Outre les stars qu'on appelle Spider-Man, Iron Man ou encore Avengers dans le milieu, All-New, All-Different Marvel Now c'est aussi une série de titres bien plus originaux, voire loufoques, donc ce premier numéro de Howling Commandos of S.H.I.E.L.D, écrit par Frank J.Barbiere et dessiné par Brent Schoonover. Une nouvelle série victime d'un syndrome bien connu des lecteurs, qu'on pourrait décrire, vulgairement, comme le fait d'avoir le cul entre deux chaises.
Avec plusieurs générations de Thunderbolts, de Sinister Six, de Suicide Squads - du côté de la distinguée concurrence - et autres commandos composés de malfrats en tous genres, on commence à connaître la chanson. Prenez un leader un peu paumé, filez-lui les commandes d'une équipe composée de dingues, des objectifs un peu bas du front, secouez, et dérouler ce qui sort du mélange. Les années passent, et malheureusement, les histoires se répètent, malgré quelques faits d'armes - c'est le cas de le dire - atypiques, de la trempe du run d'un Warren Ellis sur les Thunderbolts. Résultat, c'est avec une certaine appréhension, mais non sans intérêt (puisque je dois avouer aimer, presque malgré moi, ce genre de titres) que j'ai ouvert ce premier numéro signé Barbiere, qu'on a pu découvrir récemment en V.F avec le surprenant Black Market.
Au contraire de ce dernier, Howling Commandos of S.H.I.E.L.D. est ma foi très prévisible. La recette susnommée est appliquée sans trop d'envie ni de folies, si ce n'est un twist intéressant en la personne de Dum Dum Dugan, personnage secondaire et fan favorite dont la réinvention servira sans doute de fil rouge original à la série. Ce bon Dum Dum mis à part, on s'ennuie ferme. Voilà une nouvelle équipe de monstres, pris au sens premier du terme : des personnages comme Manphibian, Vampire by Night, Hit Monkey ou une version zombie de Jasper Sitwell, cet insupportable conseiller du S.H.I.E.L.D. qu'on retrouve aussi du côté du Marvel Cinematic Universe. Une escouade qui semble tout droit sortie d'une fausse bande-annonce Grindhouse dans la veine de Werewolf Women of the SS, et qui ratisse large sur le bestiaire du fantastique : du loup-garou à la créature des marais, tout est là, dans une ambiance absolument typique de ce type de titres, hélas.
A croire que Frank J.Barbiere est piégé entre deux possibilités. Celle de rester fidèle aux canons du genre, et celle de les oublier pour sombrer dans le fun le plus pur, avec une ambiance digne des pires séries B, voire Z, dopées aux monstres en papier mâché. Hélas, il ne choisira ni l'une ni l'autre, et dans ce numéro plus que convenu, il se laisse porter par la structure narrative des séries d'équipes (de vilains) et quelques références un peu lourdes à la culture populaire. Il avait pourtant l'occasion de creuser dans le pire du film de monstres pour proposer un regard nouveau sur cette série "à la Suicide Squad".
Il faut dire qu'aux dessins, il est accompagné par Brent Schoonover, qui s'était illustré sur quelques numéros du Punisher de Nathan Edmondson, et sur Batman 66'. Pas tellement le plus rock'n'roll des choix, surtout pour un titre a priori aussi décomplexé. Et ça se ressent dans des cases qui font certes leur travail - le niveau technique du bonhomme est plutôt respectable - mais qui manquent totalement de saveur et de punch. Là encore, les influences du titre sont à peine maîtrisées, et ce premier numéro passe à côté du fun qu'il est sensé générer, à deux ou trois exceptions près, dont un duel de monstre bien trop court ! Pire, on a parfois du mal à comprendre les transitions entre les cases.
Bien trop sage et conforme à la recette de l'escouade de psychopathes, Howling Commandos of the S.H.I.E.L.D. se fond bien trop vite dans la masse. On aurait pu s'y attendre dès la preview de ce numéro, qui pourtant, nous laissait entrevoir une virée du côté de la série B avec beaucoup de monstres et de punchlines à peine crédibles. Le résultat est tout autre, plutôt fade et à peine conscient de son potentiel. Un titre qui devrait continuer à se chercher pour quelques numéros encore avant d'être digne d'un véritable intérêt. Restera une atmosphère très similaire à ce genre de comic books, qui pourrait suffire à ses fans.