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Édito #9: Qui a dit que Batman était un Super-Héros ?

Édito #9: Qui a dit que Batman était un Super-Héros ?

chronique

De tous les Super-Héros, il n'y a pas photo quand on me demande lequel est celui que je préfère ! Celui qui fait briller mes petits yeux, c'est bel et bien le protecteur de Gotham City, celui qui se tient droit du haut d'un bâtiment de sa ville, avec ses deux pointes sur le haut du crâne et son emblème en forme de chauve-souris sur le torse, Batman. Mais j'ai toujours l'impression de voir une faute lorsqu'on qualifie cet homme de Super-Héros car au final, le Chevalier Noir est tout sauf un encapé comme les autres.

Mon amour pour le personnage remonte à loin et j'étais le premier à attendre le début de chaque épisode de ses aventures sur le tube cathodique de mon salon dans les années 90 avec la série animée Batman de Bruce Timm et Paul Dini. Celle-ci était d'ailleurs née du retour en grande pompe au grand écran du personnage avec le film de 1989 de Tim Burton. Mais c'est aussi le Chevalier Noir qui m'a permis de me faire mes premières armes en comics en lisant le magazine Batman : The Animated Serie qui m'a plus tard forcé la main à la vue de couvertures Semic et de titres mettant en scène le héros dans sa tenue de justicier masqué noire et grise. Si Bruce Wayne a tout d'un John du même nom à sauver la veuve et l'orphelin, il n'en demeure pas un humain et son histoire est née dans l'histoire la plus noire.



Sans vous refaire moi-même les origines du Chevalier Noir, puisque vous n'êtes pas sans savoir que celui-ci a assisté impuissant à l'exécution sommaire de ses parents dans une allée sombre de Gotham. Contrairement au héros lambda de littérature qui apprendraient à vivre malgré la souffrance et à surmonter les difficultés et les injustices de la vie, le jeune Bruce ne surmontera jamais le trauma de son enfance qui restera à jamais une blessure du personnage. La tristesse du jeune homme va rapidement se transformer en haine qui va elle-même devenir une vengeance et donner sens à sa vie. Car contrairement à un Superman bien-pensant ou un Green Lantern homme de loi, une partie de Batman ne combat seulement le crime que pour son bien-être mental et personnel avant même celui des habitants de la maltraitée Gotham City. Là où certains tomberait dans la drogue et l'alcool, il a lui foncé tête baissée dans la castagne pour oublier ses maux. Une forme d'égoïsme qui prouve que le personnage est l'opposé même de son père, Thomas, qui combattait le crime de la ville dans la lumière et pour le bien de tous.

Batman est un personnage noir qui partage plus de points communs avec le Joker, son meilleur ennemi, qu'avec son poto Clark Kent. Et être constamment sur la brèche laisse forcément des séquelles sur le personnage. Mais si Batman est fondamentalement différent des autres héros du DCVerse, c'est qu'il n'est qu'un simple humain qui ne possède aucun véritable super-pouvoir. Évidemment, son super-compte en banque est là pour qu'il puisse être à la hauteur et rivaliser avec les autres personnages, mais n'est pas une des fondations de sa psychologie. Ce caractère qui a tout d'humain a toujours créé une perpétuelle ambivalence dans le personnage qui reste souvent dur et prêt à prendre des décisions dont il est le seul à pouvoir assumer les conséquences pour le bien de ses congénères. Sûrement une des raisons pour laquelle, comme le héros pragmatique qu'il est, il a prévu un plan d'urgence pour venir à bout de chaque membre de la Justice League si les choses venaient à chauffer et qu'un de ses membres devenaient ingérable.



Mais cette ambivalence est clairement une bombe à retardement pour Bruce, qui penche parfois dangereusement au dessus de la falaise du côté obscur. Et ce côté noir de Batman est clairement mis en images dans des titres tels que Kingdom Come de Mark Waid et Alex Ross, dans lequel le Chevalier Noir a privé les citoyens de Gotham de leur liberté en faisant de sa ville un État policier où la lutte contre le crime dans la ville est une priorité face au confort de ses habitants, pour le bien de tous évidemment. Mais c'est aussi le cas dans The Dark Returns de Frank Miller dans lequel, Batman, las de combattre, a laissé de côté le reste d'éthique qu'il lui restait de côté pour étancher sa soif de vengeance à coups d'os cassés et en créant sa propre milice d'anciens criminels. Batman est souvent vu comme un hors-la-loi et la seule véritable différence à ses opposants, et pas des moindres, c'est qu'il ne tue pas.

Aussi grand soit le personnage de Batman, c'est aussi un Jedi qui plonge beaucoup trop souvent dans le côté obscur de la Force. Ce point fait de lui un personnage passionnant qui réussit, le plus souvent, à dompter sa propre pulsion de vengeance pour combattre le crime et se rendre au service des citoyens. Il n'a pas la part de lumière inhérente au "super" et il reste au final, l'un des seuls à porter un costume aussi sombre que la nuit (il faut dire que c'est plus pratique pour l'infiltration). Après tout, Batman n'a jamais incarné la justice ou la moralité, mais bien la peur. Mais ne vous détrompez pas, si le Chevalier Noir n'a rien d'un justicier au super-préfixe, il n'en reste pas moins un grand, un immense héros.

AlexLeCoq
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