En cette période de début de l'Avent, et puisque vous êtes sûrement très attachés aux traditions chrétiennes, il va sans dire que cette semaine aussi, vous avez eu envie de lire beaucoup de comics (Jésus lisait des comics, voyez-vous. Si, si, c'est écrit). Malheureusement pour votre compte en banque et le manque de temps, vous ne pouvez pas lire toutes les nouvelles sorties, qu'il s'agisse de VO ou de VF, qu'il s'agisse de super-héros très mainstream ou d'indé' de niche, qu'il s'agisse des titres les plus qualitatifs du moment ou des séries les plus "grosses" parce que l'évènement éditorial, ça se travaille aussi. Fort heureusement, et même quand elle est en retard, la Checklist Comics faite maison est là pour vous aiguiller un peu !
Comme toujours, on vous rappelle que cette sélection n'est pas exhaustive et que si l'une ou l'autre de vos sorties préférées du moment ne s'y trouve pas, ce n'est pas forcément une erreur ou un manque de considération : alors on vous invite également à en parler dans l'espace commentaire afin d'en faire profiter un maximum de monde ! On vous souhaite de bonnes lectures dans tous les cas !
Après une intro' pensée pour préparer le nouveau départ de John Constantine, l'anti-héros amateur de bière blonde et de tabac brun semble bel et bien avoir quitté les plaines verdoyantes et proprettes du DC Comics en canon. Revenu en Angleterre - l'Angleterre du présent, qui plus est - l'exorciste ne reconnaît plus les moeurs et les codes de ce pays en plein basculement. Sur fond de problématiques sociales, Constantine est engagé par le meneur d'un gang local, dont les membres sont assassinés un par un par une bande d'anges cannibales. Blagues étranges, dialogues frappés d'argot des quartiers, accent à chaque bulle et promesse de violence sans concessions, le Hellblazer a enfin retrouve sa liberté de ton, ses plaisirs esthétiques et un John redevenu la belle ordure d'autrefois, après des années à errer dans le triste contexte des New 52/DC You. Une véritable renaissance stylistique, inspirée par le style de Garth Ennis et l'Angleterre politique de Delano, pour qu'enfin, les fans aient un peu de Vertigo à se mettre sous la dent. A lire.
En ce mois de novembre, le Dark Multivere et le Year of the Villain sont encore et toujours à l'honneur, puisque 2019 voit DC Comics continuer de mettre l'emphase sur ses super-vilains et sur la prétendue noirceur omniprésente de son univers. Pas forcément dénuée de tout intérêt, l'entreprise Tales from the Dark Multiverse s'amuse à revisiter certains des plus grands récits de l'éditeur sous un prisme "dark" - la chose amusante étant qu'une bonne partie des histoires sélectionnées fasse déjà partie de moments bien lugubres dans l'historique de DC Comics. Quoiqu'il en soit, on sera curieux de voir cette version revisité d'Infinite Crisis, qui reste à ce jour l'un des meilleurs events de DC Comics (Geoff Johns, revient, ils sont en train de tout casser...) - dans cette reprise, Blue Beetle ne va pas mourir - ouf ! - mais les conséquences seront en fait bien pires que ce qui est arrivé dans la continuité principale. A voir si la promesse de mêler également ces récits à une "Crisis" de plus grande envergure (qui arrivera l'année prochaine) sera tenue au bout du compte. Vous en êtes, vous ?
Après avoir présenté les premiers pas de l'univers Marvel et la création des Fantastic Four, Tom Scioli poursuit son entreprise de catalogue mémoriel des grands moments de l'équipe des Quatre Fantastiques. A commencer par l'apparition de Galactus sur Terre, un immense moment où le dessinateur s'applique à synthétiser et imiter la narration du grand Jack Kirby - suivront le Black Panther et son Wakanda, les Inhumans, la naissance d'Adam Warlock, Ego, et autres inventions cosmiques de cette époque fleuve obsédée par les étoiles et la création permanente. Moins obsédée par les cases de narration d'Ed Piskor, la série de Scioli se base essentiellement sur les dialogues, et avance vite vers son idée de compilation. Souvent bordélique et chargée, les pages reproduisent la sincérité et l'angle psychédélique développé dans les proto-récits du Silver Age, où tout était possible, et où tout arrivait vite, de numéro en numéro. Un superbe hommage à l'oeuvre de Lee & Kirby, avec un travail d'imitation de trait efficace, où le trait plus "mou" de l'artiste, assorti à des couleurs plus simples, est un joli clin d'oeil à la qualité d'impression et de papier de ces premières revues de l'époque Marvel. Toujours un plaisir, pour se documenter, replonger dans le passé, ou découvrir comment tout un univers, fascinant, a vu le jour, par petites briques.
