Ahoy Comics s'intéresse au thème de l'humour corrosif à l'aune des débats modernes sur la liberté d'expression. Paul Constant et Fred Harper proposent de commenter l'évolution du discours des comédiens de stand-up depuis les années quatre-vingt dix, en suivant la trajectoire d'un ancien humoriste vedette plus vraiment en phase avec les modalités contemporaines de la vanne raciste, sexiste ou homophobe. Son histoire sera le sujet de la série Snelson, annoncée pour cet été, en marge d'autres nouveautés chez Ahoy Comics.
Comiques Should be Good
Il y a vingt-cinq ans, Melville Snelson était considéré comme l'une des voix de la comédie "acide". Le passage du temps et la prise de parole des minorités a toutefois ringardisé le gros de son discours, et ses blagues sont aujourd'hui considérées comme offensantes vis-à-vis des normes modernes. Désespéré, le bonhomme tente un retour sur scène en s'engageant dans une tournée d'humoristes, entouré par de jeunes comédiens engagés et actuels sur des thèmes plus conscients.
Avec ce terrain de jeu plutôt glissant, la série Snelson ne devrait pas se cantonner au rempart du "on peut plus rien dire". Le paragraphe de sollicitation officiel évoque plutôt le dernier souffle des prérogatives de l'homme blanc, jadis tout puissant et jamais remis en question sur aucun sujet ou aucune prise de parole, face à un monde qui décide finalement de demander aux artistes du modèle dominant de rendre des comptes. A voir.
Pour le premier numéro, Ahoy fait bien les choses en mandant une couverture variante à Peter Bagge, dessinateur satiriste vétéran de la presse (Hate, MAD) dans la tradition des Kurtzman ou Crumb. Une façon de mettre dans la boucle l'art de la carricature, équivalent graphique de l'humour noir ou de l'humour raciste pour pas mal d'artistes vedettes d'autrefois.
Snelson #1 est attendu pour le 4 août 2021.