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Heroes Comic Con 2023 : rencontre avec Ivan Reis

Heroes Comic Con 2023 : rencontre avec Ivan Reis

InterviewDc Comics

Sur la fin du mois de septembre passé s'est tenue l'édition 2023 de la Heroes Comic Con à Bruxelles. Au programme des nombreuses festivités, plusieurs artistes de comics et de bande dessinée étaient présents sur place. Nous avons donc pu profiter de l'occasion pour aller à la rencontre de certains d'entre-eux, notamment le grand artiste brésilien Ivan Reis.

Dessinateur prodige qui excelle depuis de nombreuses années sur les projets les plus en vue de DC Comics, celui qui fait partie des meilleurs artistes mainstream de sa génération est un homme au sourire omniprésent, qui ressent littéralement un plaisir à dessiner les super-héros de l'éditeur à deux lettres. Avec notamment son Batman One Bad Day : Ra's Al Ghul sorti récemment chez Urban Comics, nous avons pris un bon quart d'heure en compagnie d'Ivan Reis pour lui poser quelques questions, à retrouver retranscrites ci-dessous. L'audio de cette discussion a également été uploadé sous bannière First Print, pour celles et ceux qui préfèrent ce format - et qui sont anglophones. 

Remerciements : Rémi Lach, David Macho Gomez et Antoine Boudet.





C’est vraiment un grand plaisir de vous accueillir Ivan Reis. Je souhaiterais commencer avec une question très générale : comment avez-vous commencé à travailler pour l’industrie du comicbook ?

Oh.

Vous vous en souvenez ?

Oh oui, c’était il y a très longtemps ! Je n’ai jamais eu d’autres envies dans ma vie. J’ai toujours pensé à travailler dans la bande dessinée. Donc, quand je suis devenu majeur, à 14 ans (ndlr: la majorité sexuelle est fixée à 14 ans par la loi brésilienne), j’ai commencé à chercher des opportunités chez les éditeurs brésiliens. J’ai débuté dans un livre d’histoires horrifiques pour Bloch Editores. J’avais donc 14 ans et à partir du moment où j’ai commencé, je n’ai jamais arrêté. Ça va faire presque 33 ans. Je n’ai jamais pensé à autre chose, ça a toujours été ma passion.

Qu’est-ce que vous appréciez dans les comicbooks de super-héros ?

Ce que j’aime, c’est l’énergie qu’ils dégagent. Quand je dessine… J’ai deux expériences différentes par rapport aux super-héros. La première, c’est quand je lis du super-héros. C’est fun parce que tu peux créer des histoires dans ta tête, tu peux voir le mouvement dans les pages, c’est du fantastique qui vous sort de la réalité vous permet d’imaginer les mots et vous donne du temps pour vous-même. L’autre expérience, c’est de dessiner du super-héros. C’est totalement autre chose parce que je peux me sentir plus libre avec mes mouvements, avec mon art. C’est l’art en lui-même. Le plaisir de créer des mondes, des personnages… Laisse-moi le temps de l’expliquer plus clairement : quand je dessine, j’ai la liberté de créer du mouvement, de créer des lignes… C’est juste moi et une page blanche. Cela me donne la possibilité d’imaginer ce que je veux et c’est incroyable de pouvoir faire ça.

Vous rappelez-vous de la première fois où vous avez eu à dessiner un comicbook pour DC Comics ?

Mon premier travail pour DC était pour un titre Vertigo : The Invisibles. Ensuite, j’ai fait quelques travaux pour Marvel et une autre petite compagnie, puis j’ai eu l’opportunité de travailler sur Superman dans Action Comics. Je me rappelle que quand j’ai eu cette opportunité, trois mois avant que je commence, j’ai passé tout mon temps à dessiner le symbole de Superman sur n’importe quel papier qui me tombait sous la main parce que j’étais si heureux ! J’ai grandi avec Superman, avec Christopher Reeves, avec le film et John Byrne qui s’occupait de la série. C’était génial. Vertigo, c’est un tout autre univers. Je considère que mes vrais débuts avec DC c’est sur SupermanBatman Secret Files, puis je suis allé sur Action Comics. J’ai quand même commencé avec Superman ! Donc je suis très heureux.

