En ce début de mois de juin, c'est là que les choses sérieuses vont commencer à se faire pour l'industrie des comics. Le redémarrage après la pause forcée des éditeurs, des conséquences de la pandémie de Covid-19, se fait plus important. Notamment du côté de la VF, puisque progressivement Panini Comics, Urban, Delcourt et toutes les autres maisons d'édition rattrapent le retard accumulé. Du côté de la VO, si tout n'est pas encore à plein régime (par exemple, Marvel ne sort aucun single issue cette semaine), il y a déjà de quoi lire jusqu'à vous faire tourner la tête à ne plus savoir dans quelle direction.
C'est dans cette optique, guidée par notre volonté altruiste de vous maintenir au coeur de l'actualité, que la Checklist Comics est une fois de plus de retour (et vous avez vu ? On est à l'heure cette fois), afin de faire le tri dans les nombreuses parutions du moment. Bien entendu, il s'agit pour nous à la fois de vous rappeler quelles sont les sorties "chaudes" du moment, tout comme vous conseiller sur les titres de qualité qui nous plaisent le plus. Du côté de la VO comme de la VF, nous ne sommes pas exhaustifs, aussi si un comicbook manque dans cet article, c'est avec joie que nous vous proposons de nous en faire part dans les commentaires. Ce qui profitera à toute personne passant sur cet article qui plus est ! En tous les cas, que vous rattrapiez les nouveautés ou que vous finissiez encore votre PAL, on vous souhaite de bonnes lectures !
Cette semaine, Garth Ennis est de retour aux manettes de The Boys, pour un hybride entre suite et préquelle. L'encreur de Darick Robertson, Russ Braun, récupère les dessins, pour un rendu fidèle aux pages de la série originale. Côté intrigue, Dear Becky s'intéresse à la femme de Billy Butcher, dont le destin tragique inspirera sa croisade contre les héros costumés, et, en parallèle, à un Wee Hughie plus vieux et un poil plus alcoolique cherchant à recoller les morceaux de sa romance brisée. En résumé, remettre l'amour au coeur de l'univers très viril des Boys, avec le même goût pour la violence graphique, les vannes de sale gosse et les accents des bouseux du Royame-Uni chers à l'écriture de Garth Ennis, Irlandais expatrié aux Etats-Unis. L'univers n'a pas pris de ride, comme si la série venait juste de s'achever. On repart pour un tour ?
- Commander chez Comics Zone (à venir)
Du côté d'Image Comics, on compte sur le retour d'une série horrifique qui se sera faite remarquer ces dernières années. Nailbiter nous emmenait dans une ville où seize serial killers étaient nés, pour un titre assez glaçant (publié en VF chez Glénat Comics). Pour les amateurs de la série en VO, Williamson revient donc à son titre avec une suite, qui voit des imitateurs des tueurs du premier volume faire surface. Pour les arrêter, l'agent Finch, héros de la première série, va devoir se trouver une alliée qu'il n'aurait pas forcément souhaité : la fille du Nailbiter, justement. Un pitch de team-up qui ne sera pas aussi sans rappeler le Silence des Agneaux, avec un Mike Henderson toujours efficace aux dessins. Pour les habitués, on imagine que le retour était attendu !
- Commander chez Comics Zone (à venir)
Les anniversaires se poursuivent et ne se ressemblent pas forcément chez DC Comics, excepté dans cette envie de proposer de gros numéros anniversaire pour ses personnages. Catwoman a donc elle aussi le droit de fêter ses 80 balais, en compagnie de Robin, Joker ou prochainement de Green Lantern. Le principe ne change pas : des équipes créatives diverses et variées se retrouvent pour de courtes histoires, avec des artistes et auteurs/autrices qui ont marqué l'historique de Selina Kyle, récemment ou plus loin par le passé. Ici, on sera ravis de retrouver Cameron Stewart et Ed Brubaker, Tom King, Paul Dini, Mikel Janin, Steve Rude - en somme du bien beau monde. Bien entendu, il faut aussi s'attendre à ce que tout ne soit pas exceptionnel : c'est la règle du jeu. Le one-shot se destinera avant tout aux amoureux et amoureuses de l'héroïne. Puis cette cover de Joëlle Jones aussi... comment voulez-vous rrrrrrrésister ?
- Commander chez Comics Zone (à venir)
Vous en avez déjà sûrement entendu parler à droite à gauche, et ce depuis ses débuts en VO l'an passé. L'arrivée de Jonathan Hickman sur les X-Men fait son grand départ dans l'offre mensuelle des Softcovers de Panini Comics. Si l'éditeur accuse toujours le coup de l'augmentation de ses revues, il n'y a pas à tergiverser bien longtemps : ce premier numéro - ainsi que les trois autres - valent très clairement le coup. Que vous soyez un habitué des mutants, et déçu des dernières années de publication qui, clairement, n'étaient pas fameuses, ou que vous ayez envie de découvrir l'univers des X-Men, House of X/Powers of X est pour vous. Un nouveau postulat établit que Xavier a accompli son grand rêve : créer une nation mutante qui devrait pouvoir cohabiter avec l'espèce humaine. Mais entre la peur de ces derniers, et les crises en interne qui peuvent s'établir, l'intrigue, dense et complexe de Hickman, qui mêle passé, présent et futur, prend une dimension fascinante. Avec ces deux gros numéros d'introduction se posent déjà de multiples bases et questions sur ce que l'auteur prépare, ce dernier étant accompagné de Pepe Larraz et R.B. Silva au sommet de leur forme. On y revient bientôt dans un article dédié, mais c'est clairement une sortie à ne pas louper.
