Annoncée au cours du mois d'août dernier dans le cadre des dernières "Big News" de Panini Comics, la nouvelle série Miles Morales : Spider-Man de Cody Ziglar sera l'occasion pour l'éditeur français de faire une opération édito/commerciale plutôt rare dans le milieu, et par ailleurs bienvenue dans un milieu où un peu de "happening" pour faire exister les titres ne sera pas de trop. Reste à voir à qui l'opération s'adresse et quelles sont ses limites, mais parlons d'abord de la stratégie en question, voulez-vous.
L'éditeur a annoncé ce qui avait déjà été aperçu depuis quelques temps sur les habituels sites revendeurs : plusieurs couvertures variantes viendront s'ajouter à la régulière de Dike Ruan pour la sortie du premier tome de Miles Morales : Spider-Man. Mais à la différence des variantes "habituelles", souvent disponibles en partenariat avec une librairie ou via le site de l'éditeur, toutes les versions de l'album seront distribuées, dans les librairies, dans un "blind pack", soit une enveloppe opaque scellée, de façon à cacher la couverture contenue. Trois options de variantes s'offriront aux lecteurs : une collector de Nicoletta Baldari, une super-collector d'Olivier Coipel, et une méga-hyper-supera-giga collector (puisqu'éditée à un seul exemplaire) de Sara Pichelli, dont le design n'a d'ailleurs pas été encore dévoilé pour le moment. L'opération en question avait été testée auparavant en Italie et a dû visiblement trouver son public.
La stratégie du blind pack a déjà été appliquée à de nombreuses reprises pour les comics en single issues et, du point de vue collectionneur, s'applique d'ailleurs plus facilement à un fascicule vendu 4$ plutôt qu'un album cartonné proposé à 19€. Sur cet aspect, d'aucun pourraient décrier une incitation à acheter plusieurs fois le même ouvrage pour obtenir une couverture plus rare. Sauf que : d'une part, le marché étant ce qu'il est en France, il serait curieux de croire que les variantes même les plus collectors auront une réelle valeur sur notre territoire - et que si quelqu'un compte se ruiner pour tenter d'obtenir le Sara Pichelli sans parvenir ensuite à revendre les autres tomes, hé bien ce sera bien fait pour lui. Autrement dit : personne n'oblige personne à acheter plus d'un seul album.
En revanche, pour les personnes qui étaient de toutes façon intéressées par la série Miles Morales : Spider-Man, il y a un côté ludique (et la "chance" de repartir avec un bonus pour le même prix) qui est plutôt sympathique, d'autant plus que l'opération est pensée spécialement pour les libraires : la version vendu sur le site de Panini sera en effet obligatoirement la couverture régulière de Dike Ruan. Pour un éditeur à qui il est souvent reproché de faire ses variantes exclusives pour leur site, au détriment des boutiques spécialisées, le geste sera plutôt louable. Surtout, cela créée un peu "d'évènementiel", toutes proportions gardées, comme le serait une couverture collector pour une boutique, ou une tournée de dédicaces, pour le démarrage de cette série.
Quant à la série en elle-même, puisqu'il faut aussi s'intéresser au contenu, si on n'irait pas jusqu'à qualifier le travail de Cody Ziglar d'excellent, force est de constater à notre humble avis qu'on est sur du comicbook mainstream bien plus agréable à lire que ce qu'avait fait Saladin Ahmed (malgré quelques tics d'écriture, on vous en reparlera), que ce premier tome est une bonne porte d'entrée pour le personnage (exception faite du prix, toujours trop élevé sur la gamme 100%), et que surtout le travail de Federico Vicentini est très agréable à l'oeil. Comme nous l'avions déjà écrit dans une série d'articles sur le marché des comics, l'intérêt que l'on porte à un bouquin est primordial, et dans cette optique, l'initiative édito/commerciale devrait faire plaisir aux personnes qui étaient dans tous les cas intéressées. Ou qui auront envie de se laisser tenter avec la dimension ludique de l'opération. Pour les autres, hé bien il n'y aura qu'à pas acheter, tout simplement. Rendez-vous le 5 novembre en librairie pour les participants.