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DCeased : une apocalypse zombie qui a du coeur

DCeased : une apocalypse zombie qui a du coeur

ReviewUrban
On a aimé• Une carte blanche bien utilisée par Tom Taylor
• Hairsine efficace dans l'horreur
• Un auteur qui connaît et aime ses personnages
• Haletant dans ses rebondissements et l'ambiance urgente
On a moins aimé• Un tie-in plutôt dispensable
• Quelques trous scénaristiques
• Ça reste un titre zombie parmi d'autres titres de zombies
Notre note

Dans son parcours chez DC Comics, il est facile de voir un gimmick se dessiner dans les différents récits qu'a proposé le scénariste australien Tom Taylor. Les lecteurs de ses débuts se rappellent comment, au moment où Injustice premier du nom accumulait les morts violentes dans ses premiers chapitres, un Superman corrompu assassinait Steppenwolf de sang froid dans Earth 2. Cette façon de tuer des personnages DC est devenue comme une marque de fabrique, et c'est donc avec curiosité que l'on attendait DCeased à son annonce. Après quelques années chez Marvel, Tom Taylor revenait enfin à son écurie préférée, pour faire supposément ce qu'il sait faire de mieux. Alors qu'un spin-off a démarré de l'autre côté de l'Atlantique (déjà prévu en VF pour l'été prochain) et qu'une suite est officielle, regardons de plus près ce que vaut DCeased premier du nom, profitant de sa sortie récente chez Urban Comics.

Vous vous rappellerez peut-être que le premier chapitre de DCeased, lors de sa publication en anglais, n'avait que moyennement convaincu votre rédacteur. C'est que dans son démarrage, le récit ne semblait pas des plus engageants, et pourtant. Pour les retardataires, rappelons le principe de base : après une invasion de la Terre encore une fois ratée, Darkseid décide d'utiliser Cyborg pour créer une version corrompue de l'Equation d'Anti-Vie, qui serait mi-organique mi-numérique. Mais en croisant l'équation avec les facultés du Black Racer, le Tyran d'Apokolips créée un élément incontrôlable, qui le terrasse, et alors que Cyborg réussit à retourner sur Terre arrive l'irréparable. La nouvelle équation se propage en effet autant par le sang que par tout signal numérique - écrans, smartphones - ce qui, dans une société moderne ultra connectée, l'attire vers son exctinction.


Le monde fait donc face à une épidémie terrible, puisque désormais cette équation d'Anti-Vie, dont le principe général est d'absoudre ceux qui la subissent de toute volonté propre (une métaphore que Jack Kirby associait à la pensée totalitariste exercée sur les citoyens par le IIIe Reich), a désormais un but plus littéral : celui de propager la Mort, à n'importe quel prix. Les super-héros se trouvent vite désemparés, et doivent alors faire tout ce qu'il est possible pour contenir l'épidémie, y faire face, sauver les survivants, Tom Taylor allant dans une situation qui commence déjà bien mal, et qui va être de plus en plus désespérée. En lui donnant carte blanche, DC Comics permet au scénariste en effet d'aller très loin dans le dark, ici justifié par l'histoire, avec des situations tantôt horrifiantes, tantôt touchantes, mais très souvent surprenantes.

Qu'on ne s'y trompe pas, DCeased dans son ambition est essentiellement porté sur le divertissement, en reprenant à la sauce DC le genre zombie, tel que Marvel Zombies l'avait fait des années plus tôt (et avec toutes les suites que l'on connaît), l'avantage par rapport à un Blackest Night étant qu'avec le hors-continuité, tout est permis. Tom Taylor en profite pour, d'ailleurs, mettre les pieds dans le plat dès le départ en faisant disparaître ceux dont on s'attendrait à ce qu'ils restent debout jusqu'à la fin du jeu de massacre, quand d'autres héros vont prendre des rôles qu'on n'attend pas. L'ensemble se montre assez organique dans le déroulé, car s'il y a bien une chose qui caractérise l'écriture de Taylor, c'est l'amour sincère qu'il porte à ses personnages.


On reconnaît d'ailleurs la large préférence à Superman du scénariste, puisqu'il arrive à le porter en un beau symbole d'espoir malgré les situations terrifiantes en face, tant du point de vue du héros que de celui de Clark Kent. On retrouve également l'attachement de l'auteur à certains personnages comme Harley Quinn ou Black Canary, qu'il avait déjà démontré dans Injustice. Le lectorat habitué se trouvera donc en terrain connu, quand les nouveaux venus pourront découvrir des personnages DC reconnaissables, attachants, tout en se laissant entraîner dans des séquences particulièrement sanglantes, faisant intervenir une multitude de personnages de l'univers DC pour quelques moments choc bien sentis, DCeased restant assez premier degré dans son approche.


Le déroulé étant raconté au passé, certaines ellipses permettent à Taylor de se défaire de quelques soucis de cohérence ou de ne pas aborder des points de détails, et c'est là l'un des écueils que l'on peut trouver à DCeased - outre que le récit ne plaira pas à ceux qui cherchent quelque chose de plus poussé intellectuellement. Si ce n'est qu'on peut quand même y voir une forme de critique sur l'ultra connexion de nos sociétés et l'ultra rapidité qui en découle. A cet égard, le sentiment d'urgence est au moins bien retransmis. Urban intègre dans le recueil le one-shot A Good Day to Die qui permet d'aller voir ce qu'il se passe avec d'autres personnages de second plan (Mister Miracle, Big Barda, Mr. Terrif) pour faire ensuite le lien avec la trame principale. L'idée est bonne, même si le numéro pêche par sa partie graphique, malgré la présence d'un Darick Robertson assez rare chez DC maintenant.

Pour le reste, Trevor Hairsine se montre efficace et plutôt constant sur l'ensemble de cette mini-série. Si l'on est assez loin des trouvailles que l'artiste a pu mener, par exemple, sur Divinity, les planches sont efficaces pour le registre horrifique. La présence de Stefano Gaudiano (The Walking Dead) à l'encrage n'y est peut-être pas pour rien sur l'aspect sanglant, et DCeased ne démérite pas de son côté "pour public averti". La lisibilité se veut correcte avec un découpage assez classique, et des planches qui respirent, Hairsine apportant malgré tout un certain soin à ses décors. Quelques ratés se retrouveront au niveau des visages, qui ont pour mérite d'être bien expressifs, un facteur des plus importants pour ce type d'histoire dramatique. Les zombies et personnages zombifiés sont en tout cas une franche réussite, et participent au plaisir de lecture général que DCeased propose - comme lorsqu'on se matte un bon film de morts-vivants.

Au final, si l'on pouvait craindre que DCeased ait du mal à raviver le genre zombie, déjà très présent en comics, Tom Taylor réussit à produire une oeuvre divertissante (pour les fans d'horreur) autant qu'attachante. L'auteur connaît ses personnages et les aime profondément, et le montre, tout en se permettant quelques scènes et libertés bien folles, avec une carte blanche dont il sait se servir. Graphiquement, Hairsine et ses compères remplissent leur tâche : c'est violent et gore sans être trop hardcore, les émotions se dégagent des visages, et si l'ensemble ne marquera certainement pas l'histoire du comicbook à jamais, DCeased est un projet honnête à la hauteur de ses ambitions. Et c'est tout ce qu'il suffit.

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Arno Kikoo
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