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En marge de la grève des scénaristes, la Guilde des Réalisateurs (DGA) signe un accord avec l'AMPTP

En marge de la grève des scénaristes, la Guilde des Réalisateurs (DGA) signe un accord avec l'AMPTP

NewsCinéma

Si le mouvement de grève des scénaristes américains (WGA) suit son cours, avec l'approbation de nombreux autres collectifs syndicaux des différents corps de métiers du cinéma et de la télévision aux Etats-Unis, la Guilde des Réalisateurs (DGA) a de son côté décidé d'opter pour la négociation. Les représentants de cet autre syndicat, chargé de défendre les droits des metteurs en scène, assistants réalisateurs, réalisateurs associés, etc, se sont réunis dans la journée de samedi avec les membres de l'alliance des producteurs (AMPTP). L'objectif ? Définir une nouvelle feuille de route, dans la mesure où l'accord signé pour les quelques dernières années arrivait à échéance.

La DGA estime avoir obtenu un certain nombre de garanties sur l'avenir - et notamment sur le terrain préoccupant de l'avancée des intelligences artificielles, dont la menace plane (également) sur les professionnels de la mise en scène. Mais aussi, des gains plus importants sur les productions pensées pour le streaming, des augmentations de salaires, élargissement des périodes de tournage (une journée supplémentaire par épisode, pour les séries dont les épisodes durent plus d'une heure), interdiction de l'utilisation de balles réelles sur les plateaux de tournage, professionnels de la sûreté obligatoires pour les pilotes de séries télévisées, etc.

WGA - DGA = AMPTP

La rédaction du Hollywood Reporter publie un état des lieux, dans la foulée des négociations de ce weekend. Les 19.000 adhérents de la Guilde des Réalisateurs seront amenés à voter mardi, pour adouber ou pour rejeter cette nouvelle charte négociée par les représentants du syndicat. Pour l'heure, les différents présidents de section se félicitent d'un accord historique, qui couvre plusieurs sujets et assure d'une amélioration globale des différentes strates de paiements perçus par les réalisateurs sous contrat. Notamment, l'ouverture du système des "résiduels" (les salaires perçus après exécution d'un travail précis - dans le cas du cinéma, les royalties, donc) aux territoires internationaux dans le cas des productions mises en ligne sur une plateforme de streaming.
 
Pour le dire plus simplement : jusqu'ici, les metteurs en scènes à la commande étaient payés une certaine somme à chaque fois que l'une de leurs productions étaient mise à disposition (et consommée) sur une plateforme de SVOD, mais pour Hollywood, le calcul des abonnés se cantonnait aux Etats-Unis. Un peu comme si un artiste musical français très écouté au Canada n'était pas rémunéré pour les écoute de ces fans lointains, parce que le système ne prendrait en compte que les auditeurs et auditrices au sein des frontières du pays. Il est donc assez facile de voir comment l'ancien système (ouvertement injuste, compte tenu des canaux de circulation qui existent aujourd'hui au sein des sphères de spectateurs pour les plateformes implantées à l'international) devait être réformé.
 
Ceci constituait l'un des points les importants dans les exigences de la DGA : face à la globalisation des services de streaming et la prolifération de produits nord-américains consommés en Europe, en Amérique du Sud ou en Asie, rendre aux professionnels de la mise en scène l'argent généré par le moindre spectateur. Les représentants du syndicat estiment que, pour les plus grosses plateformes (Netflix, Prime Video), le paiement en résiduels pourrait augmenter de 76% après validation de cet accord. Ou, sur une base chiffrée, aller jusqu'à 90.000 dollars sur trois ans pour la production d'un épisode de série télévisée de plus d'une heure (la durée influence le salaire et les versements à long terme). On imagine que cette somme embarque aussi les plus petites mains en bout de chaîne, assistants réalisateurs, secondes équipes, etc.
 
Dans les points plus secondaires : la Guilde des Réalisateurs a obtenu une augmentation automatique des salaires de 5% sur la première année de contrat salarié, de 4% sur la seconde et de 3% sur la troisième, et un gain de 0,5% pour permettre aux réalisatrices et réalisateurs de pouvoir endosser un congé parental le cas échéant. Egalement, dans le cas des "pré-pré-production" (ou soft prep), un type de situation qui désigne les premiers mois de travail bénévole d'un metteur en scène qui commence déjà à préparer un projet avant d'être officiellement sous contrat (soit parce que les périodes de pré-production sont trop courtes, soit pour prendre de l'avance en espérant ainsi accroître la qualité du produit fini), seront désormais rémunérées. 
 
Les assistants réalisateurs seront aussi exemptés d'une heure de travail quotidiennement, sans réduction de paye. En résumé, des avancées ici ou là, mais concernant le sujet de l'intelligence artificielle, la DGA n'a pas réussi à obtenir mieux qu'une sorte de contre-feu symbolique. A savoir, faire promettre au studio que l'IA ne volera le métier de personne. Or, actuellement, les logiciels ne sont de toutes façons pas suffisamment compétents (et on imagine que le débat sera forcément plus animé d'ici quelques années, quand viendra le moment de concevoir une nouvelle feuille de route). La mention en question ne concerne que les salariés syndiqués, et donc pas les infographistes des studios d'effets spéciaux ou les sous-traits étrangers qui participent déjà à la conception d'image en coproduction. Bref, une maigre forteresse, et qui ne constitue en aucun cas une réponse à l'alerte lancée par le syndicat des scénaristes il y a quelques semaines.
 
"· Intelligence Artificielle : L'accord révolutionnaire confirme que l'IA n'est pas à considérer comme une personne physique, et que les technologies de l'IA générative ne pourront pas remplacer les fonctions exercées par les membres de la DGA."

En parallèle, d'autres collectifs soutiennent le mouvement de la WGA, tandis que l'AMPTP refuse encore de céder aux revendication des auteurs et aux autrices du cinéma et des séries télévisées modernes. Si la rédaction du Hollywood Reporter estime de son côté que l'accord signé entre les réalisateurs et les producteurs/studio présage d'une possible sortie de crise d'ici les prochaines semaines, on serait en droit de se demander si l'AMPTP n'a pas justement cédé au salariés les plus indispensables pour continuer à tourner des images (et donc, les metteurs en scène) au moment où toute la chaîne de préproduction se retrouve bloquée par la grève des scénaristes.
 
En gros, accepter cet accord là, moins coûteux que celui proposé par la WGA, pour éviter d'avoir à faire face à une grève générale, être sûrs que les tournages qui ont lieu actuellement (et qui constituent les seules garanties de productions disponibles pour le marché d'ici les mois à venir, pour alimenter le flux) pourront se poursuivre, et avoir encore les moyens d'entretenir le bras de fer. A voir.
 
Corentin
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