Après la
claque infligée par son numéro 25, Uncanny X-Force est clairement
devenu LA série Marvel que j'attends le plus impatiemment tous les
mois. J'ai beau dévorer Daredevil et Fury Max numéro après numéro,
la série mutante de Rick Remender opère sur une échelle qualitative qui
lui est propre et ne connaît aucun rival chez la Maison des Idées.
Après deux épisodes peut-être moins intenses, le vingt-huitième
chapitre de cette série épique sorti cette semaine assène un
uppercut à l'esprit et aux tripes sans le moindre ménagement.
Nouveau meilleur épisode de la série, il prouve à ceux qui en
doutaient encore que malgré l'usage très maladroit d'internet par
l'auteur, on est loin de pouvoir anticiper la direction que prend ce
chef-d'œuvre.
/!\\ Il est sûrement préférable d'avoir lu
la série au moins jusqu'au numéro 27 avant de poursuivre la lecture de cet
article. J'y aborde des événements majeurs s'y étant déroulés. Cependant, pas de malaise : review garantie sans spoiler ni
conservateur ! /!\\
« What the hell is the plan ? »
Uncanny
X-Force #28 est non seulement la suite logique de ce que Remender a
initié dans son magistral numéro 25, il est surtout la synthèse de
ce que cette équipe et cette série ont à offrir à l'univers
Marvel. L'ouverture, géniale, fait appel aux thématiques des
moments les plus fort du passé de la série. Il y a un numéro on
apprenait que la mouture la plus violente de la Brotherhood of Evil
Mutants était dirigée par Daken, le fils de Wolverine. Révélation
qui a alors presque fait flop dans mon esprit, à en croire Remender
elle ne manquera pas de faire sens d'ici la fin de l'arc en cours
(qui surclasse déjà la saga du Dark Angel) et je le crois. En
attendant, en l'espace de deux pages, le scénariste renverse la
vapeur et prend totalement le lecteur à revers. Que ceux qui peuvent
prétendre avoir anticipé la direction que prend cet épisode lèvent
le doigt. On leur coupera pour leur apprendre à mentir de façon
éhontée !
Au-delà du contexte de l'épisode, des plus
surprenants mais faisant totalement sens avec l'historique de la
série, Rick Remender gère son casting comme visiblement aucun autre
auteur actuellement en poste chez Marvel ne saurait le faire. Pour
commencer, son Wolverine est intéressant. Dans une époque où Logan
est virtuellement présent dans une dizaine de titres (et j'exagère
à peine...), chaque apparition du personnage est au mieux
anecdotique. Sa propre série est devenue inintéressante au
possible. Ici, le griffu trouve sa raison d'être. Il est violent et
effrayant, conscient de qui il est et de ce qu'il représente. Il est
X-Force. Cette équipe est un prolongement de sa personnalité
torturée et de sa façon d'appréhender le monde. Sans même s'en
rendre compte, il change en même temps qu'elle.
« Murder for any reason is still murder »
Deadpool est
intéressant ET drôle ! A l'image de Wolverine, Wade évolue
actuellement dans les pages d'un titre solo en perte de vitesse qui
ennuie quand il est censé faire rire. Daniel Way va bientôt quitter
la série et ça ne peut qu'être une bonne nouvelle. En attendant un
éventuel renouveau des aventures du mercenaire à la grande gueule,
si vous cherchez du grand Deadpool, n'allez pas plus loin ! S'il
n'avait pas mieux à faire, Remender devrait envisager d'écrire la
série régulière Deadpool tant son écriture du personnage est
complète. Il livre un Wade hilarant sans avoir à user de ses voix intérieures. L'humour dont fait preuve l'auteur à travers son personnage
est intelligent, permet de reprendre son souffle au milieu d'un récit
sombre au possible et donne un relief subtil et rare à la
personnalité du clown de service.
Comme annoncé, Psylocke est la star de cette première partie d'arc. Après la
disparition de l'homme qu'elle aimait, la mort de son frère par ses
mains (enfin son esprit), la perte de sa faculté à ressentir des
émotions, une séance de torture par le Shadow King et la mort de Fantomex au dernier numéro (à laquelle j'ai toujours du mal à
croire), on pourrait croire Betsy au fond du gouffre. Et pourtant. Et
pourtant Remender n'en fini pas de lui lancer tout ce qu'il peut à
la gueule. De la première à la dernière page la ninjette télépathe
ne cesse de se surpasser, de cracher sur toute valeur morale afin de
sortir son équipe de la merde. Le final qui lui est consacré est
grandiose et le travail de Julian Totino Tedesco n'y est pas pour rien.
Mais nous y reviendrons.
« Sorrow isn't an option »
Pour conclure sur le roster de la série,
en vrac on retrouve : Deathlock qui sert ENFIN à quelque
chose ! Le Punisher dans un rôle de composition pas forcément
surprenant. En prenant en compte son apparition en guest ici et
l'annonce faite par Greg Rucka que son personnage va bientôt
intégrer une équipe, il n'est pas difficile de relier les points et
d'y voir l'annonce de l'arrivée prochaine de Castle au sein d'une
équipe d'assassins aux objectifs pas si éloignés des siens. Enfin,
si le traitement du personnage d'Evan ne surprend aucunement, la
tournure que prennent les événements peut donner un nouveau sens au
visuel récemment posté par erreur par Remender sur la
toile.
Enfin, s'il y a bien une surprise dans ce numéro,
c'est son dessinateur. Du haut de son nom impressionnant, Julian
Totino Tedesco offre à la série le trait qu'elle mérite. Le dessinateur
argentin est bien parti pour devenir un artiste qui compte dans
l'industrie. Son travail sur les émotions et les scènes d'action
impose le respect. Pour ceux qui n'aurait jamais entendu son nom, si
vous lisez cet article vous avez forcément déjà croisé son
chemin. Cover artist notamment sur la ligne Season One de Marvel,
l'adaptation de John Carter et maintenant X-Treme X-Men, vous pouvez
le suivre sur son blog (ATTENTION : il y a posté une page quelque peu "spoilante" pour ceux qui n'auraient pas encore lu l'épisode). A ses côtés Dean White toujours fidèle au poste continue d'offrir une ambiance unique à la série grâce à sa palette de couleurs unique.
Au terme de la review la plus longue que j'ai tapé à ce jour, je pense avoir été clair : Uncanny X-Force #28 est le meilleur numéro publié à ce jour de la meilleure série actuellement en cours chez Marvel. Si The Dark Angel Saga a fait parler, Final Execution promet d'achever d'inscrire la série dans l'histoire du comic book. Pour ceux inquiétés par les annonces sur le Uncanny Avengers à venir de Rick Remender, attendez donc avant de cracher votre bile. Si le titre hybride est à moitié aussi bon que Uncanny X-Force il vaudra le détour, surtout quand on sait que Final Execution aura des conséquences qui résonneront dans les pages de Uncanny Avengers.