Ça fait une bonne dizaine d’années que le playboy milliardaire le plus en vue de Gotham City, Bruce Wayne, a rangé son costume de Batman au placard. Il pensait même ne plus le remettre un jour et il est désormais devenu vieillissant et aigri dans un futur pas si lointain dans lequel la criminalité au sein de la ville a pris une ampleur sans précédent.
L’alter-égo de Bruce Wayne profite (si on peut dire cela comme ça) désormais d’une retraite bien méritée. Ce dernier en a alors profité pour nouer et renforcer ses relations amicales avec le Commissaire Gordon qui d’ailleurs, lui, semble être au courant concernant les anciennes expéditions nocturnes de son vieil ami. Même si Bruce a raccroché et qu’il s’est un peu plus ouvert au chef de la police de Gotham, il baigne malgré tout dans une solitude bien pesante.
Depuis quelques années, il a perdu tout contact avec celui qui fut le premier Robin et que l’on connut pour avoir été par la suite le protecteur de Blüdhaven, Nightwing. Et si cela ne suffisait pas, le crime règne maintenant en maître dans sa ville à cause d’un gang de mutants (attention, rien à voir avec les X-Men). Rien ne va vraiment plus pour les habitants de Gotham City qui étaient jadis sous la protection du Chevalier Noir. Arkham Asylum est devenu un "vrai" lieu de réhabilitation pour les psychopathes de tout poil tels que le Joker ou encore Two-Face soutenus par les médias télévisés dans lesquels il est affirmé que la cause de tous les maux de ces fous furieux n’ont qu’une seule et même origine : Batman. Seulement, certains se souviennent quand même de toutes les actions bienfaitrices du justicier de Gotham maintenant à la retraite. Notamment Alfred Pennyworth (toujours présent pour le soutenir) et une jeune adolescente du nom de Carrie Kelley qui deviendra un peu plus tard dans l’histoire la nouvelle incarnation de Robin.
Aujourd’hui, le chaos règne à Gotham. En effet, la corruption et la criminalité sont devenues omniprésentes. Alors, suite à l’accumulation de tous ces facteurs, Bruce Wayne décide de rempiler et de reprendre l’identité de Batman. Peu de temps après l’alliance avec la nouvelle Robin, le dynamique duo va devoir faire face à plusieurs menaces. Et la pire d’entre elles ne sera pas celle que l’on attend automatiquement. Hé oui, que ce soit du Joker au nouveau chef de la police tout en passant par les mutants, ses plus grands ennemis se révèleront être finalement représentés par les médias télévisés (qui le décriront en totale subjectivité), le gouvernement et un ancien allié qui se verra être désormais à la solde de ce même gouvernement justement. Malgré cela, un groupuscule va sortir du lot et va même aller jusqu’à idolâtrer Batman et agir à son image (quoique avec quelques variations...).
Le très controversé Frank Miller, qui a signé aussi le scénario du fabuleux Batman Year One ou encore le sublime Daredevil Born Again, nous dépeint ici un Batman beaucoup plus sombre, plus froid et plus expéditif qu’il ne l’a été auparavant mais aussi très militarisé dans ses actions. Il est encore plus violent et n’hésite surtout pas une seule seconde à utiliser des méthodes plus radicales qu’à son habitude. Certes, Frank Miller, dans sa version plus mature du Chevalier Noir, le rend plus bad-ass mais aussi plus fatigué, voire quelques peu dépassé par les évènements par moment tout en faisant tout son possible pour s’imposer alors qu’il est devenu un paria aux yeux de la police. C’est d’ailleurs ce qui le rend encore plus réaliste. De plus, le scénariste se sert énormément de la télévision pour alimenter son histoire. Cette méthode permet au lecteur de bien se plonger au milieu des évènements grâce aux médias télévisés surtout quand c’est sur fond d’actualité de l’époque en faisant écho à la Guerre Froide qui opposait les États-Unis à l’URSS (pour rappel, on se situe en 1986, époque où ce duel psychologique entre les deux puissances maintenait une grande pression partout dans le monde). Et puis, là où c’est très judicieux, c’est de la façon que Frank Miller a intégré tout cela. On retrouve un peu partout dans les pages de Dark Knight Returns ces médias intégrés sous la forme d’écrans de télévision. Les informations sur ce conflit et les débats concernant les bienfaits passés et actuels de Batman s’entremêlent avec d’autres actualités et c’est aux lecteurs de faire le tri pour s’immerger dans l’histoire.
