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Kick-Ass : The New Girl Tome 2, une reprise par Steve Niles en demi-teinte

Kick-Ass : The New Girl Tome 2, une reprise par Steve Niles en demi-teinte

ReviewPanini
On a aimé• Steve Niles livre un polar efficace
• L'approche plus réaliste de Marcelo Frusin
• Comprend les thématiques de la nouvelle Kick-Ass...
On a moins aimé• ... sans jamais les explorer
• Trop de forme, pas assez de fond
• Quelques planches franchement inégales
Notre note

Pour fêter les dix ans de l'existence de Kick-Ass, Mark Millar relançait au courant de l'année dernière le titre à succès, en faisant porter le costume par une nouvelle héroïne, Patience Lee. Avec une approche plus sociale et terre à terre, et en compagnie de John Romita Jr., Millar montrait qu'il y avait encore quelque chose à dire avec cette figure de la pop culture, quoique le message peinait gagner en profondeur au cours du premier arc. La grande nouveauté, à l'instar de Hit-Girl, est que l'auteur laisse ensuite les commandes à une autre équipe créative. Ce qui fait l'objet d'étude de ce Kick-Ass : The New Girl Tome 2, pour lequel nous retrouvons Steve Niles (30 Days of Night) à l'écriture, en compagnie de Marcel Frusin. Retour sur cet album disponible chez Panini Comics.

Après avoir mis le mari de sa soeur, qui trempait dans les affaires mafieuses locales, dans le coma, et dans l'anxiété de son réveil possible, Patience Lee s'improvise Robin des bois pour sa ville. Plutôt que d'être une véritable super-héroïne, elle aura pris la décision de remplacer les chefs de la pègre locale, afin de s'assurer que les revenus (engrangés par les activités criminelles) puissent être reversés à ceux qui en ont véritablement besoin, tout en assurant un avenir pérenne à sa propre famille. Une situation compliquée et difficilement morale, qui montre tout l'intérêt de Lee en tant que personnage, avec des motivations compréhensibles sans être pour autant justifiables. Le nouveau combat qu'elle mène désormais va la pousser à affronter un autre chef de gang, le redoutable Hector Santos. Chacun souhaite mettre l'autre hors d'état de nuire, et la guerre s'annonce sanglante.


En récupérant l'écriture de Kick-Ass, Steve Niles montre sur ce premier arc qu'il a compris dans les grandes lignes les thématiques actuelles portées par Patience Lee. Dans la continuation des travaux de Millar, l'auteur s'évertue à mêler le combat, aussi vertueux qu'amoral, de l'héroïne, avec la vie civile bourrée de secrets qu'elle doit aussi continuer de mener. En tant que mère de famille célibataire, noire-américaine, ancienne soldate en emploi précaire, et désireuse de recommencer des études, Patience Lee reste toujours ce portrait critique d'une partie de la population américaine à laquelle la société ne fait pas de cadeaux. Et c'est parce que ses actions sont motivées parce qu'elle se retrouve dans ses derniers retranchements, que le lecteur réussit à lui trouver de l'empathie.

Pour autant, et par ailleurs comme Millar sur le premier arc, Steve Niles n'arrive jamais à aborder ces sujets plus en profondeur, préférant la forme au fond, avec une narration décompressée (si symptomatique de nombreux comics modernes) qui donne à cette ouvrage une simple dimension de polar. Un polar efficace dans sa narration et graphiquement musclé, mais qui ne transcende pas sa nature de récit bourrin et violent. Pire encore, en six numéros, Niles trouve le temps de se répéter, avec des situations qui tournent en boucle dans l'affrontement contre Hector Santos, et une conclusion bien trop prévisible qui ne repose que sur un seul enjeu, qu'on nous rabâche au moins une fois par chapitre.


Un constat d'autant plus dommageable que le rapport de cette Kick-Ass au véritable héroïsme se laisse apercevoir à quelques instants. Quand Patience Lee se retrouve malgré elle à devoir sauver des innocents qui se retrouvent pris entre deux feux, et qu'elle voit alors comment corriger la portée de ses actes, par exemple. Dans l'autre sens, l'auteur arrive également à proposer une figure de véritable super-vilain (du genre, avec un costume également) qu'on ne voit pas forcément venir, et dont le design ne serait pas sans rappeler un certain Juggernaut, les super-pouvoirs en moins. Ces quelques fulgurances laissent entrevoir le potentiel du récit, qui n'arrive pas à l'atteindre en se contentant d'être une oeuvre définitivement axée sur le divertissement. Non pas que ne soit une mauvaise chose, mais à l'heure où la production dépasse largement le temps de lecture disponible à chacun, on apprécierait que les efforts soient plus nombreux.

On appréciera en revanche le souffle nouveau qu'apporte Marcelo Frusin sur la partie artistique, après un John Romita Jr. qui, quelle que soit sa performance, reste un artiste clivant. Le dessin de Frusin sera certainement plus facilement accepté par la majorité, l'illustrateur ayant une approche plus "réaliste" que son prédécesseur, avec une utilisation optimale de l'encrage pour jouer sur des effets d'ombrage convaincants. Comme on le disait, la narration étendue permet à l'artiste de découper l'action de façon lisible ; l'action hyper-violente est présente, sans verser dans le trop plein graphique comme ce que l'on pouvait retrouver précédemment - le bouquin reste quand même à destination d'un public averti. On remarquera malgré tout à plusieurs reprises un dessin moins soigné. Qu'il s'agisse de l'encrage ou d'un trait moins appliqué, on a parfois du mal à se convaincre qu'un seul artiste a opéré sur le même numéro, les passages montrant Violencia étant les plus marquants.


Reste à voir ce que le lectorat attend aujourd'hui d'un titre comme Kick-Ass. Malgré un changement de contexte bienvenu, et le discours que l'on peut voir au delà du pur côté actioner, il manque encore quelque chose, tant du côté de l'histoire que sur le plan visuel, pour démontrer que l'héroïne a bien sa place du côté des grands détournements super-héroïques modernes. On ne peut qu'être ravis d'avoir un personnage féminin tel que Patience Lee, définitivement charismatique, en lead de sa propre série, mais il est aussi certains que les équipes créatives ont certainement plus intéressant à lui proposer. En attendant, si la simple proposition d'un polar musclé vous satisfait, la lecture devrait vous paraître satisfaisante.

On pouvait espérer de la nouvelle équipe créative de Kick-Ass qu'elle arrive à dépasser le concept calibré de Millar sur son premier arc. Steve Niles a compris le personnage de Patience Lee, Marcelo Frusin sait alterner entre moments familiaux et fusillades énervées, mais il manque encore un supplément d'âme à cette New Girl pour que la série dépasse son simple statut de pur divertissement. En fonction de votre exigence, vous passerez sûrement une lecture satisfaisante, mais qui hélas ne restera pas dans votre mémoire bien longtemps.

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Arno Kikoo
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