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The Sacrificers, Bids of Prey, Void Rivals : critiques express côté comics VO

The Sacrificers, Bids of Prey, Void Rivals : critiques express côté comics VO

chronique

Qui dit rentrée, dit tentatives de nouveautés, et si nous sommes quelque peu bloqués sur Comicsblog.fr avec l'architecture du site et quelques soucis techniques - comme un problème de login qui empêche quiconque de poster des commentaires, depuis maintenant deux ans - nous profitons de cette période pour reprendre quelques points essentiels qui nous manquaient. En l'occurrence, celle de vous parler plus explicitement de sorties comics, en VO comme en VF. Bon nombre de nos articles sont en effet agrémentés de commentaires ou simplement d'un angle qui vous fera comprendre quelles sont les séries que l'on apprécie en ce moment ou non, mais il faut aussi des articles dédiés à cet exercice. Puisque le temps que demande des chroniques anciennes comme la Checklist Comics nous manque, nous voulons malgré tout reprendre ce type d'articles. Avec les critiques express (ou toute autre dénomination ultérieure que l'on trouvera pour être plus "sexy"), nous vous promettons de revenir à intervalles réguliers (hebdomadaire si possible) pour vous partager quelques petites chroniques sur des sorties récentes. 

A retrouver donc aujourd'hui, un premier tour de table avec des single issues sortis entre la fin du mois d'août dernier et cette période de rentrée. Une touche de mainstream, pas mal d'indés aussi, puisque notre vocation première n'a elle jamais changé : vous faire découvrir des comics, vous donner envie d'en lire, et simplement rendre compte de la richesse actuelle de la production. Notez que nous nous affranchissons totalement ici d'un système de "note", que l'on souhaite abandonner depuis bien longtemps (et qui reste obligatoire pour les articles de review pour de simples raisons techniques), puisque chaque critique se construit nécessairement sur une base subjective, et qu'on préfèrera toujours discuter du fond d'une bande dessinée plutôt que de lui coller un chiffre ou une appréciation en deux mots un poil limitée dans ce que cela peut apporter dans les échanges culturels. Tout ceci étant dit, place aux comics !


The Devil's Cut #1 - collectif [DSTLRY]

On aura beaucoup entendu parler de l'arrivée de DSTLRY sur le marché des comics ; entrée en matière fracassante avec le one-shot The Devil's Cut qui rassemble plusieurs équipes créatives de renom autour d'histoires courtes, certaines étant censées teaser de futurs récits par les équipes concernées, d'autres ayant d'être là comme une simple preuve de démonstration des capacités de chacun. Comme toute anthologie, il y aura à boire et à manger en fonction des goûts et des appétences. Force est de constater que ce premier tir groupé donne furieusement envie de s'intéresser... à presque tout. 

D'une part avec la diversité graphique présente, puisque chacun des artistes a son propre style bien défini, et qu'on retrouve même à plusieurs endroits des formes de réinvention de dessinateurs et de dessinatrices dont on avait pensé avoir déjà bien adopté le trait. Il faut voir la façon dont Joëlle Jones se réinvente en peinture numérique, ou Eduardo Risso qui semble opter pour du dessin en couleur directe, pour se laisser convaincre. Pour les autres qui ne changent pas radicalement, il y a de quoi s'émerveiller : le découpage et le rythme de la courte histoire d'Elsa Charretier et Pierrick Colinet (certainement le passage le plus complet d'ailleurs, tant sur le plan narratif qu'artistique) sont jubilatoires ; Jock et Francesco Francavilla font ce qu'ils savent faire de mieux et c'est forcément plaisant ; tandis qu'on se réjouit de retrouver des artistes telles que Becky Cloonan et Tula Lotay, bien moins présentes que certains confrères dans les pages de comics mensuels. Du côté des scénario, il faudra séparer les petites histoires complètes des teasers pour de futures séries (comme l'entrée en matière de James Tynion IV et Christian Ward, belle démonstration d'ambiance, mais assez peu compréhensible dans l'ensemble) et des petites scènes qui font presque "pitch de série". 