Que l’on apprécie ou non le style graphique de Frank Miller, une chose est sûre et certaine : il ne laisse pas indifférent le lecteur. Mais il faut avouer que le découpage de ses planches est tout bonnement dynamique. Il joue énormément avec leur composition ainsi qu’avec les onomatopées en les intégrant parfois même de telle façon qu’elles en deviennent indissociables du reste des pages. Sans parler de la manière dont Frank Miller dépeint le chaos. Ce qui ajoute encore plus de profondeur à l’histoire qui est elle-même déjà de par son scénario très sombre. On sent que sous son crayon Batman est profondément torturé et qu’il est capable d’aller jusqu’au bout pour ramener l’ordre dans sa ville. Ce qui est marquant aussi, c’est la représentation que l’auteur a de Superman qui se situe totalement à l’opposé (et c’est là poussé à l’extrême) du Chevalier Noir. Il en fait le symbole américain par excellence avec tous les clichés qui en découlent (la scène dans laquelle Bruce et Clark font du cheval alors qu’un aigle royal passe au second plan).
Œuvre majeure de l’univers de la Chauve-Souris, Frank Miller a su donner une version du héros plus noire qu’à l’accoutumé. Frôlant régulièrement l'excès, The Dark Knight Returns reste néanmoins un incontournable. Dynamique dans tous les sens du terme, Frank Miller a imposé un rythme soutenu tout au long de l’histoire sans que cela gêne la lecture. En France, il y eut quatre éditions différentes dont la dernière en date est sortie chez Panini.
10 Novembre 2011
tillPour ce qui est de la traduction, est ce qu\'il faut préférer celle de Doug Headline (Delcourt) ou celle de Nicole Duclos (Panini). J\'ai lu la version de Delcourt et ça m\'a vraiment gaché le plaisir de la lecture.
22 Octobre 2011
DarkChapSi je m\'en souviens bien, il ne tue personne avec, par contre mais s\'en sert comme d\'un outil, ce qui était plus fréquent jusqu\'aux mid-90\'s, The Cult de Starlin fait à peu près pareil.
Ce qu\'il faut bien comprendre, c\'est que la scène de la mort des parents Wayne n\'est devenue si centrale que depuis Miller, qui a d\'ailleurs inventé pour l\'occasion les fameuses perles de sa mère. De cette centralité nouvelle, d\'autres auteurs ont dégagé le principe anti-arme à feu, qui auparavant n\'était qu\'un état de fait commun à tous les super-héros.
22 Octobre 2011
Darkshap> J\'ai vérifié, il utilise bien une arme à feu sur cette case.
http://img413.imageshack.us/img413/2214/1225982388batmantdkr064.jpg
22 Octobre 2011
DarkChapNon quand même pas. Pas de flingues, pas de néo-nazis (des voyous anarchistes qui sont influencés par son action mais qu\'il ne prend sous son aile qu\'à la fin du récit).
22 Octobre 2011
Je préfère aussi year one, TDK me parait complètement hors sujet dans l\'univers de batman.
Si je ne fais pas erreur c\'est bien dans cette histoire qu\'il finit par utiliser un flingue et qu\'il devient le leader d\'une milice composée de neo-nazi.
Même si il est fondamentalement un individu autoritaire et violent, je trouve que c\'est nier certains aspects du personnage que d\'en faire un étendard fasciste.
22 Octobre 2011
BigquickMouarf, le mieux c\'est Year One. Je suis pas fan de ce TDK, je le trouve un tantinet too much.
22 Octobre 2011
Complètement d\'accord avec Abyp, le top de ce qui a été fait sur Batman,!
22 Octobre 2011
abypSans aucun doute la meilleure histoire sur Batman.