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Édito #79 : Quand les jeunes héros prennent le pouvoir chez Marvel et DC Comics

Édito #79 : Quand les jeunes héros prennent le pouvoir chez Marvel et DC Comics

chronique

S'il est un adage qui dit que les relaunches / reboots et autres marronniers du Big Two sont là pour remettre à plat leurs univers respectifs et jongler avec l'idée que le lectorat comics ne dure que deux ans avant de se renouveler, Marvel et DC Comics ont entamé depuis quelques années maintenant une véritable marche en avant, qui pourrait confirmer un autre adage cette fois, celui qui veut que l'amour en dure sept. En effet, pour pallier à l'exode de leurs architectes vers l'indépendance d'Image Comics, Axel Alonso et Dan Didio ont emprunté tous les deux le même chemin, celui de rajeunir leurs catalogues de personnages. Et si le renouveau éditorial des deux géants de la BD américaine a mis longtemps à venir, celui-ci pourrait bien se trouver aujourd'hui dans un vieux pot et une recette déjà vue par le passé, celle des héros adolescents. 

 
On pourrait évidemment parler d'emblée de Riri Williams, héroïne controversée destinée à reprendre l'armure d'Iron Man pour prêter main forte à Tony Stark (qui trouve déjà en Victor Von Doom un allié de poids avec Infamous Iron Man), mais il convient avant toute chose de rappeler que la vague de jeunisme qui s'abat aujourd'hui sur Marvel et DC ne date pas tout à fait d'hier. En effet, la Distinguée Concurrence a longtemps pu compter sur les Teen Titans pour nous faire vivre les aventures de ses héros les plus jeunes, souvent eux-mêmes sidekicks ou versions rajeunies de héros biens connus, à l'image d'Arsenal, Kid Flash et Robin, accompagnés par Cyborg (qui a depuis rejoint les rangs de la Justice League sous l'impulsion de Geoff Johns), Raven et/ou Beast Boy. Certes, la Maison des idées peut invoquer la jurisprudence X-Men pour décliner ce modèle à ses mutants, mais Brian M. Bendis nous a rappelé que les ex-élèves de Charles Xavier sont aussi devenus grands avec le temps en ramenant une jeune génération de héros labellisés X, encore adolescents, dans le présent. On pourrait aussi longtemps disserter sur ce qui (a) fait le succès de Spider-Man, quoique Joe Michael Straczynski et Dan Slott dans une moindre mesure ont également prouvé que voir vieillir l'éternel ado' qu'est Peter Parker pouvait aussi être diablement excitant. 
 
Forcément amenés à faire face à un catalogue vieillissant certes plus lentement que son lectorat mais amené à évoluer dans le temps, Marvel et DC semblent avoir entamé main dans la main une petite révolution artistique qui laisse à leur héros-bannières l'apanage d'histoires plus adultes et aux enjeux plus larges, à l'image des différents runs d'Avengers depuis le début des années 2000, tous plus catastrophistes les uns que les autres, qui donnent d'ailleurs lieu à l'exil de Ms. Marvel, Nova et Spider-Man (Miles Morales), partis monter leur propre équipe au sein de Champions, loin des considérations de leurs aînés - Champions #1, couverture variante d'Alex Ross disponible en galerie et dans l'en-tête dans cet édito'.
 
Matt Fraction a lui profité de son fabuleux run sur Hawkeye pour piocher dans l'excellente série Young Avengers de Allan Heinberg avec la mise en avant de Kate Bishop, super-héroïne semblant destinée à remplacer Clint Barton sur le long-terme permettant aux différents scénaristes à sa tête d'aborder des thèmes jusqu'alors inédits, comme les histoires d'un soir chez une adolescente. Son pendant chez DC pourrait d'ailleurs être Batgirl, seule véritable rescapée du naufrage DC You, rajeunie pour devenir soi-disant plus girly, gagnant au passage un lectorat inédit et surtout un intérêt retrouvé après les passages oubliables de Gail Simone sur le personnage de Barbara Gordon.
 
Enfin, pour terminer de brosser le portrait de ces personnages qui ont essuyé les plâtres des séries que l'on dévore aujourd'hui, impossible de passer à côté de Ms. Marvel de G. Willow Wilson et Kamala Khan, son héroïne musulmane devenue culte et déjà au cœur de nombreux titres qui sortent dans la nouvelle mouture de Marvel Now.
 