On vous a souvent parlé de Giant Days, excellente série "tranche de vie" sur des étudiantes, primée de plusieurs Eisner Awards. Publiée chez Akileos (un éditeur avec qui on prenait plaisir à discuter en début d'année), la publication s'offre à présent une réédition dans un très joli format d'intégrale cartonné, avec une couverture unie et un soin apporté à l'objet livre qui le rend très attrayant. Sur le contenu, on ne change pas une recette qui marche : on continue de suivre le semestre des attachantes Susan, Esther et Daisy, entre cours, les coups au bar, les flirts, et autres joyeusetés du quotidien. Bien conté, très joliment illustré, Giant Days est aussi là pour vous faire sortir de votre zone de confort avec un récit du quotidien calme, amusant et rafraîchissant. La lecture feel good qui peut se révéler très utile en ces temps.
Pour les amateurs de ferraille, de muscles, d'aventures, et de femmes qui n'ont pas peur de prendre froid, le second volume du Conan de Jason Aaron et Mahmud Asrar est tombé chez Panini Comics. Série principale sur le barbare dans la longue liste des projets basés sur cette licence, le titre rend hommage au talent de l'écrivain Robert E. Howard pour les histoires courtes en enchaînant (depuis un certain temps maintenant) les aventures auto-contenues, seulement connectées par des indices de continuité superflus. Le talent d'Aaron pour la double narration temporelle se manifeste moins sur ce titre que sur Thor, encore qu'il s'agisse là-encore de compiler une mythologie vaste et de rendre l'arme à la main du guerrier. En résumé, Conan tue : des pirates, des loups, des possédés, des démons, et va même tenter de coller une beigne à son propre dieu, au cas où les enjeux manqueraient. Lecture sympathique, agréable et bien dessiné, le titre se laisse découvrir sans déplaisir en adhérant aux codes de fiction de cette fantasy brutale, sans pour autant laisser un souvenir impérissable. En cherchant à satisfaire les fans de Howard, Marvel laisse finalement peu de place aux arcs de très grande ampleur, et, compilé dans un relié, le côté plan-plan d'un récit en forme de grand recueil de nouvelles se ressent sans doute davantage. Pas de quoi freiner le confort de lecture, heureusement, pour qui aime les épées affutées et les gnons dans la gueule (car souvenez vous : c'est en marchant dans les entrailles que les barbares montent à l'assaut).
Dans la collection Black Label d'Urban Comics, qui va connaître une grosse expansion dans les prochains mois, on accueille cette semaine Last Knight on Earth, présenté comme le point final des aventures du Chevalier Noir par la team Snyder/Capullo, qui l'avait emmenée très loin pendant leur run sur Batman. Si le duo nous avait vraiment donné mal au crâne avec Batman : Metal, Last Knight on Earth se montre bien plus digeste, et étonnamment appréciable. Le côté post-apocalyptique donne envie d'en savoir plus sur ce monde désolé, et la quête d'un Batman, accompagné d'une tête du Joker dans une jarre, poursuit les idées que Snyder avaient implantées tout au long de son run. Il y a une finalité et une cohérence dans cette histoire, qui exploite jusqu'à sa dernière limite le über-Batman dont Snyder est si fier. Capullo tient une cadence assez admirable et propose des designs intéressants. Si l'on reconnaît une fois de plus des envies de trop en faire, le tout sait se contenir et n'en devient pas boursouflé comme leurs autres récentes frasques. Du coup ? On recommande, tout simplement.
- Commander chez Comics Zone (à venir)
Retour chez Akileos avec une autre sortie atypique, que l'on met en avant ici par pure curiosité, et parce qu'il faut savoir sortir de sa zone de confort. Space Boy est un graphic novel de Stephen McCranie qui nous présente Amy, une jeune fille qui vit sur une colonie minière au fin fond de l'espace. Elle associe à chaque personne une couleur, et le jour où elle se rend sur Terre, en plus de découvrir un univers qu'elle ne connaît pas du tout, elle rencontre un garçon étrange... qui n'a pas de couleur. Une histoire à la fois touchante, mais aussi avec son lot de mystères (parce que le jeune homme en question a un certain secret, qu'il est aussi question d'un meurtre), portée par un dessin tout en courbes et marqué réellement d'une "touche indé". Comme souvent, Akileos a le don de trouver des albums bien différents - et les curieux devraient donc y jeter un oeil !
On termine avec une autre entrée de Panini Comics, avec ce tome qui vient ouvrir une nouvelle collection chez l'éditeur. A l'instar d'Urban Kids en face, la maison française propose des histoires au format souple et à prix réduit (10€) qui sont tirées des publications jeunesse qu'IDW produit sous licence Marvel. On retiendra ici Spider-Man pour l'emphase qu'il y a avec Miles Morales et Spider-Gwen, symboles nécessaire de cette jeunesse Marvel renouvelée et porteuse de valeurs modernes. Bien entendu, le titre est à conseiller aux plus jeunes - que vous ayez des enfants ou bien dans votre entourage, c'est avec ce type de lectures que vous pourrez sûrement leur inoculer le virus comics. Et puis, la lecture, vraiment, c'est bien. On est d'accord ? C'est bien.