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Suicide Squad Renégats Tome 1 : meilleure reprise de l'équipe depuis Ostrander

Suicide Squad Renégats Tome 1 : meilleure reprise de l'équipe depuis Ostrander

ReviewUrban
On a aimé• ENFIN une Suicide Squad qu'on se plaît à lire
• Une caractérisation et des échanges de très bonne facture
• Les Révolutionnaires, immédiatement attachants
• Un soupçon de géopolitique bien sentie
• Ne lésine pas sur les morts et les surprises
On a moins aimé• Ne dépassera pas quand même le stade de sérieux divertissement
• Quelques arrière-plans vide
• Seulement deux tomes
Notre note

Chez DC Comics, Tom Taylor s'est acquis une réputation de faiseur de miracles. Le carton Injustice, qui montrait qu'il était possible de réussir en comics une adaptation de jeu vidéo, n'était que le premier pas pour une avalanche de succès. Parce qu'Injustice s'est décliné à chaque fois avec une réponse favorable du public, et Taylor a ensuite pu embrayer avec son propre "marvel zombies", DCeased, avec deux spin-offs et une suite (qui vient tout juste de s'achever). Le point commun de ces titres ? Une excellente caractérisation des personnages de l'éditeur à deux lettres, et une facilité déconcertante, au vu de la nature d'Elseworld ce ces deux séries, pour Taylor de mettre à mort les héros et héroïnes. Aussi, quand on apprenait que l'auteur allait reprendre la Suicide Squad, on s'attendait à un nouveau jeu de massacre dans les planches de sa série, d'autant plus qu'il débarque sur ce titre avec Bruno Redondo, l'un de ses compères sur Injustice. Le constat est à peu près celui des attentes, mais son Suicide Squad : Renégats (le titre VF choisi par Urban Comics) va bien plus loin que ça, et s'impose comme la meilleure itération de la Task Force X... depuis le run initial d'Ostrander.


Et vive la révolution !

Pour affirmer de but en blanc une telle affirmation, il faut se rappeler ce qu'est dans son essence la Suicide Squad. Depuis bien trop d'années, et particulièrement avec le reboot des New 52, DC Comics avait décidé de faire de cette série une série B qui se contentait d'accumuler grosse action plus ou moins violente, avec un côté bourrin qui mettait de côté des éléments plus essentiels de la Task Force X. En premier lieu, le fait qu'il s'agisse d'une équipe de super-vilains employée par le gouvernement américain pour régler des conflits d'ordre politiques, sur lesquels les Etats-Unis ne pourraient pas se positionner publiquement.

  Ostrander en profitait notamment pour questionner l'interventionnisme américain, ce qui a toujours lieu d'être vingt ans après les débuts de la Suicide Squad, mais qui avait été mis de côté au profit de simples "missions très dangereuses" où l'action et l'ultra-violence passaient au premier plan, délaissant toute réflexion. Non pas que cette approche très divertissante n'a pas ses bons côtés (votre rédacteur n'a rien contre l'action décérébrée) mais un autre aspect était également souvent mis de côté : la nature même des acteurs de l'équipe, qui n'ont aucune raison de vouloir oeuvre ensemble pour un but commun. Et il ne s'agit pas que du simple ressort de mettre "un traître" dans l'équipe, mais de voir vraiment comment les intérêts personnels de chaque personnage alimentent la dynamique de groupe et forgent des interactions dopées aux répliques-mitraillettes, le tout amenant une certaine dose d'humour noir. Hé bien, vous l'aurez compris, il y a de tout cela avec Tom Taylor.


D'une part, le scénariste s'approprie la série en y mettant un peu de son sang australien, avec la création d'une toute nouvelle équipe de personnages, les Révolutionnaires. Des héros qui ont à coeur d'agir pour le peuple et contre un état défaillant et qui, en employant la méthode forte, sont évidemment qualifiés de terroristes par les pouvoirs publics. Au delà de cette radicalité qui trouve une justification dans les présentations de ces personnages, Tom Taylor réussit en l'espace de quelques numéros à rendre l'ensemble de cette équipe charismatique et attachante, par la force de leurs dialogues et d'une caractérisation efficace. C'est assez rare pour le noter immédiatement, et l'on s'attendrait à voir un spin-off sur ces Révolutionnaires émerger un jour ou l'autre (alors que DC Comics a eu bien plus de mal ces dernières années, malgré son forcing, à imposer des héros comme Harper Row ou Duke Thomas). Cette équipe voit ses rangs décimés en partie par la Suicide Squad, et doit ensuite mener une prochaine mission avec cette dernière. Tout de suite, la tension sera donc à son comble.