Rares sont les projets de quatre numéros que l'on est prêt à attendre pendant deux ans, sans rechigner. Batman : Creature of the Night est un de ceux là. Après Superman : Identité Secrète, Kurt Busiek livre une analyse passionnante du mythe de Batman en le transportant dans un autre contexte, et en mettant face à face le héros de la culture pop avec son pendant concret, pour raconter Batman, explorer Batman et revenir à l'essence originelle de ce personnage unique en son genre. Pour ce quatrième numéro, Kurt Busiek et John Paul Leon auront traversé de lourdes épreuves dans la vie réelle, sans broncher, et sans que la qualité du bouquin n'ait été sacrifiée à un seul instant. De pages magnifiques en paraboles fascinantes, cette dernière publication marque la fin d'une grande mini-série, un autre classique signé par l'auteur d'Astro City qui aura sans doute mieux compris que d'autres comment parler de super-héros autrement. Hommages à Frank Miller, dans le fond et la forme, hommage aux comics du Silver Age, déconstruction fascinée de l'orphelin en colère, le numéro s'accompagne d'une post-face géniale signée par le scénariste (qui vous remercie de votre patience) et viendra bientôt sanctifier un relié à ranger avec les Year One, Ego et Arkham Asylum dans cette veine d'oeuvres qui font du justicier de Gotham City un héros de fiction aussi abouti et passionnant. Achetez, achetez les numéros précédents, achetez les en triple si besoin - et on espère maintenant que John Paul Leon survivra à la maladie pour continuer d'accompagner le monde des comics de ses magnifiques coups de crayons.
La grande relance mutante Dawn of X se poursuit tranquillement et si toutes les séries lancées sous cette ère ne sont pas excellentes, on revient avec plaisir sur ce second numéro des New Mutants. Sous la houlette de Jonathan Hickman, Ed Brisson nous emmène en effet dans l'espace avec l'équipe originale des New Mutants et le démarrage a de quoi être rafraichissant. Moins politique qu'un House of X et moins brutal qu'un X-Force, le titre se démarque par son contexte spatial et une dynamique assez légère, qui fait la part belle à la dynamique de groupe et à un certain humour. Les Nouveaux Mutants se sont embarqués dans une affaire de braquage sur le territoire Shi'Ar et sont retrouvés dans une situation quelque peu inconfortable - attendu que le vantard Sunspot doive les tirer d'affaire. Sympathique, le titre profite aussi d'une très jolie prestation artistique avec le style de Rod Reis, tout en peintures sur ses crayonnés - un petit régal pour les yeux. On recommande chaudement.
En continuant de tâtonner sur la mode des symbiotes engendrée par Donny Cates et Ryan Stegman, Marvel s'intéresse à une nouvelle déclinaison de Scream dans Curse of Carnage #1. Andi Benton est désormais l'hôtesse de cette rejetonne de Klynthar aux cheveux longs, et va devoir se frotter à une race de malveillantes créatures sous-marines tout en essayant de se débarrasser de son costume alien. Versée dans la stylistique des années 1990, la série développe de jolis dessins dans un environnement très sombre où chaque coin de rue est inhospitalier, où l'héroïne vit dans la rue et croise à intervalles réguliers de méchants individus tous armés de couteaux. Plutôt bien rythmé, ce premier numéro a l'avantage de développer le mythe symbiotique dans l'esthétique conventionnelle de jungle urbaine et monstrueuse typique de Venom, avec un personnage plus travaillé que prévu - attention cela étant, si vous n'êtes pas de l'école McFarlane ou ne ressentez pas un besoin particulier de plus de symbiote dans vos vies, d'autres sorties plus prioritaires existent chez Marvel cette semaine. Pour ceux qui auraient un appétit de schizophrénie alien et de bagarres de rue avec pas mal de noirceur et un peu d'horreur, la proposition semble appropriée.
Passons à présent du côté de Dark Horse Comics avec une nouvelle incursion dans le Mignola-verse. Si l'on regrette encore et toujours de ne plus retrouver ce dernier aux dessins de ses co-productions, c'est avec plaisir qu'on accueille ce sixième volume des aventures de Sir Edward Grey, ce chasseur de l'occulte apparu dans les pages de Hellboy, avant qu'il n'ait droit, de façon régulière, à ses mini-séries où l'historique et le fantastique se mêlent joyeusement. Pour cette nouvelle aventure, Grey se lance aux trousses de Jack L'Eventreur et retrouvera à cette occasion son amie Sarah Jewell, qu'on avait pu voir dans Rise of the Black Flame, un précédent titre en spin-off sur cet ennemi important du B.P.R.D.. Chris Roberson et Christopher Mitten officiaient déjà d'ailleurs sur cette mini-série, et c'est donc tout naturellement qu'on les retrouve là. Pour ceux qui aiment voir l'univers d'Hellboy continuer de s'étendre, le rendez-vous sera, à l'évidence, à ne pas manquer.