Vous lisiez Superman quand vous étiez plus jeune, vous avez mentionné John Byrne. Est-ce facile de trouver des comicbooks au Brésil ?

Oui, je crois même que c’est le deuxième plus gros marché du monde pour les super-héros. Nous avons des éditeurs qui publient ces BD depuis que… Je ne me souviens même pas, c’était il y a très longtemps ! Nous avons de grands espaces pour les comicbooks dans les librairies. C’est facile de trouver ce que tu veux au Brésil.
 


Je vous ai d’abord découvert avec les New 52, alors que vous dessiniez Aquaman de Geoff Johns. Les gens ont vraiment remarqué à quel point vous êtes faits pour les titres blockbusters. Comment choisissez-vous les projets chez DC depuis que vous y êtes ?

C’est une bonne question parce que j’ai toujours pensé « laisse la vie décider ce qui se passera » et je ne réfléchissais pas trop au projet. Ce qui se passe c’est que lorsque j’ai une connexion avec un scénariste et que j’aime travailler avec lui, c’est juste lui et moi. La chose la plus importante en BD, c’est la coopération. Travailler avec des amis, des gens avec lesquels je me sens bien. C’est pas vraiment à propos du projet en soit, c’est pas « celui-ci est plus important que l’autre », ce n'est pas le but. 
 
Le but est de travailler avec quelqu’un que j’apprécie, de manière joyeuse. Je crois que le lecteur remarque cette énergie plus que l’importance de l’histoire pour l’éditeur. Le lecteur voit que « wouah, c’est fait avec joie et je peux ressentir cette énergie ! » et c’est le plus important. Du coup, je ne pense pas trop à l’importance ou à la taille du projet, je m’en fiche. L’important pour moi c’est que je sois heureux, que je travaille avec de bonnes personnes, de me sentir bien en travaillant avec eux… Parce que dessiner me rend heureux. Et quand je dis dessiner, peu importe que je dessine Superman, Batman ou Wonder Woman, l’essentiel c’est que je sois heureux en les dessinant. Je suis tout aussi heureux de dessiner Superman que Captain Carot. J’ai la même énergie pour les deux.

Cela dit, vous avez peut-être des personnages que vous préférez plus que d'autres ?

J’aime bien Captain Marvel, enfin Shazam, Martian Manhunter et Etrigan. C’est mon top 3. Mais si je devais choisir un seul personnage sur tout le marché des comicbook, ce serait Conan. J’adore ce personnage.

Pourriez-vous nous expliquer comment vous vous êtes retrouvés à faire le Batman One Bad Day sur Ra's Al Ghul, un projet très fort !

L’histoire est incroyable ! J’ai été invité à faire cette BD par Tom Taylor. Quand j’ai découvert que ça allait sortir en format « graphic novel » j’ai directement dit oui parce que c’est mon premier « graphic novel » chez DC ! Je ne l' avais jamais fait avant. Je ne pouvais pas laisser passer cette occasion. D’autant plus que c’est Batman et Ra's Al Ghul. Leur histoire est importante car il y a un message. J’ai essayé différentes techniques pour la dessiner. En temps normal, j’utilise uniquement des crayons. Là, j’ai utilisé des crayons et un lavis pour remplir les zones noires. De plus, travailler avec Danny Miki et Brad Anderson n’a fait qu'élever la qualité de l’ouvrage. Finalement, je ne pouvais pas laisser passer cette chance. Et puis Tom Taylor… c’est Tom Taylor ! C’est un excellent scénariste, donc j’étais très heureux de faire partie de cette équipe.

Est-ce vraiment différent de votre point de vue de dessiner ce genre de livre par rapport aux sorties mensuelles ? Peut-être en termes de deadline ou de rythme ?

