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De Batman à Strange Adventures : une (courte) entrevue avec le scénariste Tom King

De Batman à Strange Adventures : une (courte) entrevue avec le scénariste Tom King

InterviewDc Comics

Comme parmi d'innombrables artistes et auteurs, le scénariste Tom King était présent dans les allées de la récente New York Comic Con ; rarement présent (officiellement du moins) en convention en France, l'occasion était donc trop belle pour ne pas tenter de réaliser une interview sur place de celui qui nous aura apportés les excellents Sheriff of Babylon, Vision, Mr. Miracle et un run sur Batman en cours de conclusion. Problème, l'auteur se sera montré très difficile à obtenir. Au bout du compte, une courte entrevue aura pu être réalisée, de quoi parler de Batman et du prochain grand projet de King, Strange Adventures. Très bonne lecture à toutes et tous.

Remerciements : Clark Bull (DC Comics)


Bonjour Tom. Tu vas bientôt conclure ton run sur Batman d'ici quelques numéros, avant de lancer la maxi-série Batman/Catwoman. Quel regard portes-tu sur ces années de travail avec le recul ? 

Je pense [il rit], tu sais, que la première chose qui m'est venu en tête, c'est que tout pourrait être meilleur. De ton côté, ça a l'air strict et solide. C'est un travail dont je suis extrêmement fier, et une vision pour laquelle je n'arrive toujours pas à croire [que DC] m'a laissé la raconter. Ils m'ont laissé écrire des histoires très personnelles avec ces grands personnages qui sont propriétés d'une énorme compagnie. Ils m'ont laissé faire cet arc narratif de quatre ans, qui est une histoire de romance, au final. Les comics de romance ont disparu dans les années '60, et j'ai pu en refaire un de la façon la plus spectaculaire possible. J'en suis fier, et à la fin, il y aura des embrassades et des larmes...

Il y a eu des hauts et des bas dans ce run. Je pense notamment à l'arc Knightmares, qui en a perdu plus d'un. Tu ne crois pas que certaines histoires ne vont pas nécessairement bien avec le système de publication en single issue ?

Il faut que tu me le dises [rires]. J'adore cet arc, il est vital. On a pu faire cet arc en sept numéros, avec sept artistes différents, et autant de styles d'histoires, mais qui pointent vers la même chose : pourquoi, comment Batman a été emprisonné dans cet endroit, et comment il va s'en sortir. Il faut savoir prendre des risques, sinon tu finis par t'ennuyer. Je ne veux pas faire du "villain of the week", je veux pousser les limites, et les lecteurs y répondront ou non. 

Pour cet arc, si des gens se disent "ha mais ce n'est qu'un rêve, c'est pas important", je peux le comprendre, mais pour moi c'est un moment vital du récit, qui va changer l'âme de Batman. Et voir le Chevalier Noir changer de la sorte, c'est bien plus intéressant que de le voir se faire battre par des méchants pour la énième fois.


Que peut-on attendre du titre Batman/Catwoman, et comment comptes-tu le différencier ou au contraire référencer Batman Annual #2, qui était déjà en quelque sorte la fin de ton run ?

Ce numéro, c'est le point d'entrée pour cette relation entre Batman et Catwoman. C'est le numéro le plus important de mon run. Et qu'est-ce que tu peux en attendre ? Tu sais, Batman est un titre bi-mensuel, il faut constamment aller de l'avant et vite, changer les artistes à presque chaque numéro. Avec ce personnage, je n'ai jamais pu prendre le temps de me poser, de raconter quelque chose d'aussi ambitieux que pour Vision ou Mr. Miracle. C'est l'occasion que je vais avoir, là. Je vais pouvoir faire, en quelque sort, mon Dark Knight Returns. Je ne dis pas que je peux le faire, mais c'est ce que je vais tenter. D'écrire quelque chose qui sera comme ce que Frank [Miller] a fait, avec un récit qui va définir et redéfinir le personnage avec un angle auquel personne n'aura pensé auparavant.

En tant qu'auteur, c'est ton but à chaque fois de redéfinir un personnage ? 

Mon but, c'est de recréer ce que j'ai pu ressentir en lisant Watchmen alors que j'étais bien trop jeune, et que j'avais l'impression qu'un monde nouveau s'ouvrait devant moi. Un monde qui me faisait rire, qui me faisait pleurer - mon but c'est de réussir à faire tourner les pages au lecteur.

Et comment s'y prend-on pour faire pleurer son lectorat ?

Quand tu es honnête, c'est là que les larmes viennent. Quand tu exprimes quelque chose de vrai. Pour moi, si tu pleures, c'est que tu ressens l'envie de te connecter à quelqu'un d'autre. Que tu veux partager, que tu as besoin d'un câlin ou qu'on te demande ce qui ne va pas. La meilleure façon d'écrire c'est quand tu prends quelque chose en toi pour le partager à un autre. Mais le langage, c'est ta barrière, il faut essayer d'aller au-delà. Donc, quand j'écris une histoire où je vais te faire te connecter à moi, c'est là que les larmes viendront.


Tu fais des scripts très détaillés pour que l'artiste puisse mettre en image ce que tu décris, les émotions que tu veux poser sur une planche ?

Je travaille avec des personnes comme Mikel Janin, Mitch Gerads, Clay Mann, Joelle Jones ou Tony Daniel... et à ces personnes, tu n'as pas besoin de décrire quoique ce soit, elles sont trop douées [rires]. Je pense que la clé de mon succès, c'est que lorsque tu lis un de mes scripts, tu lis en fait une nouvelle. A la fin de la lecture, ils voient comment rendre cette courte histoire meilleure, et c'est toujours ce qu'ils font, avec le dessin.

On va découvrir l'année prochaine Strange Adventures. Comment comptes-tu te démarquer de Mr. Miracle avec cette série ?

Strange Adventures sera presque une réponse à Mr. Miracle. Bon, déjà d'une part on va s'en démarquer parce que dans notre envie de ne pas refaire la même chose avec Mitch Gerads, on a ajouté un artiste avec nous, Evan Shaner. On va faire des choses qui sont assez rares dans le comicbook. Il ne s'agit pas de les faire dessiner un numéro chacun ou d'alterner une planche, ils vont dessiner jusqu'à des cases différentes pour les planches, par exemple. Ce sont deux artistes qui ont des visions complètement différentes. Mitch est très terre à terre, et Evan est à l'opposé, il a une approche qui rappelle le Golden Age

Mr. Miracle, et dans une certaine mesure The Vision, nous parlaient des angoisses de l'homme blanc quarantenaire. Et Strange Adventures... ce sera complètement différent [rires]. Pour moi, Batman et Mr. Miracle racontent à peu près la même chose, avec des points de vue différents. Ça parle d'amour, de dépression, c'est un peu qui je suis ; et Vision et Sheriff of Babylon ont également une thématique commune. Avec Strange Adventures, on avance dans un nouveau thème.

Justement, je me rappelle que dans une ancienne interview tu parlais d'une forme de suite à Sheriff of Babylon. Ça en est où ?

Tout est écrit, tout est fini [rires] ! Et ça se fera peut-être un jour, quand je réussirai à enlever Mitch de ces fichus comics de super-héros. Mais je ne ferai pas une page sans lui, et vice-versa !

Tu as déjà un titre en tête ?

Je... oui. [rires] Mais je ne te le dirai pas !

J'aurai essayé ! Merci beaucoup !


Photo : votre rédac' chef préféré et Tom King (on vous laisse deviner qui est qui)

Arno Kikoo
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