 
Ces deux derniers relaunchs en date portent d'ailleurs chacun la marque des héros adolescents, et vont même jusqu'à assumer littéralement l'héritage des enfants. L'image ci-dessus est tirée de Superman #10 de Peter Tommasi et Patrick Gleason (élue par nos soins meilleure série de DC Rebirth) et nous présente la rencontre entre Jon (Superboy) et Damian Wayne, respectivement fils de Clark Kent et Bruce Wayne. C'est cette même rencontre qui donnera naissance à l'une des séries les plus attendues de l'éditeur, Super Sons.
 
En face, c'est un duo bien connu des fans de Comics qui brille de mille feux, puisque Mark Waid et Humberto Ramos nous livrent chaque mois un nouveau chapitre de Champions, une série aux allures d'Avengers for Kids certes, qui se paye tout de même le luxe de proposer un dynamisme disparu chez les Vengeurs adultes depuis (trop) longtemps maintenant. Il suffit d'ailleurs de regarder sa compo' pour se convaincre de l'intelligence d'un éditeur qui prépare le futur, et qui s'appuie sur les versions "alternatives et jeunes" de héros bien connus des lecteurs les plus anciens (Hulk, Vision, Spider-Man, Nova, Captain Marvel, Cyclope). Ajoutez à ça un(e) Thor féminisé (même si Odinson vient de faire son retour en grandes pompes), un Captain America qui ne cesse de prêter son bouclier à qui veut bien le porter et vous obtenez la quasi-totalité d'un catalogue métamorphosé en l'espace de quelques années.
 
De plus, au-delà du progressisme bienvenu et inhérent à la création de héros qui peuvent enfin quitter le carcan du fameux sauveur-homme-blanc avec des personnages de confessions et de couleurs différentes, ce jeunisme est également l'occasion de remettre sur le devant de la scène l'un des aspects prépondérants de la culture comics : la continuité. En effet, comment justifier la prise de pouvoirs de jeunes héros destinés à grandir avec les nouvelles générations de lecteurs sans assumer le fait que leurs "parents" sont vieillissants ? 
 
Certes, Miles Morales, Kamala, Jon, Damian et les autres ne sont pas encore tout à fait sur le devant de la scène mais la part d'ombre émise par leurs prédécesseurs a tendance à s'amenuiser au fil du temps et les éditeurs semblent enfin peser l'intérêt de faire vieillir l'ensemble de leur catalogue pour raconter de nouvelles histoires et se permettre de nouvelles choses éditorialement parlant, si bien que les "séries de jeunes" ne sont aujourd'hui plus une constante un peu obligatoire au sein de leurs catalogues respectifs, mais presque la tendance dominante. Et puis, quel lecteur de Dragon Ball ayant vibré devant la famille de Goku ne vibre pas de la même manière face aux enfants de Superman et Batman, pour ne citer qu'eux ? 
 
 
Si comme dans la vie, les héros adultes de Marvel et DC Comics semblent occupés par leurs responsabilités d'adultes (à savoir sauver le monde tous les quatre matins quand il ne s'agit pas d'empêcher l'univers de s'effondrer sur lui-même), la vague de jeunes héros créés et/ou ramenés par le Big Two depuis quelques années pourrait bien avoir atteint sa vitesse de croisière avec le nombre d'excellentes séries et d'idées qui pullulent au sein de Marvel Now et DC Rebirth. Et si on en attend énormément de Super Sons, la série qui pourrait bien faire passer un cap à DC Comics en matière d'univers partagé, offrant à ses deux héros majeurs des enfants destinés à rester, on se rue déjà chaque mois sur Champions, Teen Titans et les séries solo consacrées aux héros de demain, qui partagent à peu près toute la même volonté de fraîcheur et d'histoires plus proches de leur lectorat. L'autre fait marquant de cette petite révolution, c'est que c'est d'ailleurs plus souvent sur ces séries que l'on retrouve la crème des artistes de Marvel et DC, à priori tous ravis de participer à ce que l'on pourrait voir dans quelques années comme une renaissance pour des éditeurs qui pourraient dans le même temps éviter une seconde traversée du désert au moment où Image Comics n'en finit plus de prendre son envol artistique. Qui a dit que les 90's étaient destinées à se répéter et que seule la nostalgie pouvait rapporter ? 

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Sullivan
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