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Teenage Mutant Ninja Turtles, la critique

Teenage Mutant Ninja Turtles, la critique

ReviewCinéma
On a aimé• L'animation des Tortues
• Les clins d’œils pour les vieux fans
On a moins aimé• Un scénario idiot
• Megan Fox
• Un foot clan militaire et pas ninja
Notre note

Cette critique contient quelques spoilers mineurs.

A moins d'avoir été élevé dans une grotte, tous les enfants de la fin des années 80 ont grandi avec Leonardo, Donatello, Michelangelo et Raphael. Si pour certains "les Tortues" ont juste une odeur de pizza et de nostalgie, il existe encore quelques incorruptibles qui se posent encore régulièrement la question de : « Qui est la meilleure des quatre ?», un débat sans fin et tout aussi stérile que celui du plus puissant Chevalier d'Or ou du meilleur joueur d'Olive et Tom. Pour ces personnes la vie a repris un goût de mozzarella et de mutagène lors de l’excellent reboot papier des Tortues en 2011 chez IDW suivi l'année suivante par la nouvelle série animée de Nickelodeon, les LEGO TMNT finissant d'achever leur porte monnaie la même année. C'est pourquoi lorsqu'un nouveau filmlive a été annoncé ces gens étranges étaient dans l'expectative. Au cas ou vous ne l'auriez pas encore compris, je fais partie de ces gens et les réponses sont et resterons Donnie, Dohko et Julian Ross.


Mais bref, revenons au film et commençons par son gros point noir : son scénario. Celui-ci  est d'une bêtise sans nom et aurait pu être écrit par un enfant de 9 ans. Les gentils sont très gentils, les méchants sont très méchants et à la fin les tortues gagnent grâce aux pouvoir de l'amour (l'amour fraternel, bande de tordus). Tout y est prévisible et cliché mais essaye de se donner un coté « grim & gritty Â» ou tout a une raison, une origine et une explication comme si les scénaristes essayaient de se convaincre de la cohérence de leur histoire, alors qu'on est dans un film avec des Tortues Mutantes de 2 mètres qui pratiquent l'art du Ninjutsu. Il y a même une explication au nom du clan des Foot, mais vu qu'il s'agit d'une des explications les plus bêtes que j'ai jamais entendu de toute ma vie de fan, je vous laisse le plaisir de la découvrir (et de bien rigoler) en salle.

Je ne m’étendrais pas sur les qualités d'actrice de Megan Fox car tirer au lance roquette nucléaire à tête chercheuse perforante sur une ambulance, ça ne se fait pas. Cette version d'April O'Neil est pourtant loin d’être mauvaise combinant à la fois la version journaliste du personnage avec certains éléments de ses versions scientifiques. La voir reléguée à la potiche de service alors qu'elle aspire à une vraie carrière journalistique (n'est pas Lois Lane qui veut) aurait même pu être attendrissant si le personnage n'avait pas été incarnée par Amanda Lear / Armande Altaï / Howard The Duck (rayer la mention inutile). Cela en devient même complètement meta lorsque Megan Fox se plaint de ne pas être pris au sérieux car elle bien roulée. Comme toute journaliste télé qui se respecte, April est accompagnée par son fidèle cameraman. Je sors d'un marathon Arrested Developpement et du visionnage de Bojack Horseman (jetez donc un oeil au papier de l'ami Alex Hervaud sur cette série), c'est vous dire si j'aime Will Arnett en ce moment. Abandonnant toute finesse, il incarne Verne Fenwick le sidekick rigolo d'April, écrit avec la subtilité d'un transpalette (vous l'avez ?) il fait correctement le boulot et joue bien le sidekick rigolo mais sans réellement s'investir. C'est vraiment dommage car l'acteur est capable de tellement plus. Il en va de même pour William Fichtner, oubliez la tension qu'il avait su insuffler à la scène d'intro' de The Dark Knight ou l'agent du FBI qui avait su donner de l’intérêt à la saison 2 de Prison Break ici il campe un scientifique millionnaire dont le but est de devenir riche. Oui vous avez bien lu un millionnaire qui veut devenir riche. Quand on possède un building à Times Square, un manoir à la montagne et un hélicoptère qui rallie les deux en 30 minutes j'imagine qu'on a plus trop besoin d'un Livret A mais bon avec la crise et la taxe à 75 %, les fins de mois sont peut-être difficiles dans le monde des vilains riches. Dans l'ombre de William Fichtner se trouve Shredder, joué par Tohoru Masamune, un acteur même pas crédité sur Allociné, mi-cerveau des opérations mi-robot garde du corps, ce Silver Samurai au rabais souffre d'une grave maladie : celle de constamment laisser ses adversaires légèrement blessés avant de disparaître. Enfin n'oublions pas Whoopy « Jonah Jameson Â» Goldberg qui a vraiment l'air de se trouver dans le film par hasard.