A noter par ailleurs l'attention, et c'est important dans l'industrie de fascicules bien souvent de piètre qualité, accordée à l'objet : dans un grand format aux planches presque carrées, et avec un dos carré pensé pour l'épaisseur du one-shot, avec un papier aussi plus épais qu'à l'habitude, DSTRLY affirme aussi avec The Devil's Cut #1 sa volonté de moderniser un segment qui a parfois du mal à vivre. La note d'intention parlera forcément à des personnes curieuses ou du moins déjà un peu intéressées ; pour les lecteurs d'indé' un peu moins réguliers, il y a des chances que la proposition puisse convaincre d'essayer les futurs titres de l'éditeur, à venir au courant de l'année prochaine. 

On peut se montrer critique sur les ventes de numéro en "preview" mais force est de constater que DSTLRY a de sacrés arguments à faire valoir avec The Devil's Cut #1. Une anthologie construite de façon à être picorée, à être relue, pour qu'on s'attarde aux détails des planches - toutes de très bonne facture, si ce n'est superbes - et qu'on ait envie d'en redemander plus. Il ne faudrait pas que l'éditeur ne se repose que sur ce type de publication. Maintenant que l'intention est donnée - et qu'on est ici convaincu du potentiel -, il va falloir livrer la marchandise. Pourvu qu'elle se tienne aux standards ici montrés.


The Penguin #1 - Tom King & Rafael De La Torre [DC Comics]

Dans la communauté des fans de comics, le nom de Tom King laisse généralement peu de place à la nuance. Certains adorent le style de ce scénariste, connu pour avoir imposé en l’espace de quelques années une nouvelle façon d’écrire Batman et les personnages de Gotham City, avec ses propres techniques, ses propres astuces, sa propre tonalité. A l’inverse, d’autres détestent. Et pas forcément pour de mauvaises raisons : comme beaucoup de scénaristes qui produisent en grande quantité, King a pu, sans s’en apercevoir, laisser apparaître certaines béquilles d’écriture à force d’enchaîner les projets - au point de ne les rendre que plus apparentes. Le fameux personnage en plan fixe sur un gaufrier à neuf cases qui s’écoute parler, des dialogues qui ont du mal à se répondre, des héros ou héroïnes qui paraissent systématiquement flotter dans leur petite bulle sans réussir à se connecter au réel… etc.

Mais si les gimmicks ont tendance à agacer, on prête tout de même à Tom King une certaine aisance dans l’environnement de Gotham City. Sauf pour Batman : Killing Time, et peut-être aussi pour la nouvelle série Pingouin. Résumons : Oswald Cobblepott a été délogé de son rôle de parrain du crime dans la cité maudite, et doit à présent infiltrer les milieux criminels à la demande des services secrets. Le nouveau projet, piloté par King et Rafael De La Torre, a démarré tout récemment, en se présentant comme une occasion d’explorer l’aspect humain du Pingouin, et de produire une série d’agent infiltré dans le canon traditionnel de la fiction policière. Pour le dire simplement, le titre ne risque pas de réconcilier les deux lectorats de cet auteur, alourdi par une panoplie très habituelle, et pas forcément très bien dosée au premier abord.

King fait ce qu’il fait d’habitude : commencer par la fin, mitrailler son exposition “normale” pour installer un sentiment de quotidien et de réalisme sans sa peinture du personnage principal, pour trancher avec les codes classiques des super-héros, et tenter de coucher sur papier l’atmosphère recherchée. En résumé, ça tchatche. Ca tchatche même beaucoup, et on a rarement vu le bonhomme se répandre autant dans les cases de narration en laissant si peu de place au dessin pour exprimer l’impression générale. Les dialogues sont truffées de gros mots “censurés” (vous savez, avec le “#$@# !” pour masquer les f-bombs de l’argotique anglophone), la violence s’insère par surprise sans paraître justifiée ou naturelle, le texte étouffe les scènes. Vu de loin, cette thématique du vieux gangster en cavale dans une nouvelle identité, cette narration qui alterne les points de vue et glisse des dialogues pour adultes à la moindre occasion, passerait pour un pastiche loupé de Scorsese qui chercherait à capter l’esprit particulier du film Les Affranchis en prenant les éléments dans le désordre.

Un lancement qui loupe son objectif d’entrée de jeu, pour accoucher d’une lecture lourde, truffée de techniques faciles et qui ne persuade pas de l’intérêt de ce projet. A voir sur le long terme, mais cette entrée en matière déçoit, pour un auteur capable de mieux et qui ne semble plus être capable d’échapper aux pièges qui lui tendent ses propres habitudes d’écriture.