Mais pour les membres de la Task Force X, un chamboulement supplémentaire est au programme puisque Amanda Waller n'est plus la commanditaire de l'équipe, au grand dam de Deadshot ou Harley Quinn, habituée aux ordres d'une personne sans coeur, mais qui restait quand même dans une certaine limite de l'immoralité. Taylor nous montre donc une équipe aux tensions internes et externes exacerbées, ce qui fait que nul n'est réellement à l'abri : les héros ne peuvent pas s'entendre entre eux ; leur commanditaire, Lok, est un abruti fini, capricieux, qui compense son complexe d'autorité par des pulsions meurtrières. De fait, la mort est vraiment au tournant pour chacun des héros - Taylor profite en effet d'avoir un grand nombre de personnages pour en sacrifier l'un ou l'autre sans remords. En découle un sentiment de danger qui prend part sur toutes les pages, avec un scénario qui se prête joyeusement au jeu des faux-semblants et des retournements de situation. Les protagonistes se détestent entre eux, et on adore voir cela. Une partie du charisme revient d'ailleurs aussi au chara design de Bruno Redondo, qui se montre très en forme sur l'ensemble des numéros, et dont on profite bien mieux du savoir faire sur des pages entières que sur les demi-planches imposées par le format "Digital First" d'Injustice.

A côté, Taylor n'en oublie pas d'insuffler ce qui manquait le plus à la Suicide Squad depuis de nombreuses années : les ressortes géo-politiques. Les Révolutionnaires sont donc, comme vous l'avez compris, des activistes anti-armée et anti-nucléaires ; la première mission de la Task Force X consiste à pourrir le résultat d'une élection déjà truquée dans un pays déstabilisé par le gouvernement américain ; et bien entendu, tout n'est pas aussi simple que ce qu'il en a l'air (à part que Lok est un fichu trou du cul). L'équipe en vient à s'interroger sur le bienfondé de leurs actions, sur les implications morales de leur travail, tout super-vilains qu'ils sont - parce que ces vilains ne sont pas dénués d'un peu de logique ou de sens moral. En outre, les dialogues fusent à chaque instant, le scénariste faisant une nouvelle fois preuve d'une maîtrise des protagonistes, avec une Harley Quinn qui n'a jamais été aussi agréable dans un titre Suicide Squad... parce qu'elle ne l'avait en fait jamais vraiment été depuis l'intégration forcée dans l'équipe.

On vous l'aura déjà mentionné précédemment, mais Bruno Redondo exécute également un très bon travail sur l'ouvrage. Il participe à rendre une tripotée de nouveaux personnages attachants. Sa mise en scène rend l'action vivifiante, et les moments "choc" fonctionnent car le dessinateur sait les orchestrer, avec un certain nombre d'outils pour contrôler le regard de son lectorat, et l'amener avec le bon rythme là où l'équipe veut l'emmener. On pourra simplement nuancer cet accueil avec un dessin qui ne mise pas trop sur les décors et se contente (comme beaucoup d'artistes actuels, et c'est aussi dû au rythme de publication en VO) surtout de placer les personnages au premier plan. Cela reste assez léger néanmoins, pour la plupart des planches, l'espace est bien utilisé, et l'artiste s'évertue à rendre correctement le lieu de l'action. Le tome s'adjoint également un numéro Annual #3 de la série The Flash, de Joshua Williamson. Votre rédacteur a abandonné depuis longtemps le titre régulier à cause du scénariste, mais ce numéro profite d'une très bonne lancée et d'un humour ravageur qui en fait un parfait bonus au premier arc de Taylor et Redondo - et l'on pourra féliciter Urban Comics d'avoir inclus ce single issue dans le programme - afin de rallonger un poil le temps de lecture.

Un faiseur de miracles qu'on vous dit. Après de longues années en jachère, la Suicide Squad retrouve enfin un réel intérêt sous la plume de Tom Taylor. Interactions aiguisées au couteau, nouveaux personnages attachants, sentiment de danger omniprésent et intrigue géopolitique prête à de multiples rebondissements, c'est un joyeux cocktail percutant et divertissant qui s'offre au lectorat avec ce premier tome de Suicide Squad : Renégats. Dommage que le trajet soit si court (le second tome sera le dernier de ce run), mais quand il est bon ? Hé bien, il est bon, et c'est tout ce qu'on attendait.

- Vous pouvez commander Suicide Squad : Renégats Tome 1 à ce lien

Arno Kikoo
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