Vous l'aurez compris, les personnages humains sont bien loin d'être convaincants car entre une écriture caricaturale et l'implication toute relative des acteurs, le tout accompagné par une Megan Fox qui contient dans son visage plus de botox que l’intégrale de Nip/Tuck, on prie très fort pour que les Tortues soient réussies.

Et la je crie OUI, c'est tout bonnement hallucinant, les effets spéciaux et la motion capture sont impeccables. Après la claque visuelle qu'était Dawn of the Planet of the Apes on assiste à une nouvelle leçon de performance capture. Les tortues sont incroyablement bien animées et même si les designs m'avaient un peu rebuté au début, ceux-ci prennent tout leur sens en action. Et c'est bien là la grande qualité du film : nous offrir de belles Tortues Ninja, car au delà de l'aspect technique, l'écriture des tortues sonne tout le temps juste. Les personnalités des quatre frères sont vraiment uniques et chacun retrouvera ce qu'il aimait dans sa tortue préférée. Les quatre acteurs incarnant nos héros ont vraiment su donner une vie et une vraie personnalité forte à chaque personnage. J'ai été moins emballé par Splinter, le personnage étant vraiment réduit à sa fonction de mentor, même s'il est vrai que sa manière de se battre (en utilisant sa queue) est assez sympa et offre quelques jolies chorégraphies.

En parlant de combats, ceux-ci se révèlent parfois assez peu lisibles, notamment à cause du montage épileptique de certaines scènes en intérieur. Le film gagne en clarté une fois les tortues au grand jour mais le réalisateur use alors d'un peu trop de ralentis et a la fâcheuse tendance de ne faire que des 180° avec sa caméra autour des personnages. Je n'ai pas vu les autres films de Jonathan Liebesman mais il se pourrait que ce soit un pseudonyme de J.J. Abrams tant il vient de le défier très clairement sur son terrain au concours du Lens Flare. Il y en a partout, ça n'a souvent aucune utilité et l'image n'en ressort pas grandie. Dans les films de John McTiernan (Die Hard et une dizaine d'autres merveilles du même goût) les pollutions visuelles sont la résultante de l'environnement et du fait que la caméra n'est que spectatrice des événements, ici on a l'impression que ces effets ont été rajoutés par plâtrée pour donner un semblant d’esthétique au film.

Nostalgie oblige, il m'est tout bonnement impossible de ne pas comparer ce film avec celui sorti en 1990. Même si j'ai conscience que ma bienveillance à l'égard du film des 90's vient du fait de son multi-visionnage lors de ma tendre jeunesse, je préfère son ambiance plus intimiste que celle plus grandiloquente du film de Libesman. J'ai toujours eu du mal lorsque les histoires des tortues prenaient trop d'ampleur, notamment parce que c'est lorsqu'on explore l'intimité des tortues et la manière dont les différents frères agissent entre eux que les quatre héros se révèlent les plus intéressants. Même si les dialogues de la nouvelle mouture recèlent quelques pépites, soit sous la forme de clins d’œils aux anciennes versions des tortues ou tout simplement en se moquant ouvertement du coté irréaliste de ses protagonistes, nous sommes en 2014 et le politiquement correct est de rigueur, les insultes et le coté irrévérencieux de le VF du film de 90 sont désormais un lointain souvenir.

Conscient qu'il s'adresse d'abord à un jeune public, Tortues Ninja se permet de grosses facilités mais il n’empêche que j'ai passé un agréable moment de cinéma. Ce n'est pas le film de l'année ni même le meilleur film des tortues mais le film remplit honnêtement son contrat de blockbuster estival (oui je sais, on est en Octobre et il pleut, mais parlez en à la distribution Française du long-métrage). A l'image de sa scène finale qui nous offre une petite "Michael Bay" sur fond de folk rock, le film est fun et regorge de références pop sans pour autant sombrer dans le fan service. Et au final on en demande pas plus aux Tortues ninja.


JiBé
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