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Purr Evil #1-2 - Mirka Andolfo & Laura Braga [Image Comics]

Notez bien que ces nouvelles chroniques ont autant vocation à étudier les sorties hebdomadaires, et pas forcément à former des conseils de lecture. Or, pour qui s’intéresse aux créations indépendantes : il y a les scénaristes qui chargent la mule, et puis, aussi, il y a Mirka Andolfo. Difficile d’imaginer la tête de l’éditeur chez Image Comics qui a reçu le pitch de ce projet au moment de la première présentation : une maman, qui est peut-être une ancienne star du rock officiellement décédée, élève en secret une fille capable d’invoquer sans le vouloir d’étranges petits chats sphynx à trois yeux (et invisibles - attendez, c’est trop facile sinon), qui peuvent rentrer dans le cerveau des gens pour commander leur actions comme des zombies. Ah, et surtout, ce n’est pas exactement de ça dont parle la BD. Le titre marche plutôt comme une grande course-poursuite, dans la mesure où le père de la fillette, qui est lui aussi une ancienne star du rock, et qui maîtrise la projection astrale, aimerait bien récupérer son enfant. Voyez, Mark Millar n’a pas le monopole des lamantins et des boules à idées.

La dernière création de Mirka Andolfo et Laura Braga chez Image Comics vient à peine de se lancer que, déjà, le chaos est total. Paradoxalement, le projet ne manque pas d’un certain charme dans cet espèce d’empilage absurde d’idées toutes plus hasardeuses les unes que les autres, depuis le design des personnages principaux (au hasard, la fille-chat, qui sort d’un animé japonais de niche adressé à une démographie extrêmement spécifique) jusqu’au concept fondateur. Dites vous bien que ce qui vous est décrit plus haut n’est pas résumé dans une sorte de bloc explicatif au début du premier numéro : l’histoire se compose au fur et à mesure que le scénario progresse, comme si Andolfo improvisait en cours de route. Même l’autre protagoniste (un papa un peu trop fan de rock qui vient tout juste de perdre sa femme - l’utilité de ce point de détail n’est pas encore très clair à ce stade de la série) semble perplexe face au récit qui lui est proposé des événements en cours. Un énorme bordel, oui, mais un bordel curieusement joyeux.

Tout bonnement parce que la curiosité pousse à voir jusqu’où les deux créatrices comptent pousser le délire, ou peut-être aussi parce que l’histoire ne prend aucun temps mort pour laisser le temps au lectorat de réfléchir et d’interroger ce qu’on lui raconte. Purr Evil se dévore comme un produit nonsensique, mais rapide, et qui repose sur des mécaniques toutes bêtes de films d’horreur à coups d’enfants maudits, d’enfants de la prophétie ou d’enfants du malin, seulement ponctuées par… des petits chats roses à trois yeux. Notez bien que cet ingrédient est en soi suffisamment vendeur (c’est vrai, c’est bien les petits chats roses à trois yeux). 

En somme, une lecture que l’on aborde moins par amour des grandes histoires, mais peut-être comme un genre de loufoquerie en mouvement. L’avantage du format mensuel : il est encore possible de se dépasser à chaque nouvelle séquence de quatre semaines. Et si vous doutiez encore de l’aspect désarçonnant de nos petits compagnons à quatre pattes… la preuve est faite. Un jour, ils nous tueront.

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Void Rivals #3 - Robert Kirkman & Lorenzo De Felici [Image Comics]

Passé le twist d'introduction de Void Rivals, qui est le titre de Robert Kirkman à la base de l'Energon-verse (ce grand univers partagé avec les reprises des licences Transformers et G.I. Joe), que vaut cette nouvelle série sur son lancement ? Hé bien, on aurait envie d'attendre encore quelque peu avant de se convaincre des qualités de la série, mais disons que le potentiel est là. En résumé, deux pilotes venus de planètes ennemies qui s'affrontent dans une guerre sans fin autour d'une sorte de trou noir se crashent sur une autre planète a priori inoccupée. Bon gré mal gré, ils tentent de mettre de côté leur passif pour survivre, comprenant que le conflit qui oppose leurs planètes n'est peut-être pas mené pour de bonnes raisons.

