Dans le registre super-héroïque, la question de la place du réalisateur et de sa vision aura été à de multiples reprises l'objet de débat. Quand la trilogie de Nolan sur Batman reste généralement acclamée, la vision qu'avait un Zack Snyder pour son univers DC reste plus critiquée, quand on accuse le modèle dominant de Marvel Studios (souvent à raison, parfois à tort) de sacrifier toute patte artistique pour un effort d'unité à l'ensemble de ses productions.
Le photographe Clay Enos, qui aura suivi Zack Snyder justement sur les tournages de ses films DC (délivrant de superbes photographies), est revenu récemment en interview sur le tournage de Justice League, et la façon dont le film aura été transformé - évoquant notamment la fameuse Snyder Cut qui en fait encore fantasmer plus d'un. Sans revenir sur cette (possible ?) chimère, Clay Enos juge malgré tout que cette histoire est une "grande erreur".
"Ce sera retenu dans l'Histoire des films comme une sorte de terrible faute, qui peut être rattrapée créativement. Mais la façon dont la culture doit émerger pour que cela se fasse est quelque chose sur laquelle nous devons travailler. Nous devons prioriser cette sorte de monde de films d'auteurs, ce qui n'est pas trop produit ces derniers temps. Nous devons tous soutenir les films qui ont une marque d'auteur sur eux. Avançons graduellement vers l'essentiel, là où le box-office n'est pas la tête d'affiche."
Là où la "vision d'auteur", dans toute la diversité qu'elle représente, peut être un risque pour un studio qui tendrait plutôt à s'assurer qu'un maximum de monde rentre dans les salles obscures (à l'heure où le milliard de dollars règne en maître comme objectif), les films de Burton, de Nolan, voir un Guardians of the Galaxy démontrent que le style d'un réal' n'est pas incompatible avec un succès artistique et financier. A voir ce que les grands studios décideront de faire pour assurer l'avenir que le genre super-héroïque mérite sur grand écran.
06 Mars 2019
The Batman@Joliaux : Je ne suis pas d'accord. Des auteurs comme Morrison, Waid ou Gaiman ont montré qu'avec beaucoup de talent on fait des merveilles supérieures à des TDKR. Parce qu'en plus de la vision d'auteur tu as la compréhension d'environ 80 ans d'histoire en un run. Personnellement je considère que ce qu'a fait Gaiman en deux numéros (crossover en plus et j'y avais même pas pensé ^^) dans Whatever happened to the Caped Crusader? est supérieur à Watchmen, à TDKR ou à Killing Joke. Certes c'est un peu abscons, mais quand la continuité est maîtrisée et que derrière t'as une certaine vision d'auteur alors là c'est juste incomparable. Enfin évidemment c'est mon point de vue :D
06 Mars 2019
joliauxOu comment appliquer au cinéma la dichotomie des comics entre crossover/continuité et stand-alone. The DKR et watchmen (pour n'en citer que 2) seront toujours supérieurs à tous les crossovers passés et futurs.
05 Mars 2019
Fett'sSonUn homme a le droit de rêver.
05 Mars 2019
Silver SmurferEn voilà une belle déclaration pleine de bon sens.
La pensée créative des auteurs muselée par les studios est clairement une bien belle erreur. S’ils laissaient à ces mêmes réalisateurs et scénaristes la liberté d’aller jusqu’au bout de leurs sensibilités artistiques, on pourrait passer d’un film juste matable et divertissant à peut-être un putain de bon film. Cela créerait un renouveau constant pour chaque production et pas une forme de lassitude notamment chez les puristes que nous sommes (mais bon, j’ai bien conscience qu’on n’est pas très nombreux). Chaque personnage ou équipe évoluent sur papier dans un univers et un ton qui lui est propre, pourquoi ne pas faire de même sur grand écran ? Le trailer de Hellboy montré récemment prouve encore que l’on suit ce même modèle foireux (mais bien sûr économiquement viable). Je suis persuadé qu’il y aurait un réel public pour des films avec plus de fond et une identité qui lui est propre. Mais bon qui suis-je...?