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Édito #38 : La révolution sera en Pay-Per-View

Édito #38 : La révolution sera en Pay-Per-View

chronique
Géant absolu de l'entertainment aux USA depuis ses années DVD, Netflix est aujourd'hui le champion mondial toutes catégories du streaming de contenu ciné' et TV. Débarqué en France avec des ambitions à la hauteur de la modestie déployée par une société qui, ici, a encore tout à prouver, Netflix a réalisé un lancement sain et ô combien qualitatif malgré son catalogue encore un peu chiche. 
 
Pratique, user-friendly comme aucun autre et terreau des petites révolutions (la diffusion instantanée VOSTFR et légale de Better Call Saul en est la preuve, le petit frère de Breaking Bad justifiant à lui tout seul les 8 petits euros que vous coûte un abonnement), le service de streaming s'est imposé en quelques mois comme une évidence chez de nombreux utilisateurs qui ont oublié comment activer leurs .torrent et comment il était possible de savourer une série en VF entrecoupée de publicité. Mieux, le service considéré à tort comme un énième colosse libéral et impérialiste fait dans le prosélytisme laïque le plus efficace avec son catalogue rempli à ras-bords de documentaires passionnants et de classiques pour toutes la famille. C'est encore trop maigre à vos yeux ? Il se pourrait que le 10 Avril change drastiquement la donne.
 


Mais avant de se plonger dans un futur qui nous attend dans plus de 15 jours à peine, revenons au 7 Novembre 2013. "Ne cherchez plus la grosse annonce de l'automne, la voici". Pourtant passé inaperçu à notre grand désarroi, le partenariat entre Disney, Marvel Studios et Netflix venait d'annoncer une petite révolution, qui, un an et demi plus tard, se trouve à nos portes.
 
"Nous avons été les pionniers d'une nouvelle approche en termes de story-telling avec House of Cards et travailler avec Disney et Marvel va nous permettre d'atteindre d'autres niveaux de créativité de d'importance."
 
CEO de Netflix, Ted Sarandos place d'emblée la barre très haut lorsqu'il évoque son nouveau partenariat en or massif. Avec ce quintet de séries (Daredevil, AKA Jessica Jones, Luke Cage, Iron Fist & Defenders) destinées à ne pas être diffusées à la TV, les trois parties en charge d'offrir des héros urbains à une fanbase déjà colossale trouvent un projet qui vient s'intercaler parfaitement en termes de timing. 
 
Annoncées plus adultes et surtout beaucoup plus violentes, ces séries flirtent très clairement avec le public HBO, celui qui ne s'enflamme que devant l'excellence, un public souvent difficile avec Marvel Studios. Et pour conquérir une audience encore dans l'expectative face à un univers qui s'étend d'Iron Man de Jon Favreau aux Agents du S.H.I.E.L.D d'ABC, Disney ne va lésiner sur les moyens et offre 200 millions de dollars, un tournage en décors naturels à New-York (une condition rarissime dans l'industrie) et un casting d'acteurs absolument dingues si l'on prend un peu de hauteur. Fini les fonds verts de Phil Coulson et sa petite bande composée d'acteurs parfois un peu limites (malgré les apparitions de Samuel L. Jackson, Jaimie Alexander et Adrianne Palicki dans la série), place aux oscarisables Charlie Cox, Rosario Dawson, Vincent D'Onofrio, David Tennant, Deborah Ann Woll et j'en passe encore beaucoup. 
 

 
Plus passionné que jamais par l'étroitesse contemporaine des liens entre série TV et Cinéma, Kevin Feige fait d'une pierre deux coups et s'offre les moyens de réunir les conditions de création artistique du 7ème art au service de la praticité du format sérialisé. Chapeautée par le très discret mais non moins excellent Drew Goddard (Cloverfield, Cabin in the Woods) et mise en route par un Steven DeKnight plus passionné que jamais, Daredevil pourrait s'afficher dans 2 semaines comme le premier avatar de cette réussite finalement longuement annoncée. 
 
Mieux, l'ambition de Netflix de publier 13 épisodes d'une traite le jour de la diffusion de la série, s'affranchissant des diktats des networks, c'est également la garantie pour le spectateur de consommer sa série comme il le souhaite, au delà de l'aspect purement gênant des spoilers qui ne tarderont pas à peupler la toile. Une série créée, c'est là aussi annoncé, comme un immense film (un péplum) qui s'étale sur 13 épisodes entre 52 et 58 minutes (le format n'est jamais spécifiquement arrêté, c'est là aussi quelque chose d'inconcevable à la TV), au service d'une histoire qui prend le temps de se développer, de respirer et surtout, de nous offrir ce que nous avons toujours réclamé. Écrite comme le confluent de plusieurs arcs de Comics, Daredevil n'échappe pas à la règle et sera fait de longues étapes dans la vie du héros, que vous aurez la liberté de découvrir d'une traite ou jour après jour, selon votre bilan de sommeil à rattraper. Diffuser la série dans son intégralité, c'est aussi rendre le pouvoir au spectateur, qui prépare déjà ses proches, sa boisson et les pop-corn pour une nuit blanche inoubliable, comme à l'époque des sorties à peine médiatisées de VHS cultes. Rétrofuturiste, Netflix ? 

En termes de construction d'univers, c'est aussi l'occasion d'occuper toujours plus de terrain avec des œuvres singulières, destinées à un public plus mature et plus exigeant, autour des temps forts de Marvel Studios version ciné. Si tout va bien, vous devriez avoir fini Daredevil avant Avengers - Age Of Ultron et AKA Jessica Jones devrait s'achever aux portes de la guerre civile du prochain Captain America. Et ça, Marvel Studios le sait et ne le manquera pas. 
Sullivan
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