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Spécial St Valentin : les histoires d'amour préférées de la rédac

Spécial St Valentin : les histoires d'amour préférées de la rédac

DossierIndé

Réalisé avec les participations de Katchoo, Steeve et Apteis, merci à eux

Ah, la Saint Valentin. La fête des amoureux, des roses rouges et des boites de chocolats. Un grand moment de romantisme auquel Comicsblog n’échappe pas. Ainsi, après l’excellent dossier de Manu l’an dernier, nous avons cette fois-ci décidé de vous faire partager nos histoires d’amour préférées des comics. Quelques récits, pas forcément très connus, formant une liste absolument pas exhaustive. Mais autant d’histoires tragiques, épiques, mélancoliques, passionnées, psychédéliques ou tout simplement heureuses, autour du plus beau sentiment du monde. Autant d’hymnes à l’amour sous toutes ses formes à partager avec l’être aimé à la lumière d’une bougie. Avant d’attaquer les chocolats. Bonne Saint Valentin !

X-Men #33 : The Hearts Of Thieves

Par Fabian Nicieza & Andy Kubert

X-Men #33Peut-être le titre le plus connu de ce dossier. Un classique pour tous  les fans de Gambit, et qui se passe essentiellement à Paris en plus. Dans ce numéro Sabertooth est prisonnier des X-Men (le pourquoi importe peu ici) et en bon psychopathe manipulateur il entreprend de raconter sa première rencontre avec Gambit à une Rogue fort troublée. C’est ce récit, tout droit sorti du passé fort nébuleux de l’X-Man cajun qui constitue l’essentiel de l’intrigue.

Remy Lebeau, alors adolescent et membre de la guilde des voleurs, y est chargé de dérober The Cheating Star (traduit comme « l’étroile du tricherie », sic…), un bijou qui a déjà été volé par la belle Genevieve. Mais il n’est pas le seul sur la piste du fameux collier. Monsieur Herzog, son propriétaire légitime a engagé Sabertooth pour retrouver Genevieve et lui rapporter son bien. Du sort de la donzelle il n’a cure, car pour le dépouiller celle-ci l’a séduit et lui a brisé le cœur. Le féroce griffu est sur le point de s’acquitter de sa mission quand Gambit intervient et sauve Genevieve. Prudent, il décide donc de se retirer temporairement et d’observer ce nouvel adversaire.

C’est donc au tour de Remy d’entrer en jeu et son plan est plus subtil. Il entreprend de séduire Genevieve pour mieux lui dérober le bijou. Par jeu. Et le cajun va parfaitement réussir, sortant le grand jeu à la belle et faisant preuve d’une totale absence de scrupule au moment de passer à l’acte. Mais les choses vont se compliquer quand Sabertooth va capturer le frère de Gambit (présent pour superviser sa mission) et exiger de l’échanger contre le bijou. Et comme il aime lui aussi jouer il va par la même enlever Genevieve et obliger Gambit à choisir qui sauver.

C’est le final de cette histoire qui fait toute sa force, avec un Gambit pris au piège, mais surtout qui n’a rien du héros qu’on connait aujourd’hui. Il ne regrette rien de ses cruels mensonges et l’histoire d’amour tragique est réservée à Genevieve, ce qui constitue un joli contrepied. Le fait que ce drame soit conté à Rogue ajoute encore à son poids. Fabian Nicieza fait preuve d’une grande finesse dans son écriture, alliant dialogues justes et structure impeccable pour sa narration. Le résultat est une histoire poignante, une magnifique tragédie. Et le Paris d’Andy Kubert, tout droit sorti du début du siècle, fait un décor aussi irréaliste que sublime.

Usagi Yojimbo #93 : Chanoyu

Par Stan Sakai

ChanoyuCha-no-yu en japonais signifie littéralement « eau chaude pour le thé ». Il s’agit du nom de ce qu’on appelle en occident « la cérémonie du thé ». Ce rituel extrêmement codifié est un élément essentiel de la culture nippone. Il ne faut en effet pas y voir une simple version orientale du « five o’clock tea » mais bien une expérience spirituelle dont les moindres gestes doivent être exécutés à la perfection afin d’atteindre l’harmonie.

