si je poursuivais. Quand on a reçu les dialogués, c'est à dire juste les les phrases avec les noms de chaque personnage, à lire juste comme ça c'était assez compliqué à comprendre. J'ai essayé de lire une partie puis je me suis dit que je n'allais pas pouvoir tout apprendre par coeur, d'autant plus qu'au contraire du tournage, on a pas les feuilles avec des séquences qu'on va tourner dans l'ordre. On ne peut pas apprendre notre texte à l'avance. Et vu que c'est du podcast et pas de l'animation, il faut coller à une attitude qui n'est pas dessinée, qu'on ne peut pas visualiser, ce qui fait qu'on est beaucoup plus libre sur le terrain de la voix.

On me dit que pour l'animation il faut coller à l'émotion de ce qui se passe à l'écran.  Là on est beaucoup plus libre sur ça. Donc en fait quand on arrive on a juste notre texte et on on commence et en fait on se met dans le bain et au fur à mesure grâce au directeur artistique de plateau on trouve un peu notre rythme. C'est dans la voix, dans la tonalité, dans les intonations, qu'on fait notre personnage. Dans mon cas pour Sophia je suis pas du tout allée changer ma voix parce ce n'est pas l'exercice qu'on me demandait.

C'est peut-être difficile de jouer les émotions parce qu'en fait il vous reste plus que la voix vu qu'il n'y a pas d'images, qu'on ne vous filme pas. Est ce que c'est plus compliqué par rapport à vos expériences sur des séries ou des films ?

Ça se fait. C'est ça qui est fou, c'est que on y arrive quoi, on y arrive. Mais il faut une direction artistique, il faut avoir un pas de recul. Ils l'ont, les directeurs artistiques pour avoir l'avantage. C'est à dire que nous on lit, on interprète des mots, des fois on ne les comprend pas, il faut revenir dessus. On nous explique la référence. Mais c'est du jeu donc c'est notre travail, ça. C'est pas très compliqué de jouer.  À partir du moment où on comprend. C'est quand on comprend pas que ça devient une angoisse. Donc là on avait tout pour nous aider à comprendre, les mecs qui étaient là étaient très très au fait de ce qu'ils voulaient à partir de là. Vous savez, au cinéma c'est la même chose, vous avez un naze comme metteur en scène, ça devient merdique à souhait quoi. Il est beaucoup plus facile d'être bon dans un bon film avec un bon rôle que d'essayer d'être bon dans un mauvais film avec un mauvais rôle. Donc là c'est pareil, tout était écrit, tout était proposé, tout a été pensé avant. Ce sont des gens très compétents qui ont fait tout ça et des gens qui connaissent très bien l'exercice. Il faut vous vous référer à l'expérience des autres et leur faire confiance.

Pour le coup on arrive du coup sur le terrain des X-Men, avec une histoire qui de toute façon est phénoménale et a déjà des milliers de fans. Enfin c'est à dire que de toute façon il y a pas de doute sur la qualité de l'histoire. Il y a tout de suite quelque chose qui fait que ça fonctionne.

Quelque chose qui vous met en confiance quand on est sur ce genre de grosse licence, en somme.

C'est un avantage. Encore une fois c'est comme un film. Quand vous avez affaire à un metteur en scène pointu, connu et tout, vous arrivez avec un peu d'inquiétude au départ après tout se met en route il n'y a plus de problème. C'est avec les mauvais que c'est emmerdant parce que les mauvais on les connait pas au départ. Un mauvais ça se remarque pas forcément tout de suite et des fois on les rencontre quand même.

Ça c'est plus compliqué, c'est quand vous vous rendez en compte en cours de tournage et qu'il faut quand même finir le boulot...

Et qu'il faut assumer. Quand les gens vous disent le film de Lanvin par exemple, puisque je m'appelle ainsi, Moi j'ai jamais fait de film. Moi j'ai fait le film du mauvais ou du bon.

Comment gère-t-on cet équilibre entre le fait de se laisser porter par ces gens en qui vous faites confiance, et celui de s'affirmer pour incarner le rôle, y mettre sa propre patte ?

C'est exactement ce que Gérard dit en fait. C'est beaucoup plus simple de faire confiance quand tu en as envie avec les personnes en face de toi. En arrivant là, tu fais confiance à l'histoire parce que la franchise Marvel. Il y a donc Raphaël, le directeur de plateau, qui maîtrise son sujet et qui sait ce qu'il veut. Quand le feeling est bon et que j'arrive, je voix Gérard Lanvin, un acteur que j'admire et je sais que je peux y aller les yeux fermés. C'est un travail d'équipe. Quand tu es comédien, peu importe qu'on soit sur le plateau ou pour le podcast, on est un artisan qui répond à une demande. Et toi, ce que tu mets de toi, de ton intégrité et de ton travail, c'est ce que tu ressens c'est ta façon de t'adapter à autre chose, c'est ta façon de réagir, ton habitude à faire confiance et puis quand tu as l'espace de proposer mais c'est de trouver ta place en fait, tout le temps. Donc si s'il y avait un travail de préparation à faire par exemple de voix on l'aurait fait, là le fait est que c'était pas le cas. 


