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Édito #88 : Nous sommes Legion

Édito #88 : Nous sommes Legion

chronique

Alors qu'Iron Fist est encore occupé à lancer quelques citations dans le vide ou à allumer son poing pour se défaire d'ennemis de pacotille sur Netflix, les super-héros tentent de se réinventer sur FX avec Legion, la série X-Men pas comme les autres de Noah Hawley, que les fans de séries connaissent pour avoir mis sur les rails l'excellente version télévisée de Fargo. Mais au juste, qu'est-ce que les aventures de David Haller ont de plus que les péripéties des héros du moment ? 

Figurez-vous que la série de FX, co-produite par la 20th Century Fox et Marvel Television, a plus d'un tour dans son sac. Il y a deux mois de cela, quand on se penchait sur le cas de son pilote, le seul à avoir offert des images à la promotion du show, on craignait que l'orientation prise par Noah Hawley et ses scénaristes ne tienne pas sur la durée. Assurément, tout n'est pas parfait, et comme toujours quand on parle de personnages aux pouvoirs proprement surhumains, les explications scénaristiques ont tendance à être aussi grosses que Blob

Mais on pardonne volontiers à Legion ses erreurs récurrentes tant le niveau fut haut, lors de ces dernières semaines, qui ont joué avec notre cerveau sans nous laisser sur le carreau. Au contraire d'un autre phénomène récent, le Westworld de HBO, la série de Noah Hawley a en effet pleinement assumé le poids de ses nombreuses sous-intrigues et couches d'écritures successives, qui servent autant de moteur que de carburant à l'intrigue, dans le sens où elles représentent aussi bien la folie apparente du personnage principal qu'elles incitent les spectateurs à réfléchir aux futurs rebondissements de la série. 

Jonglant avec un nombre de balles qui augmente de semaine en semaine, Legion va plus loin que la plupart des séries et des films super-héroïques du moment, sans jamais se perdre. Sauf quand l'intrigue et les spectateurs le demandent, histoire de plonger la tête la première dans un trip des plus rafraîchissants à l'heure où les codes super-héroïques commencent à devenir sérieusement visibles. La principale qualité de la série est donc de jouer avec plus de matière et plus d'éléments que des films ou des show entiers, sans pour autant devenir indigeste.

Un exploit au regard de la surcharge visuelle et symbolique qui sert de direction artistique à Legion, qui n'arrête pas de changer de décors, de formats d'image, de styles vestimentaires ou encore d'ambiances musicales. Un méli-mélo pourtant cohérent pour quiconque se souvient que le fils à l'imaginaire débordant de Charles Xavier fait office de héros. Mais surtout, un mélange des plus agréables à l'œil. Citant les films de Terence Stamp (l'un des visages du général Zod), la série Hannibal ou encore les films britanniques des années 1960 comme ses plus grandes influences, Noah Hawley nous emmène dans un univers semblable à aucun autre.

Il est d'ailleurs amusant de constater qu'en partant du même matériau, les comics X-Men, Noah Hawley arrive à se distinguer drastiquement des films de la Fox, qui produit pourtant la série. Loin des monuments américains les plus illustres et des barrages les plus gelés, le showrunner nous offre une série à la patte très disco, qui n'est pas non plus sans rappeler les classiques de Wes Anderon voire de Stanley Kubrick. Dans le même ordre d'idée, là où l'esthétique des films X-Men est généralement dictée par la décennie qui leur sert de contexte, Legion choisit un "non-temps" où se côtoient des technologies modernes et des objets plus archaïques, pour le plus grands plaisir de nos yeux et de notre cerveau, forcément stimulé par un mélange aussi étonnant. Une esthétique mutante pour un show mutant, en somme.

Mais non contente de s'éloigner des films X-Men et de mettre une petite claque à des shows super-héroïques toujours plus nombreux, Legion remet aussi l'aspect politique des mutants sur le devant de la scène, avec une certaine modernité, même si les événements de la série, comme nous le disions, ne se prennent pas racine lors d'une époque précise. A l'heure où un scénariste aussi prolifique que Chris Claremont - l'un des piliers de l'univers mutant - déplore la vacuité des comic books X-Men, je crois que Legion redonne à nos héros un peu de leur sens en mettant en scène des personnages très complexes et très variés. Quelques exemples : un mutant qui possède deux corps ou un antagoniste dont l'homosexualité n'est jamais présentée comme une névrose ou une motivation déplacée. 

Qu'importe les pouvoirs extraordinaires qui les séparent ou les rassemblent, les personnages vivent, parfaitement incarnés par une galerie assez bluffante de talents, à commencer par un épatant duo formé par Dan Stevens et Aubrey Plaza, qui même sans l'écriture au poil de leurs rôles, auraient réussi à donner un nouveau souffle à des thèmes et des discours récurrents du côté de la mythologie X-Men. Et puisqu'on en parle, reste à savoir où Legion s'inscrit dans tout ce qui a été fait, quelque soit le support, sur la licence mutante.

Comme dans le cas de Logan, la salvatrice réponse est "partout" ou "nulle part" et finalement, tant mieux. La beauté de Legion réside aussi et surtout dans sa liberté. Celle de s'éloigner du cinéma autant que possible tout en lui empruntant des objets bien précis, à commencer par un certain fauteuil roulant. Celle de choisir la télévision, qui d'après les spécialistes, est en train de vivre un nouvel âge d'or. Celle de réinterpréter des personnages bien connus tirés des comic-books ou d'en inventer d'autres tout en redorant le blason de leur combat.

En somme, Legion nous prouve que les super-héros, les mutants, les X-Men et tous ces groupes de personnages que nous avons appris à chérir sont loin d'être morts, ringards, cadrés ou inoffensifs. Avec une vision et beaucoup de liberté, qu'elle soit donnée par la production ou accordée par les spectateurs, qui doivent aussi accepter de voir leurs personnages préférés être réinventés, on peut encore accomplir de grandes choses en partant de ce matériau. Derrière son étiquette de "X-Men pour les Hipsters", Legion nous le rappelle avec brio dans un condensé de références saines (à commencer par un certain The Dark Side of the Moon, de Pink Floyd) qui dépassent très vite leur nature de simples citations pour enrichir l'histoire et transformer l'odyssée de David Haller en OVNI comme on aimerait en voir plus souvent. Entre la déconstruction de son super-vilain, la pureté de sa romance et la modernité de ses enjeux, on trouve vraiment du pur génie dans ce Legion.

Republ33k
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