C’est donc cette cérémonie que Stan Sakai met en scène dans ce récit entre son héros, Miyamoto Usagi, et Tomoe. Celle-ci, personnage secondaire récurrent de la série, est une femme samurai qui sert de garde du corps et de conseillère au jeune seigneur du clan Geishu. Elle et Usagi ont vécu bien des aventures ensemble et sont devenu des amis très proches. Mais jamais plus. Formellement.

Car en réalité toute la cérémonie, détaillée avec une précision remarquable par l’auteur, est en réalité une métaphore pour les sentiments qu’ont Usagi et Tomoe l’un envers l’autre. Des sentiments inavoués, mais bien réels. Et suggérés avec une subtilité et un raffinement tout à fait admirables. Le rythme du récit est très lent, contemplatif. Mais chaque image vaut mille mots et bien plus encore. Stan Sakai n’hésite pas à utiliser plusieurs cases pour représenter les actions les plus simples. A la fois pour faire ressortir leur méticulosité, mais aussi toute la retenue derrière chaque geste. Il prend aussi son temps pour finir le numéro, accompagnant Usagi sur plusieurs pages après la fin de la cérémonie, renforçant encore la dimension contemplative évoquée plus tôt. Ce procédé permet de faire ressortir la force des émotions d’Usagi et Tomoe, les laissant bouillonner sous la surface, mais traduit aussi superbement leur retenue. Et peu importe que les protagonistes soient des animaux anthropomorphisés, on n’a jamais vu des visages si expressifs. Un sourire, un regard, tout est parfaitement rendu et exprime parfaitement les sentiments des personnages.

Les dialogues, rares, sont eux aussi sublimes. Chaque réplique est juste, pleine de sous entendus délicats. Et la description quasi clinique des étapes successives de la cérémonie constitue un contrepoids magnifique aux passions dissimulées d’Usagi et Tomoe.

Le résultat est un récit dont la force réside dans sa subtilité. Comme l’amour entre les deux personnages.

Scalped #35 : Listening To The Earth Turn

Par Jason Aaron & Danijel Zezelj

ScalpedL’histoire commence dans le froid et la neige. Mance et Hazel, un couple de vieux indiens, marchent. Ils essaient de rentrer chez eux. Mace doit aider Hazel. Elle est malade. Fatiguée. Et finalement elle tombe. Mance s’agenouille à ses côtés.

C’est sur cette scène que s’ouvre ce numéro. Ce qui va suivre c’est l’histoire de ces deux indiens. Pas de toute leur vie, non. Juste des derniers jours. Quand ils réalisent que leur potager n’a pas donné assez pour leur permettre de passer l’hiver. L’humiliation pour Mance d’aller en ville accepter la nourriture offerte par le gouvernement. L’horreur quand il découvre que pendant son absence Hazel a fait un malaise. La voiture qui tombe en panne sur le chemin du retour. Le trajet dans la neige. Puis la fin, cet avion de la base militaire toute proche qui tombe du ciel. Sur leur maison. Et le véritable dénouement. La preuve que le destin réserve bien de surprises.

Mais ce qu’il faut retenir de ce récit c’est l’amour qui unit Mance et Hazel. Un amour inébranlable. Indéfectible. Et si réel. Pas de belles phrases ici. Pas de moments épiques. Juste deux êtres qui s’aiment et qui font face à la vie ensemble. Envers et contre tout. Sans gloire. Et cette simplicité, cet aspect ordinaire du récit, donne toute sa force à la romance des deux indiens. Ça et la finesse remarquable de l’écriture de Jason Aaron, pourtant assez peu coutumier du fait.