On a vu Lorenzo De Felici en meilleure forme tant du côté du chara-design général que de son découpage, mais Void Rivals est loin d'être vilain. Le troisième numéro, continue de nous emmener aux côtés de créatures issues d'autres licences, mais même si vous n'êtes pas connaisseurs, il n'y a rien qui empêche de lire cette série comme un parfait profane. Le troisième numéro est certainement celui qui prend au mieux le contrepied des attentes du lecteur, avec plusieurs résolutions de situations auxquelles on ne s'attend pas, et qui montre que Kirkman, malgré le statut un peu racoleur de cet Energon-verse, a des envies de surprendre avec son histoire. 

Difficile d'être totalement emballé par Void Rivals qui pourtant se suit sans déplaisir. Le réel potentiel de cette entreprise en comics ne pourra de toute façon qu'être jugé lorsque les autres titres débarqueront. L'avantage, c'est que novices comme connaisseurs pourront pour le moment y trouver leur compte.

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Ms. Marvel : The New Mutant #1 - Iman Vellani, Sabir Pirzada, Carlos Gomez & Adam Gorham [Marvel Comics]

Pour être franc, sur ce titre, on partait avec pas mal d'a prioris compte tenu de la gestion de la mort de Kamala Khan (franchement très mal exécutée) et des enjeux derrière (la validation de son statut de mutant pour se rapprocher de la version de Marvel Studios de l'héroïne), d'autant plus avec le fait de placer l'actrice Iman Vellani à l'écriture - cette dernière étant, pour rappel, celle qui joue Kamala Khan pour le MCU. Hé bien, ce premier numéro devrait calmer quelques mauvaises langues. D'une part, parce que la résurrection de Kamala a elle été bien mieux gérée (et que l'habillage de ce comicbook en lien avec les autres titres X-Men joue en sa faveur), et parce qu'Iman Vellani, secondée par Sabir Birzada, démontre sa connaissance du médium et de l'écriture et nous rappelle qu'elle avait postulé au rôle de Kamala Khan parce qu'elle en était déjà fan en comics.

On se retrouve donc avec un comicbook qui répond à certaines exigences éditoriales tout en se permettant d'avoir sa propre personnalité. On reconnaît dans les dialogues et les situations les ponts que Marvel cherche à faire entre les versions comics et écrans de Kamala Khan, mais l'écriture se montre assez correcte - du moins, mettons qu'on a déjà vu bien pire dans les parutions de la Maison des Idées. Au dessin, Gomez et Gorham font aussi un travail apprécié, avec ce qu'il faut de posing pour le nouveau costume de l'héroïne, et pour contrebalancer des moments d'action qui se succèdent de façon fluide avec des moments plus intimes, et parfois humoristiques. On retrouve un peu de tout ce qu'on aime chez Kamala (le côté adolescent, la famille, l'héroïsme) avec les nouveautés propres à cette mini-série (le statut de mutant et ce qu'il va entraîner pour Ms. Marvel). 

Si la façon de donner son statut mutant à Kamala n'était pas terrible dans l'exécution, la lecture de ce premier numéro donne envie de faire confiance à l'équipe créative et à ce qu'elle a à raconter. Les fans devraient être au rendez-vous pour cette ouverture qui constitue aussi un bon point d'entrée. Sans objectifs supplémentaires, la mission semble réussie.

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The Sacrificers #1-2 - Rick Remender & Max Fiumara [Image Comics]

L'arrivée d'un nouveau Rick Remender est obligatoirement un petit évènement et même un gros pour le monde des comics en creator-owned. Dans un monde de fantasy médiévale où coexistent espèces animales anthropomorphiques et factions d'apparences plus humaines, existe un rituel antédiluvien qui pousse une famille de chaque peuplade à devoir sacrifier l'un de ses enfants, afin que celui-ci aille servir les dieux et leurs mystérieux desseins. Parmi les "sacrifiés", certains sont persuadés qu'ils sont destinés à une mort certaine, d'autres dévots et habités par leur foi pensent que les dieux vont les amener au paradis. 

