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Kick-Ass : the New Girl Tome 1, une relance (bien) calibrée

Kick-Ass : the New Girl Tome 1, une relance (bien) calibrée

ReviewPanini
On a aimé• Une approche plus sociale de Kick-Ass...
• Patience Lee est convaincante
• Une démarche inversée vis-à-vis du premier volume
• John Romita Jr. réalise un bon travail
On a moins aimé• ... qui aurait pu être mieux développée
• Un récit qui ne surprend pas
• L'encrage inégal
Notre note

Au début de l'année 2018, et ce pour fêter les dix ans du comicbook qui l'a réellement propulsé au rang de superstar des comics, Mark Millar décide de fêter l'anniversaire de Kick-Ass en proposant deux nouveaux titres, l'un consacré à Hit-Girl, l'autre nous présentant une nouvelle personne sous le costume emblématique du wannabe super-héros. C'est ce qui fera l'objet de ce premier tome, sorti récemment dans la collection Best of Fusion de Panini Comics.

Oubliez donc Dave Lizewski, et dites bonjour à Patience Lee. Dix ans ont passé, donc, depuis le premier Kick-Ass et pour cette relance, Millar actualise son propos avec une orientation bien plus ancrée dans le social et le contexte d'une Amérique abandonnée, laissée à son propre compte. Patience incarne à elle seule quantité d'éléments qui la mettent en difficulté dans la société actuelle : c'est une femme, mère de famille dont le mari se barre suite à sa crise de la quarantaine, et elle revient de la guerre en Afghanistan. Face à un état qui ne sait pas quoi faire de ses anciens soldats, et dans l'incapacité de se payer des études à cause de l'égoïsme de son ancien compagnon, Patience n'a d'autre choix que de cumuler les petits boulots pour subvenir aux besoins de sa famille. La préoccupation monétaire finit par prendre raison, et l'héroïne se dit qu'un petit casse (chez des vilains) ne pourrait pas faire de mal. Forcément, la situation deviendra un peu plus compliquée.


Outre un contexte sociétal appuyé, témoin très certainement de la façon dont Millar voit l'époque américaine, le Kick-Ass 2018 dénote dans son rapport au super-héros. Si le costume est bien présent puisque l'influence des actions de Lizewski a eu un écho sur tout le continent, Patience Lee n'a pas les références geeks et ne se voit pas comme une super-héroïne  - du moins au départ. C'est que le costume a une utilité pratique, celle de pouvoir cacher une identité. Une cagoule aurait pu suffire, d'ailleurs, la justification restant assez vague, mais c'est vraiment que le côté super-héroïque n'est pas appelé. Mais au fil de l'intrigue, alors que seul compte au début l'aspect monétaire, les actions de Patience vont entraîner l'arrivée d'éléments super-héroïques dans sa vie. Si tu ne viens pas au super-héros, c'est lui qui viendra à toi.

Appuyés par son parcours, les idéaux de justice (sociale), de défendre ceux qui ne peuvent le faire seul - et très souvent contre une forme de mal très masculine, la nouvelle Kick-Ass se transforme peu à peu, et va se créer in fine ses propres super-vilains. Et si le précédent porteur du costume pouvait s'aider de ses barres métalliques pour encaisser les coups, Patience n'a "que" ses facultés et compétences issues de l'armée pour se sortir de situations de plus en plus périlleuses. Ainsi, le costume n'apporte en réalité que peu de choses à l'héroïne, mais lui permet de faire au mieux de ce qu'elle a. Millar prend ici les valeurs et les compétences qui peuvent faire de chacun un héros - le côté extravagant propre à Kick-Ass répondant évidemment présent.


Ainsi, Patience est une forme de justicière qui n'aurait pas à rougir du Punisher, bien que les motivations soient tout autres, et qu'elle pense à chaque instant à ce qui pourra profiter à ceux également dans le besoin. Une illustration notamment vis-à-vis du rapport à l'argent entretenu par cette dernière, rajoutant une dimension Robin des bois à l'ensemble. Millar réussit assez bien dans le fond sa variation sur une thématique connue, bien que la forme ne soit pas sans limites. Ainsi, bien qu'appuyé de façon répétitive, le propos sociétal ou politique n'est jamais travaillé plus que ces nombreuses évocations en surface, et le tracé de ce premier arc reste malgré tout dans des sentiers déjà battus pour le genre. Jusqu'à la conclusion, forcément ouverte, qui reprend directement dans sa structure ce qu'on a pu voir dans beaucoup de démarrage de licences. Vous savez, cette séquence où l'on demande au héros son surnom, qu'il n'a jamais prononcé du film, et qu'il se retient de dire jusqu'au bout ? Voilà.

Difficile de reprocher à Mark Millar de conduire sa relance comme un pur produit de franchise, calibré dans toute son histoire, pour pouvoir être aisément et directement adapté (ce sera d'ailleurs le cas). Le fait est que le tout se tient et se lit correctement, et c'est aussi parce que John Romita Jr. se donne du mal qu'on pourra passer sur les facilités d'écriture. Bien que l'encrage se montre parfois approximatif, accentuant un crayonné fait à la va-vite, le tout reste qualitatif. Quatre encreurs se relaient, il est donc difficile de savoir qui a fait quoi (du moins, avec les indications de cette VF) mais l'on devine aisément que c'est l'association avec Peter Steigerwald qui convient le mieux à Romita Jr. Le travail des couleurs est là aussi de bonne facture, et l'on retiendra surtout de l'album sa grande démonstration de violence graphique, qui reste l'une des pattes de Kick-Ass.

Sans redéfinir le genre super-héroïque comme Kick-Ass premier du nom pouvait le faire en détournant tous les codes, Millar appuie sur un contexte moins fantasque, qui en appelle plus aux valeurs du super-héros et aux ambitions de justice sociale, pour montrer comment le super-héros peut s'immiscer dans la vie de chacun. Bien entendu, Patience Lee est un personnage hors-norme, qui va s'improviser super-héroïne par la force des choses. Une relance pas mal fichue, bien que ce premier arc soit parfaitement calibré comme projet de film clé en mains. Reste un John Romita Jr. plutôt en forme et une (re) lecture plaisante pour s'encourager à y jeter un oeil. Le véritable pari du Kick-Ass de 2018 se situe dans le prochain tome, lorsque Millar confiera son bébé à d'autres.

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Arno Kikoo
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