L’auteur utilise en effet un gimmick simple mais à l’efficacité redoutable : en parallèle aux dialogues, assez rares, il nous dévoile les pensées croisées des personnages. Les inquiétudes. Les petits mensonges pour se rassurer. Les secrets. Et surtout ces moments où on se comprend au-delà des mots. Où on sait ce que l’autre a besoin d’entendre, ce qu’il pense. Ces moments partagés par ceux qui s’aiment. Et quand les personnages parlent c’est aussi très juste. Authentique.

Ainsi une histoire toute simple devient magnifique. Et elle est sublimée par les dessins sombres et torturés deDanijel Zezelj, qui traduisent parfaitement la dureté de la vie sur la réserve indienne de Prairie Rose. Rien n’est beau. Et ça rend l’histoire d’Hazel et Mance encore plus superbe.

Vimanarama

Par Grant Morrison & Philip Bond

VimanaramaL’amour peut parfois être compliqué, encore plus lorsque l’on ne le choisit pas. Ainsi, Ali appréhende énormément la rencontre avec sa femme promise. Il part du principe que si elle est moche, c’est qu’il est damné. Ainsi, sa future femme sera le prisme de l’amour que Dieu a pour lui. Et l’issue peut s’avérer terrible, puisqu’il promet que si elle ne lui convient pas, il se pendra. Cela aurait pu être une simple histoire d’amour sur fond de Bollywood et de culture indienne, mais voila, Grant Morrison est au scénario. C’est donc tout naturellement qu’Ali se retrouve à libérer des démons qui veulent tout simplement détruire le monde. Heureusement des simili-dieux, les Ultrahadeen du Prince Ben Rama, sont la pour tenter de les en empêcher…

Tout cela vous paraît décousu ? Ce n’est absolument pas le cas et Grant Morrison déroule son histoire le plus naturellement possible en réussissant à imprégner une ambiance Bollywood attachante. Des dialogues savoureux, des personnages aussi bien principaux que secondaires savoureux, tout prend vit avec bonheur sous le trait d’un Philip Bond qui montre encore et toujours qu’il mériterait d’être plus mis en valeur.

Mais revenons à l’amour, dont il est principalement question ici. L’amour semble au premier abord absent puisqu’il s’agit d’une promise et que les deux époux ne se sont jamais rencontrés. Mais voila, lorsqu’Ali réalise qui est Sofia, l’espoir renaît en lui et au fil de l’histoire, même la fin du monde lui paraît anecdotique. Même quand un Dieu rentre en jeu pour un triangle amoureux, il refuse de perdre espoir au premier abord. Mais comment un humain pourrait lutter face à un Dieu ? La réponse est simple : l’amour.

Saga Of The Swamp Thing #34 : Rite Of Spring

Par Alan Moore & Steve Bissette

Saga Of The Swamp ThingEn 1985, Alan Moore nous offre la plus belle et la plus troublante histoire d’amour qu’il nous a été donné de lire dans le petit monde des comics, et cette histoire nous allons la trouver dans le #34 de Saga of The Swamp Thing, un numéro qui reste encore un classique en ce qui concerne l’interprétation métaphorique d’une scène d’amour dans la bande dessinée, avec tout le lyrisme , la poésie et le psychédélisme qu’a su lui attribuer son auteur. L’épisode s’appelle « Rite of Spring ».

Même si leur couple est loin d’être au beau fixe, Abby Cable est traumatisée par la vision de son mari plongé dans le coma depuis son accident de voiture. Le médecin lui recommande même de refaire sa vie, elle décide donc de trouver tout le réconfort dont elle a besoin auprès de son ami et confident de toujours, Alec Holland, alias The Swamp Thing. Dans la scène suivante, Alan Moore excelle à faire ressortir les sentiments réciproques qu’Abby et Alec n’osaient s’avouer l’un l’autre jusque là, tout en développant les doutes et les écueils d’une telle relation amoureuse, comme la culpabilité, l’anormalité, la peur de l’inconnu et accessoirement l’impossibilité d’avoir une relation sexuelle.

