Dans les contours d'une Phase 4 bondée, et face à une concurrence prête à assumer, enfin, un peu de mordant, Bob Iger estime qu'il n'est pas utile de s'inquiéter pour le moment quant à l'avenir de l'enclave Marvel Studios. Les chiffres lui donnent raison : avec quatre milliards en poche pour seulement deux films (Avengers : Endgame et Captain Marvel) et 5% du milliard de complément de Spider-Man : Far From Home, l'entreprise se sera une fois de plus accaparée une bonne part des profits du cinéma à l'international cette année encore, avec la maîtrise d'un calendrier de sortie bien huilé.
Dans le cadre d'une tournée d'interviews, le président de Disney aura évoqué chez la BBC les grandes lignes de son parcours et de sa stratégie à la tête du groupe. Une série de propos relativement préoccupants (sur la capacité à enfermer le consommateur dans un modèle, notamment), et une occasion de plus de relancer le débat de la fameuse "fatigue du super-héros". Voir de la polémique Martin Scorsese, avec une ouverture d'esprit modérée - Iger estimant que quiconque ayant vu le moindre film Marvel Studios ne pourrait pas dire qu'il s'agit de simples films de "parcs d'attraction", "sans émotion", et doute que le réalisateur de Taxi Driver sache réellement de quoi il parle. On laisse au président de Disney le soin de mesurer ses propos - mais après tout, à quoi bon avoir peur, c'est tout de même le président Disney.
Quant à la lassitude supposée du public vis-à-vis de sa propre enseigne de personnages costumés, la réponse est toute bête : parier sur la fatigue après Avengers : Endgame n'a tout simplement pas de sens. L'argent et l'engouement public servant de contre-arguments élémentaires.
"Marvel se porte extraordinairement bien. Les derniers films qu'ils ont sorti ont atteint des résultats supérieurs à l'ensemble de n'importe quelle autre oeuvre dans toute l'histoire de l'industrie du cinéma, et ils continuent d'alimenter cette chaîne de sorties avec de très bonnes histoires, de nouvelles aventures, de nouveaux personnages et de nouveaux exploits de super-héros, etc. Donc non, ça ne tient pas debout.
J'ai déjà dit publiquement que je regrettais le fait que nous ayons sorti trop de films Star Wars sur une trop courte période. Je n'ai pas dit qu'ils avaient été mauvais, ou qu'ils avaient engrangé des résultats décevants. Je pense en revanche que les films Star Wars ont quelque chose de si spécial que ceux-là, oui, s'apprécient dans la rareté."
En résumé, la boussole du profit donne raison à la stratégie de
Marvel Studios.
Bob Iger, qui voue une confiance éternelle à son poulain
Kevin Feige depuis les premiers jours de l'acquisition du studio, lui fait encore assez confiance pour écrire les prochaines années de ce qui sera devenu, en très peu de temps, l'enseigne culturelle la plus populaire d'Hollywood. Les réflexions de grand cinéaste
ou le succès de Joker ne rentrent pas, a priori, dans la balance décisionnelle ou créative de
Disney.
Reste maintenant à voir si les théoriciens de cette fatigue finiront un jour par avoir raison - la prochaine phase, indépendante de la logique des crossovers à la Avengers de ces dix dernières années, devrait se présenter comme une période de test géant pour mesurer l'attrait du public aux super-héros, Marvel maintenant que la carotte-Thanos est sortie de l'équation.