C'est un numéro
exceptionnel de Uncanny X-Force qui nous est parvenu mercredi
dernier. Rick Remender et Nick Lowe ont tellement mis les petits
plats dans le grands, tant en terme d'édition que d'histoire, pour
ce mini-numéro anniversaire qu'on en croirait presque que la série
ne fêtera jamais l'arrivée de son 50ème épisode et est destinée
à disparaître prématurément. Le scénariste nous a annoncé
l'ouverture d'une histoire plus violente et riche en conséquences
que la Dark Angel Saga et s'en donne les moyens d'entrée de jeu.
Comme si ce n'était pas suffisant la Maison des Idées nous gratifie
de deux histoires courtes signées par Remender et Opena en back-up
histoire d'enfoncer le clou et de faire de ce numéro un
incontournable de la semaine.
« Personal motivation guarantees a
higher rate of success »
Dès le début, ce qui
distinguait les héros de Stan Lee de ceux de la concurrence était
leur tendance à livrer des combats personnels, à ne s'engager
dans la bataille qu'à partir du moment où les enjeux impactaient
directement leur vie privée. Le film Avengers en est un témoignage
criant. Si Rick Remender n'avait qu'une ligne directrice à suivre
depuis son arrivée sur le titre, ce serait celle-ci. Cela fait 24
épisodes que chaque meurtre commis par la team d'assassins de
l'ombre relève de la vengeance, du service rendu à un proche ou de
la tentative de réparer une erreur perpétrée par un ou plusieurs
membres de l'équipe. Au-delà de l'aisance avec laquelle ces
professionnels savent ôter la vie lorsque nécessaire, le caractère
personnel de leur lutte est bel et bien ce qui constitue le moteur
d'efficacité de l'équipe. Du dernier arrivé AoA Nightcrawler à Psylocke, la plupart des équipiers de Wolverine sont d'ailleurs
membres de cette milice pour des raisons personnelles plus que par
conviction. Il est donc tout à fait normal que la cohésion du
groupe soit des plus précaires comme l'annonce si bien le résumé
des épisodes précédents.
Après avoir perdu l'homme
qu'elle aimait, Psylocke a tué son frère et sacrifié son âme.
Indéniablement celle à qui les combats de X-Force ont le plus
coûté, cette dernière prend la décision de quitter le groupe.
Fragilisée comme jamais auparavant l'équipe s'apprête à affronter
son pire ennemi. L'idée derrière le White Sky Showroom et le Omega
Clan n'aurait pas pu être introduite à un meilleur moment. Un trio
d'assassins fabriqué à partir des restes de Omega Red et persuadé
que Wolverine a massacré leur famille ? Vengeance + force
destructrice + équipe en effectif réduit. Faites le calcul. Et la
nouvelle mouture de la Brotherhood spécialement réunie autour du
projet commun de détruire X-Force n'est même pas encore apparue. Final Execution porte bien son joli nom et risque de beaucoup faire
parler avant sa conclusion.
« You've given in to
the worst part of yourself »
Lors d'une conversation
avec Laurent d'Apo K Lyps il n'y a pas si longtemps, ce dernier se
plaignait du caractère schizophrène de Wolverine qui selon lui
avait perdu toute cohérence. Entre directeur d'école le jour qui
fait griller du marshmallow pour les gosses sur ses griffes pendant
les pique-niques et assassin invétéré et sans remords la nuit,
nombreux sont ceux qui n'acceptent plus le personnage de Logan dans
son ensemble. Dans Uncanny X-Force #25 Remender vient d'inscrire
définitivement toute la cohérence du personnage et la raison d'être
de cette équipe en l'espace d'une double page rythmée par les états
d'âme du mutant griffu sur fond de massacre sanguinolent.
Ce
soucis de cohérence et d'inscription de la série, sinon dans
l'univers Marvel dans son ensemble, au moins dans le monde mutant,
marque aussi l'écriture de l'auteur spécialiste des titres
black-op. On connaît sa complicité avec Jason Aaron qui a récupéré Genesis et Angel dans les pages de Wolverine and the X-Men à la
sortie de la Dark Angel Saga. Cette collaboration entre les deux
auteurs permet de faire se rencontrer le casting des deux séries
assez souvent et c'est parti pour être le cas encore dans Final
Execution. Au-delà de ça, il est aussi plaisant de constater que
pour une fois les événements se déroulant dans les pages de Deadpool ont enfin des répercutions quelque part.
Au
final, le seul défaut que l'on peut trouver à ce premier chapitre
de Final Execution se trouve dans le trait de Mike McKone.
Considérablement plus agréable que ce que l'arc Otherworld nous
avait imposé, le style de Mckone n'est pas mauvais en soit mais
n'est pas le choix le plus évident sur ce titre. Le travail de Dean
White aux couleurs a beau maintenir l'unité graphique de la série,
les visages du dessinateur font tache. Trop lisses, ils tranchent
avec le trait brut, sombre, caractéristique de la série.
« I ain't no honorable
man »
La dernière page de ce premier chapitre tournée,
Rick Remender achève d'étaler tout son talent. A travers deux
histoires d'une dizaine de pages chacune que Marvel a trouvé bon de republier ici, il offre sa conception de
ce qu'une bonne histoire de Wolverine et de Deadpool doit être. Dans Purity, l'auteur confirme sa vision du caractère schizo de Logan
dans un récit violent qui n'est pas sans rappeler de très
bonnes histoires de Wolverine dans sa structure. Dans Appetite for
Destruction, il se livre à un exercice qui ne réussit pas à tout
le monde en écrivant une histoire loufoque/gore/psychédélique dans
laquelle il ne s'interdit rien en terme d'humour absurde et de
retournements de situations improbables. Du grand Deadpool. Ces vingt
pages de bonheur sont dessinées par un Jerome Opena (qu'on aimerait
voir revenir sur la série principale) qui s'adapte au ton de chaque
récit à la perfection dans une performance qui à elle-seule
justifie l'achat de ce numéro d'anthologie.
Uncanny X-Force #25 marque
le retour de la série dans le cercle des meilleurs titres publiés
par Marvel. Rick Remender a de grands projets pour cette série et
n'épargnera aucune difficulté, aucun tourment, à ses personnages.
Etre membre de cette équipe se paie à la dure et a des
conséquences. Uncanny X-Force est un titre qui compte, et ce à
plusieurs égards, qu'on se le dise !