Après quasiment deux ans d’existence, une dizaine de micro-series, un mini-série prodigieuse (The Secret History of the Foot Clan), le premier event sur l’ongoing Teenage Mutant Ninja Turtles arrive avec le numéro 22. Plusieurs mois de teaser, l’arrivée de Mateus Santolouco en dessinateur sur le titre, un précédent arc axé Science Fiction (les premiers amours de Kevin Eastman) qui a peut être fait perdre le fil à certains lecteurs notamment par un dessin pas au niveau, on pouvait dire que City Fall était des plus attendus. Le résultat est bien au-delà.
Depuis son relaunch, de nombreux éléments ont été introduits et laissés en suspens : la blessure laissée par Slash qui a fragilisé la fratrie, le combat contre Shredder qui depuis a des vues sur Leonardo, le gang Savate encore peu traité, les Purple Dragons… La mini-série The Secret History of the Foot Clan, bien que n’étant pas obligatoire, a également donné une profondeur au leader du Foot Clan et introduit Kitsune. Tout cela va servir de point de départ pour l’event qui durera sept numéros. New York City, ses égouts, ses ruelles, et ses toits, serviront de champs de bataille géant à toutes ces factions, chacune ayant ses intérêts à défendre. Après une introduction qui annonce les intentions de Shredder (régner sur la ville), on retrouve Raph et Casey surveillant le père de ce dernier que nous n'avions pas revu depuis que Splinter lui a donné une leçon, avant de se faire prendre en embuscade par le Foot Clan. En sous nombre, ils se font capturés mais Raphael réussi à s’enfuir pour retrouver ses frères. Les tensions avec son aîné Leonardo réapparaissent lorsqu’il s’agit de monter l’expédition de sauvetage : faut-il se jeter à corps perdus et risquer la vie de tout le monde pour sauver un des membres adoptif de la famille ?
L’affrontement Shredder/Splinter a été un des points culminants de la série jusque-là. Nous assistons ici à un nouveau combat mais indirect. D'un côté le leader des Foot Clan plus terrifiant que jamais, menant son gang d’une main de maître, et ne reculant devant rien pour accomplir sa destinée. De l'autre, Splinter des plus paternaliste, qui a le destin de Casey entre ses mains mais ne veut pas mettre ses fils en danger. Les deux chefs ne vont pas se contenter de diriger de leur base respective mais vont sur le terrain pour littéralement se salir les mains. Nous n’assistons pas qu’à une simple bataille mais vraiment une confrontation allant plus loin que l’affrontement physique. La tension monte tout au long de la lecture, où les nerfs de tous vont être mis à rude épreuve, y compris les nôtres. Le cinquième numéro de la série restait pour le moment la référence autant du côté qualitatif qu'émotif. Ici, on le surpasse.
Bien que nous soyons face à un premier numéro d’un event qui va nous accompagner pendant sept numéros, le ton est donné. Ce single dépasse le stade de la simple introduction et nous plonge immédiatement dans un affrontement qui s’annonce épique. Le cliffhanger de fin est certes prévisible vu la tournure que les événements prennent au cours de la lecture, et on pourra juger de son efficacité uniquement selon ses conséquences dans la suite. Bobby Curnow, éditeur des TMNT, s’est joint à Kevin Eastman et Tom Waltz à l’écriture pour livrer des dialogues qui font mouches et une histoire qui est tissée depuis de nombreux mois. Les fidèles lecteurs trouveront de nombreuses références et verront que l'arc possède des fondations plus que solides. On a même le droit à un easter-egg avec Michelangelo lisant After the Fire, création de Waltz. Mateus Santolouco ne livre pas uniquement des dessins magistraux, mais il nous fait également profiter d’un découpage et une mise en page servant intégralement l’histoire. La détresse de Raphael, les ambitions de Shredder avec cette pleine page pour ouvrir City Fall, sa dangerosité dans le combat, l’efficacité du Foot Clan, tous ces éléments sont autant traduits par les mots de Tom Waltz que le travail de Santolouco. Le caractère de tous est reconnaissable dès le dessin et la couleur du bandeau redevient accessoire.