Première chose à noter immédiatement : le dessin de Max Fiumara est absolument splendide. The Sacrificers accroche l'oeil des les premières planches et on demande à en savoir plus de cet univers à chaque instant. D'autant plus que le chara-design effectué est remarquable, chaque protagoniste étant reconnaissable instantanément, l'allure allant par ailleurs de pair avec les comportements. Au terme de deux numéros, on traverse quantité d'endroits plus merveilleusement dessinés les uns que les autres, et si le but était à la fois de conter une histoire que de faire du world-building (comme on dit dans le jargon), l'entreprise ne saurait être mieux réussie. Ce qui est encore plus fort, c'est la façon dont Remender ne distille les informations qu'au compte-goutte ; un parti pris assumé qui pousse le lecteur à se poser de multiples questions, sans avoir de réponse immédiatement - et sans que cela ne provoque de la frustration, bien au contraire. La conclusion du second chapitre prend à revers et laisse penser que The Sacrificers peut aller dans n'importe quelle direction. 

En soit, un démarrage hyper convaincant pour un titre qui a bien des choses à dire sur la foi et les croyances, le maintien du statu quo dans les sociétés ou la notion de sacrifice pour le bien commun, tout en restant un échappatoire vers un univers dépaysant et coloré qui donne envie d'être encore et encore exploré. Vivement la suite.

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Birds of Prey #1 - Kelly Thompson & Leonardo Romero [DC Comics]

Belle petite nouveauté de cette rentrée chez DC Comics, la nouvelle série Birds of Prey vient accompagner l’événement du “Dawn of DC” pour donner une petite place aux héroïnes moins en vue. Kelly Thompson s’est associée au scénariste Leonardo Romero pour ce projet, pensé pour refondre la composition classique des Oiseaux de Proie. Et au passage, pour commencer à repeupler la “famille” Green Arrow et Black Canary, en ramenant Cynthia Lance (“Sin”), un personnage de l’ancienne continuité, au premier plan. Pour l’heure, l’intrigue reste survolée - ce premier numéro explique seulement que la jeune fille est en danger, et que Dinah Lance aura besoin de l’aide de ses amies pour lui porter secours. Mais, Barbara Gordon reste sur le banc de touche. Ce qui n’est pas non plus expliqué, seulement mentionné. Black Canary va donc solliciter l’assistance de Cassandra Cain, Big Barda, Zealot et Harley Quinn, dans une introduction qui brille surtout pour le formidable coup de crayon de Romero, parfaite synthèse des styles de dessin de l’âge d’or et de l’âge moderne.

Le dessinateur avait déjà eu l’opportunité de travailler avec Thompson sur la série Hawkeye, chez Marvel, et s’amuse ici à reprendre les Birds of Prey avec son adresse habituelle. Proche de Chris Samnee, Javier Pullido ou Marcos Martin dans l’idée, l’artiste s’amuse à composer avec les méthodes contemporaines d’illustrations de l’action (les fameuses techniques empruntées à David Aja : le déplacement de personnages dans un plan fixe pour les scènes de bagarre), avec des héroïnes expressives, dans des décors qui jouent avec les éclairages et le dynamisme général, additionné à des structures corporelles formelles, presque cartoon, des regards et des expressions faciales qui évoquent plutôt les comics d’une période plus “ligne claire” et un découpage à l’ancienne. La façon de présenter le costume de Cassandra Cain en dit long sur ces influences piochées dans les BDs des années soixante, qui rendent bien dans cette palette de couleurs sélectionnée par Jordie Bellaire.

Le scénario est encore un peu trop léger pour être encore commenté en profondeur. Thompson aime ses héroïnes musclées, blagueuses, faisant de Barda la noble guerrière au phrasé médiéval, de Cain l’introvertie pas très causante, de Zealot la commando’ musclée, etc. Un léger reproche sur l’écriture du personnage de Harley Quinn - la scénariste ne semble pas avoir tenu compte des enseignements de ces dernières années, au point de remettre la clownette dans sa posture de blagueuse traditionnelle, comme si Amanda Conner, Jimmy Palmiotti et le cartoon HBO Max n’étaient pas encore passés par là. En l’occurrence, cette petite faiblesse n’est pas une grande surprise pour Kelly Thompson (qui préfère généralement l’humour plus digeste, le gag en coin de case dans les dialogues mitraillettes et les sous-entendus complices - une méthode “à la Marvel”, voire “à la Bendis” qui se conjugue moins bien avec les personnages de cartoons). 

Pas de raisons de s’empêcher de pénétrer dans le projet, bien tenu, bien rythmé et bien campé dans ses archétypes au premier abord. L’équipe paraît prometteuse, le dessin aussi, autant se laisser tenter.

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Arno Kikoo
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