Iron Man #593, renumérotation de la série du génie en armure, qui doit en toute logique ramener à la vie le porteur originel du costume d'Iron Man dans les plans éditoriaux de Marvel. On retrouve un Brian Bendis en petite forme à l'écriture de ce numéro, qui assume difficilement les tentatives faites à droite et à gauche pour rentabiliser les héritiers de Stark et de son célèbre exosquelette, dans un numéro qui introduit mal en plus de ne pas être spécialement plaisant à lire. Description.

Brian Bendis s'est fait connaître du lectorat de Marvel pour ses intrigues tortueuses, souvent dialoguées avec génie. Depuis quelques années, l'auteur, qui joue le rôle d'un Geoff Johns de composition pour la Maison des Idées, peine à convaincre par un style souvent paresseux. On sent ici assez peu d'envie dans le retour de Tony Stark, dans un enchaîné de trois scènes (et pas plus) découpées sur des idées simples où l'écriture ne vole pas haut.
Récemment, pour les non-lecteurs, l'apparat d'Iron Man s'est orienté vers un Doctor Doom en pleine rédemption, et l'élève du fondateur de la compagnie, Riri Williams, à l'héritage de la tradition du génie parti de rien. Les deux sont aux abonnés absents dans ce numéro, qui d'une part se permet de dire à haute voix que les deux idées n'avaient aucune valeur - côté Riri en la traitant comme un personnage au mieux secondaire, et côté Von Doom en répétant ce que l'on sait déjà du personnage sans chercher à développer. Bien entendu, le constat dressé dans ce numéro par La Chose pourra être plus mesuré, mais dans l'ensemble on sent une envie de boucler vite et de ne surtout pas s’embarrasser avec la moindre envie de subtilité.
On peut cependant noter chez Bendis une envie de parodier le côté "accessible" de l'événement promotionnel que constitue Marvel Legacy. Quelques planches au début du numéro parodient l'exposition propre au numéros de jumping points à travers la figure de Friday, justifiés par le côté naïf et désabusé de cette intelligence artificielle. Derrière ? Un câlin gênant, un monologue de La Chose et un échange entre les femmes de la vie de Stark où personne ne brille, et, c'est tout. Dire que Bendis fait preuve de paresse sur l'écriture du retour du personnage serait un euphémisme, encore qu'on imagine que l'auteur lui-même n'est pas forcément passionné par l'envie de ramener le gras du Marvel Universe sur le devant de la scène après ces années à tenter de dynamiser.
Les dialogues sont peu percutants, les planches n'accrochent pas la rétine, et c'est sur un cliffhanger de fin qu'on perçoit comme soit trop précipité, soit évident et donc sans réel impact que s'achève la lecture, finalement au firmament de ce qu'est Marvel Legacy : un retour à l'ancienne, un retour à ce que les lecteurs veulent contre les idées originales espéraient, sans que les auteurs eux-mêmes soient vraiment concernés. Le numéro est au mieux mal écrit, au mieux écrits dans le meilleur des mondes par un auteur qui a fait ce qu'il a pu avec un pitch qui ne l'emballait pas, et là où la cosmogonie des porteurs d'armures pourrait se révéler plus intéressante dans les numéros à venir, on peine à trouver un intérêt à cet Iron Man littéralement revenu d'entre les morts, sans explications.
Invincible Iron Man #593, un numéro qui ne doit son nom qu'à deux planches et beaucoup de paresse, dans un événement éditorial où l'envie créative ne semble pas au rendez-vous. Oui, Tony Stark va revenir, mais les conditions de ce retour ne s'acheminent pas vers un élan créatif quelconque, on se demande même si Bendis lui-même n'est pas piégé par les plans éditoriaux de la Maison des Idées tant l'auteur manifeste peu de foi dans son propre récit. Avec un dessin interchangeable et un numéro d'introduction fort peu convainquant, la question est : à part renuméroter le numéro, le lecteur a-t-il gagné quoi que ce soit dans l'opération ?