Pendant que Brian Michael Bendis (Ultimate Spider-Man, Powers) joue les recruteurs et ramène Norman Osborn sur les devant de la scène dans Avengers et New Avengers, Warren Ellis (Planetary, Thunderbolts) continue sa pige sous formes de stand-alones sur Secret Avengers. Et, mis à part un épisode avec un certain camion démoniaque, il s’en sort jusque là plutôt bien. Ce Secret Avengers #19, dessiné par Michael Lark (Daredevil, Amazing Spider-Man) le confirme une fois de plus.
En fait ce numéro est pour ainsi
dire le « done-in-one »
parfait. Déjà parce qu’en vingt-deux petites pages il arrive à poser une
situation, développer une intrigue et la résoudre de manière on ne peut plus
satisfaisante. Le tout en l’insérant dans la trame plus vaste de la série, et
sur un rythme parfaitement maîtrisé. Pour l’occasion la petite équipe de Steve Rogers, composée de Moon Knight, Black Widow et Sharon Carter,
va devoir infiltrer une maison close en Symkarie(l’un des pays fictifs de l’univers Marvel, décidément très à la mode en ce
moment). Cela afin de démanteler un trafic de drogues lié au Shadow Council. Enfin ça c’est ce qu’on
croit au début, car Warren Ellis nous réserve un rebondissement dont il a le
secret en cours de numéro en introduisant une dose de surnaturel dans son intrigue.
Et autant quand il fait ça avec un camion ça passe mal, autant ici le résultat
est des plus probants.
C’est donc un scénario solide que nous livre le scribe anglais, riche en action comme d’habitude (c’est d’ailleurs le seul reproche que lui feront certains, pour un groupe spécialisé dans l’infiltration la bande de Steve se fait souvent repérer, même si l’auteur sait en jouer). Et le final est très réussi dans le style contre-pied pour le lecteur. Mais surtout, c’est l’ambiance de ce numéro qui est une réussite absolue. Elle est en effet digne des meilleurs polars noirs, et on est dès la première page transporté dans un univers de luxe racoleur et de crimes sordides. Les dialogues, discrets, sont d’une justesse absolue. Pas de grandiloquence, on est là pour accomplir la mission. Mais ça n’empêche pas quelques petites perles ici et là, Ellis aimant apparemment beaucoup s’amuser de et avec Moon Knight. D’ailleurs le schizophrène attitré de la Maison Des Idées vole presque la vedette à ses co-équipiers par sa classe.
Niveau dessin, Michael Lark nous livre probablement
l’un de ses meilleurs numéros. Son trait sobre, réaliste, sombre et riches en
détail fait merveille pour cette histoire. Et surtout participe intégralement à
l’ambiance si réussie dont on parlait plus haut. Dès les premières pages
l’artiste nous émerveille littéralement par des vues superbes d’Aniana, la ville où se passe l’action.
On a réellement l’impression de se retrouver dans une métropole d’Europe
centrale. Et les intérieurs sont tout aussi réussis. Les personnages ne sont
pas en reste, qu’il s’agisse des criminels, des prostituées ou de nos héros, en
civil pour l’occasion. Encore une fois mention spéciale à Moon Knight, à qui le
combo masque/costume blanc sied particulièrement. Allez, juste pour pinailler
on fera juste remarquer que sa cravate passe du rouge au blanc en cours de
numéro. Mais notre dandy psychotique
en a peut être changé.
L’action, enfin, est magistralement représentée. Assez chorégraphiée pour être visuellement intéressante mais sans tomber dans la surenchère afin de préserver l’atmosphère « réaliste » du récit. Le combat entre Steve Rogers et le gros bras derrière le club en est une parfaite illustration. Il est d’ailleurs à mettre au crédit de Michael Lark d’arriver à mettre autant de cases par page (jusqu’à neuf), en les remplissant autant, sans qu’on n’ait jamais l’impression que le tout est trop chargé. C’est à n’en pas douter l’une des raisons pour lesquelles une histoire si riche fonctionne aussi bien en seulement vingt-deux pages.
Dernier détails savoureux, on appréciera le truc de lettrage pour montrer quand les personnages parlent Symkarien, sans avoir recours aux sempiternel crochets. Ça n’a l’air de rien mais c’est le genre de détails qui parachèvent une belle réussite.
Secret Avengers #19 est donc un véritable petit bijou. Le scénario est impeccable, efficace et assez riche pour captiver de bout en bout tout en bénéficiant d’une vraie bonne fin. Les dessins sont irréprochables, et contribuent à créer un climat qui donne tout son charme à ce numéro. Un coup de maître qui réjouira les fans de la série et qu’on ne peut que conseiller à ceux qui ne la liraient pas encore, ce numéro pouvant être dégusté hors de tout contexte.
Les plus : Une intrigue bien ficelée
Des dessins à tomber par terre
Cette ambiance…
Moon Knight plus classe que jamais
Les moins : Changer de cravate en pleine mission, quel dandy ce Moon Knight
Il ne peut vraiment pas rester Michael Lark ?
Notes
Scénario : 4,5/5
Dessin : 5/5
Globale : 4,5/5