Oui, c’est très différent parce que la manière de travailler n’est pas la même ! T’as 60 pages à faire mais ce n’est pas comme faire trois numéros d’une série mensuelle. Tu as plus de temps pour penser à ta page, pour chercher des références… Quand tu travailles sur un comicbook d’une vingtaine de pages par mois, tu dois penser et prendre des décisions rapidement pour que ça fonctionne. Sur Ra's Al Ghul, j’ai eu l'occasion de prendre une pause, de respirer, de chercher des références, d’organiser mon planning. Tu as plus de temps et de liberté créatrice.
 


Quand vous dessinez une histoire, est-ce que vous discutez avec le scénariste de certains points de scénario ?

En général, je laisse le scénariste décider du déroulé de l’histoire. Mon rôle est de dessiner. Ce que je fais, quand je me sens à l’aise, c’est de changer des petits bouts uniquement pour faire en sorte que la narration marche mieux. Je pense que c’est mon travail : pas juste dessiner ce que le scénariste veut, mais faire que ces histoires prennent du sens à travers la narration. J’essaye de comprendre le scénariste. Ça n’a pas grande importance la manière dont il écrit parce que j’aime lire, ressentir, l’histoire et ensuite je décide de la manière de la raconter. 
 
Si je pense que je dois changer quelque chose, je le fais en discutant avec le scénariste évidemment. Je lui dis « je vais changer ça, ça un petit peu aussi, là ça marche bien donc je vais le faire comme ça… » Mais je ne le fais pas trop, parce que je pense que l’auteur a une raison derrière ses décisions scénaristiques. Mais je dois aussi faire des choix quand je dessine. C’est un travail collaboratif. C’est la même chose avec l’encreur et le coloriste. L’encreur doit faire des choix et changer quelques trucs parfois parce que ce que je dessine en crayonné ne marche pas quand on repasse dessus au stylo ou au pinceau. Je me sens assez libre de changer certaines choses quand c’est nécessaire.

Ce qui est incroyable, c’est que vous faites encore des crayonnés classiques. Vous ne travaillez pas en numérique, vous êtes toujours sur papier.

En effet. Parfois, j’utilise des mises en page numériques pour les cases. Ensuite, je travaille directement sur papier ou alors j’imprime un modèle et je dessine les lignes par dessus parce que j’aime sentir le papier, le crayon… Le son du crayon sur le papier c’est incroyable, surtout quand tu travailles tout seul. J’aime pas écouter de la musique ou la télé, j’aime être seul avec le papier. Quand je travaille et que je suis vraiment concentré, je me suis rendu compte que le son du crayon sur le papier me fait méditer… C’est incroyable… Le mouvement de la main sur la papier… Tout le bazar que tu fais quand tu dessines… J’ai essayé de dessiner numériquement quand j’ai eu des deadlines courtes, donc j’ai eu cette expérience, mais pour moi c’est totalement différent. Je n’ai pas vraiment apprécié, parce que je suis un peu old school.

Vous avez tellement dessiné pour DC. On peut dire que vous êtes un dessinateur de blockbusters. Vous n’avez jamais eu l’envie de travailler sur votre propre création ?

J’ai toujours pensé que si je devais quitter DC pour quelque raison que ce soit, ce ne serait pas pour faire plus de super-héros. Je suis très heureux de dessiner des super-héros pour DC. Ce serait pour faire quelque chose de différent, mais je n’y ai jamais vraiment pensé. Pour sûr, j’ai des idées, j’ai envie de faire des choses, mais je suis patient. Je pense qu’à un moment, ça arrivera. Mais, encore une fois, si je quitte un jour DC, ce ne sera pas pour faire du super-héros, ce sera pour autre chose. Les super-héros, c’est chez DC.
 
Qu’est-ce que l’avenir vous réserve ? Pouvez-vous dire ce que vous nous préparez ?

Je ne peux pas vous dire ce qui se passera dans le futur. Je sais ce qui se passe maintenant. Je travaille sur les Titans, l’évènement Beast World, j’ai jusqu’à la fin de l’année pour le terminer. Je n’ai pas encore discuté de ma prochaine étape. Ça arrivera peut-être en novembre ou en décembre. Entre temps j’ai besoin de me reposer parce que je suis vraiment fatigué, ensuite je déciderais de ce que je fais.

Merci beaucoup Ivan !
Arno Kikoo
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