Mais c’est alors que l’on va assister à l’une des plus impressionnantes scènes d’amour jamais abordée dans la bande dessinée, et ce grâce à l’inventivité du duo Moore/Bissette.
En consommant un tubercule qu’Alec a retiré de son propre corps végétal, Abby entre en contact et communie avec le subconscient du Swamp Thing, ressent ce qu’il ressent, voit ce qu’il voit, et se fond en totale symbiose avec son amour, devenant ensemble une seule et même créature.

Les panneaux de Bissette (sur des textes de Moore toujours d’une grande poésie) parviennent également à décrire à merveille la totale harmonie qui réunit ces deux êtres et la nature qui les abrite. On pourrait presque parler de triolisme tant la fusion Abby/Alec/Ecosystème du Marécage est à ce moment là indissociable.

Cette scène est tellement emblématique que Moore s’est même permis d’y faire ouvertement référence dans Promethea #10 (Sex, Sand & Stars), avec une composition quasi identique (bien que plus explicite) cette fois-ci par orchestrée par un certain JH Williams III

On pourrait également parler des effets hallucinogènes de certains tubercules, mais ça c’est une autre histoire…

X-Force : Sex & Violence

Par Graig Kyle, Chris Yost & Gabriele Dell’Otto

X-ForceEn juillet 2010 Craig Kyle et Christopher Yost célèbrent la fin de leur run sur X-Force au moyen de la mini-série X-Force: Sex and Violence. Comme son nom le laisse à penser, ce chant du cygne ne laisse aucune place au lyrisme et à l'émotivité. Malgré tout, au milieu des litres de sang déversés le long des trois épisodes constituant le blockbuster, l'histoire n'est pas exempte de sentiments. La complicité, le désir et la passion qui déchirent Wolverine et Domino au cours de l'aventure font des deux personnages les meilleurs protagonistes que les scénaristes auraient pu trouver pour nous offrir un final explosif. Surtout, ils justifient la présence de cette histoire dans ce dossier.

Dès l'entrée de Domino dans l'équipe d'assassins menée par Wolverine dans les pages de X-Force #8, Logan ne cache pas son plaisir de voir la mutante sexy joindre les rangs de l'équipe. Un épisode plus tard, le duo sensuel s'affiche sur une couverture qui annonce mieux que n'importe quelle sollicitation ne saurait le faire que nos deux scénaristes ont une histoire à raconter avec ces deux bêtes de sexe (bon d'accord, je me calme...). Les trois émotions que j'ai cité plus tôt (complicité + désir + passion) sont omniprésentes dans Sex and Violence. Même si elles ne font pas des deux mutants le couple du siècle, elles en disent long sur la nature de la relation qui les unit. Leur enthousiasme sur le terrain, leur ardeur au lit et l'oubli de soi dont ils arrivent à faire preuve traduisent une confiance en l'autre primordiale à toute relation amoureuse solide. Quels amants ne rêvent pas de goûter aux joies de la spontanéité telle que dépeinte ici par Dell'Otto ?

Les dessins de Dell'Otto, parlons-en. L'artiste italien, qui n'est plus tout à fait au top à l'heure où je tape ces lignes, propose tout simplement une de ses meilleures productions sur ce titre. Au-delà de la violence qu'il maîtrise parfaitement, le dessinateur livre un travail qui fait office de véritable valeur ajoutée quand on en vient aux émotions. Le rapport dominant/dominé basculant d'un côté à l'autre de scène en scène se dispense de mots grâce au trait habile de l'illustrateur. Leur attitude, leur gestuelle, traduit une égalité qui renforce le sentiment de complicité entre les deux protagonistes. Une complicité que le lecteur vient rapidement à ressentir lui aussi. Bref, en plus d'être le blockbuster de l'été 2010, X-Force: Sex and Violence est une histoire d'amour comme on en voit peu. Oui Môssieur!

Jeffzewanderer
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