Vous disiez que vous ne connaissiez pas toute l'histoire au moment d'enregistrer, est-ce que vous découvrez alors le texte un peu sur le tas ? Comment ça se passe concrètement une séance d'enregistrement ? 

Bah c'est comme un film, un tournage, vous répétez. Vous appréhendez ce qu'il va falloir faire. On vous explique la situation.   Et vous vous lancez, vous vous lancez avec quelques erreurs possibles, et après on reprend. Voilà, c'est les intentions, c'est les boulots qu'on a à faire, nous, c'est à dire d'aller sur les émotions avec plusieurs palettes et de degrés de d'interprétation. Ça, c'est le travail d'un acteur et d'une actrice. Après, il y a encore une fois l'essentiel, c'est la direction d'acteur pour ce genre de chose. Parce que à l'image, un acteur, il existe un, il y a les comédiens et les acteurs, il y a une différence donc. Elle est subtile à comprendre. Bon, on va pas s'éterniser là-dessus mais on ne dirige pas un acteur. Un acteur, c'est une identité. Après on lui donne l'émotion à jouer. Ici, on a des émotions écrites et c'est évident qu'il faille les lire avant. On a pas le temps de faire des lectures, mais on nous explique, comme le dit Raïka il y a tout pour faire confiance. On est avec des gens qui ne sont pas des branleurs, qui sont là pour bosser.

S'ils vous ont fait confiance, il faut accepter d'être à la hauteur, se dire bah si ils sont venus me chercher, c'est que je dois pouvoir y arriver. C'est eux qui vous donnent la force, elle vient toujours des autres. Vous avez votre force, mais si on ne vous motive pas pour y croire, vous pouvez sombrer. Il faut faire très attention à la relation humaine là-dedans, même pour ceux qui pratiquent l'exercice de la mise en scène, pour qu'ils sachent ce qui se passe en ce moment, avec toutes ces histoires qui sortent. Il faut avoir affaire à des gens qui sont dans les principes du respect du bien être et qui vous donnent de la force avec des intentions heureuses. Notre travail est d'aller vers plein de possibilités.

Puis en gros ça s'aborde comme des scènes quoi. C'est à dire on a la scène devant, on nous dit OK, cette scène elle est à tel moment de l'histoire, donc il s'est passé ça avant, il se passe ça après là. Votre enjeu c'est ça. Donc on nous explique précisément, nous on se la lit une fois pour pas découvrir le texte, et puis après on enregistre et on est l'un en face de l'autre et c'est chacun une phrase, chacun une phrase. Et c'est comme ça que c'est enregistré, il faut bien articuler, c'est vraiment le truc, il ne pas faire de fautes de français. En général c'est bien écrit donc il y a pas de problème. Mais contrairement parfois aux jeux d'acteurs où tu es un peu plus libre de choisir un peu tes mots là c'est vraiment être juste, émotionnel, avec un texte que quand même tu découvres, qu'il faut lire mot pour mot et bien articulé. Donc c'est plus un travail technique. Je trouve que c'est vraiment très technique, il faut parfois aller un peu plus vite pour rester dans le rythme. Vraiment du travail de petit artisan.

Très bien. Et est ce que c'est un exercice que vous seriez tenté de poursuivre dans le futur, que ce soit pour Marvel ou d'autres licences ?

Y a pas de problème ! On va vers ceux qui ont l'intention de vous faire confiance. Après c'est un problème relationnel. La manière dont on vous explique la raison pour laquelle on vous a choisi. Si elle est crédible, vous venez. Faut pas se penser indestructible, il faut pas se penser le plus fort, il faut faut toujours avoir l'humilité dans ce qu'on fait, de pouvoir être à coté du truc.  C'est les autres qui vous rendent fort encore une fois. Les textes, les metteurs en scène, les directeurs d'acteurs, la direction artistique... Vous faites un album, c'est celui qui qui gère l'album, la musique, etc c'est les autres qui vous rendent crédible et possible. Vous vous êtes disponible pour être crédible et possible.

Merci beaucoup Gérard et Raïka, c'était vraiment un plaisir de pouvoir discuter avec vous.

[ensemble] : Merci, au revoir.

 

Arno Kikoo
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