Si jamais il vous restait quelques deniers après avoir fait le tour de vos indispensables, peut-être irez vous jeter un oeil à ce Conan 2099. Après que Marvel a récupéré les droits du personnage et se soit déjà autorisé à réorganiser une rencontre entre le Barbare et son univers super-héroïque (avec Savage Avengers), c'est dans le revival de son univers futuriste 2099 que Conan se retrouve, puisqu'une malédiction l'a rendu immortel. Toujours avec Duggan aux commandes, et Roge Antonio sur la partie graphique, le numéro doit voir le Cimmérien lutter pour son royaume dans ce futur lointain ; au delà du mélange improbable, on se rappellera que de précédents essais guerriers-futuristes (pensons Camelot 3000 pour le meilleur exemple) existent, et l'on n'est donc peut-être pas à l'abri d'une bonne surprise ? Allez, pourquoi pas.
Avec un tout petit peu de retard vis-à-vis du planning initial, la troisième pierre (et dernière ?) de l'édifice Toyo Harada chez Valiant de Joshua Dysart nous parvient en VF. Suite d'Harbinger et d'Imperium du même auteur, l'ouvrage retrace le destin de ce psiotique le plus puissant de l'univers et de son rêve d'amener la paix sur Terre, quitte à le faire de façon totalitaire, qui ne verra pas forcément le jour tel qu'il aurait aimé le faire. Toujours très politique, mais se laissant aussi échapper à des discussions à la fois scientifiques et philosophiques, Vie et Mort de Toyo Harada détonne par l'importance accordée à chacun des membres (atypiques) de l'équipe d'Harada, et l'utilisation de leurs particularités, de discours à la fois touchants et qui portent à la réflexion. En outre, Dysart s'entoure d'une farandole d'artistes qui viennent apporter de la variété à la prestation déjà excellente de Cafu sur les dessins. Pour ceux qui ont déjà découvert les précédents titres, une conclusion immanquable. Pour les autres, il est grand temps de s'y mettre !
On connaît Rick Remender pour ses excellentes séries lancées durant "l'âge d'or d'Image Comics" avec Black Science, Low ou Deadly Class, mais en amont, l'excellence était déjà de mise avec le titre de science-fiction Fear Agent, à la publication en VO assez chaotique (entre Image et Dark Horse et de nombreuses pauses de parution). Fort heureusement, Akileos s'est chargé de la VF - et pour les fêtes de fin d'année, un superbe omnibus contenant l'intégralité de la série plus le tome "Tales of the Fear Agent" - de quoi vous occuper largement dans ce récit qui met en scène Heath Huston, ancien exterminateur d'aliens qui reprend du service le jour où il découvre qu'une gigantesque conspiration spatiale se fomente. Remender est entouré des talentueux Tony Moore et Jerome Opeña sur la série et si vous n'avez toujours pas lu la chose, voici une parfaite occasion de découvrir le tout !
Après une longue série à succès (primée notamment à Angoulême), Ms Marvel prend un nouveau départ avec une relance façon Fresh Start avec l'arrivé du scénariste Saladin Ahmed (Abbott) qui emmène la jeune héroïne dans l'espace. Les six premiers numéros voient en effet Kamala Khan être l'élue d'une prophétie alien, sous fond de légendes spatiales et de libération de peuples opprimés, et l'auteur en profite également pour faire évoluer les alentours familiaux de l'héroïne. Un titre qui renoue avec ce qui a fait le succès de l'héroïne : un contexte proche de la réalité, des thématiques familiales fortes, et une envie de faire dans l'aventure avec une dose d'émerveillement. Bien sûr, le mélange ne prendra pas avec tout le monde, mais une plus-value indéniable sera celle de la partie artistique de Minkyu Jung, qui fait un splendide travail tout du long. On oserait même dire, fabuleux, héhé.
On vous a déjà fait un podcast pour vous parler en long en large de Bryan Lee O'Malley et on imagine que tout le monde connaît Scott Pilgrim, ce jeune garçon qui doit combattre les Ex' maléfiques de Ramona Flowers pour espérer conquérir son coeur ? La Perfect Edition de HiComics, qui permet de retrouver toute l'oeuvre en couleurs dans un solide format cartonné, touche déjà à sa fin avec ce troisième volume. La colorisation pétillante et les nombreux bonus sont autant d'arguments pour aller re-découvrir Scott Pilgrim en 2019, puisque le récit restera de toute façon assez intemporel dans ce qu'il aborde, avec le trait toujours séduisant de O'Malley. A quelqu'un que vous aimez beaucoup, on vous dirait même d'offrir d'un coup les trois tomes pour passer le meilleur Noël sous la couette à lire tranquillement !
