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Batman Metal Tome 1 : gare à l'indigestion

Batman Metal Tome 1 : gare à l'indigestion

ReviewUrban
On a aimé• Plonge dans la richesse de l'univers DC
• Bourré d'énergie et d'idées...
• Une équipe artistique de compétition
On a moins aimé• ... sans réussir à les canalyser
• Un crossover sympa mais largement dispensable
• Dense à en devenir lourd
Notre note

Alors que les lecteurs VO commencent à prendre le pouls d'un Scott Snyder décidé à faire bien (on l'espère, du moins) sur le relaunch de Justice League, du côté des amoureux de la langue française, la vaste entreprise qui a tout démarré commence à peine. Sorti en fin de mois dernier, Batman Metal proposera en trois tomes, chez Urban Comics, de retracer un long chemin, parsemé de renvois à la longue et riche histoire de DC Comics tout en lui ajoutant pelletée de nouveaux concepts. 

L'avantage de cette publication française est d'éviter les longs moments d'attente, avec une première entrée véritablement copieuse, qui regroupe les deux prologues introductifs Dark Days, les deux premiers numéros de Dark Nights : Metal qui lancent véritablement l'intrigue, ainsi que le premier crossover en tie-in, Gotham Resistance, qui permettait de suivre certains héros et vilains de l'univers DC dans une Gotham City laissée à la merci des plus grands vilains de Batman, sous l'action du maléfique Batman qui rit. Un sacré programme, et d'un côté on voudra féliciter Urban Comics pour sa volonté de tout proposer aux lecteurs, afin de ne pas en perdre une miette. De l'autre côté, ça fait beaucoup à avaler d'un coup.


Et vous m'excuserez cette imagerie du repas mais elle est on ne peut plus à propos lorsqu'il s'agit d'évoquer Batman Metal. Le Chevalier Noir est à la recherche de quelque chose qui le dépasse, et va chercher dans tous les recoins de la planète les indices qui vont le mener à une terrifiante révélation, celle de la venue d'un mal profond, qui dépasse les limites des connaissances du Multivers DC, et va porter avec lui une redéfinition de ce que l'on croit savoir, à la fois dans l'espace, mais aussi dans le temps. C'est ainsi que se présente le projet de Scott Snyder. Au départ, on croira d'abord à un énorme hommage à la sacro-sainte continuité de l'éditeur, le scénariste multipliant les allusions aux précédents récits de l'éditeur et au travail de Grant Morrison sur Batman (mais pas que), et au fur et à mesure de la lecture, ce sont les rajouts qui prennent le pas, Snyder remodelant l'univers DC à son propre gré, ré-utilisant ses propres histoires pour bâtir une mythologie grandiloquente, et inédite. L'ego au détriment du scénario ? Une affirmation assez facile à percevoir, bien que toutes les idées de Snyder soient loin d'être mauvaises.

En filigrane, l'auteur se sent comme un aventurier, et invite le lecteur à repousser ses propres limites en tant que public, à remettre en doute ce qu'il croit savoir après 80 années de publications DC. Un nouveau Multivers, le développement des métaux comme nouveaux artefacts ultimes, et tout un tas de concepts farfelus qui apparaissent et disparaissent très rapidement (qui se rappelle encore de ce Fulcum Abominus, hein ?), un nombre très important de personnages : le tout est dense, incroyablement dense. Et malgré les quelques efforts déployés en fin de tome par Urban pour expliciter certains concepts obscurs, le nouveau lecteur, ou du moins pas encore expert risque fort de se perdre, notamment sur la première moitié du tome. 

• C'est là que vous renvoyer à ce dossier sur Metal et sa seconde partie nous semble important.

Une fois la gargantuesque première moitié passée, il sera alors l'occasion de souffler avec une histoire plus terre-à-terre (des héros doivent composer avec les super-vilains qui ont transformé, en un temps record d'ailleurs, Gotham City) mais qui garde avec Metal une certaine envie de donner dans la démesure. Comme un parallèle avec l'iconographie de certains groupes de métal, avec moult décorum et artifices, en oubliant qu'il y a un véritable travail de composition derrière. Il ne suffit pas de rajouter des armures à tout le monde, de transformer les héros en monstres et de livrer une ambiance apocalyptique pour séduire, même si on reconnaîtra volontiers que le mélange a quelque chose d'un blockbuster que la période estivale de publication trouvera adéquate. Si tout n'était seulement qu'une question de contexte.


Batman Metal, premier du nom, a au moins une carte à défendre envers et contre toute la richesse - et lourdeur - de son propos : une partie artistique façon poids lourds de l'industrie. Tous les grands noms de chez DC Comics se sont réunis, et il faut dire que retrouver du Jim Lee, du Romita Jr. et du Kubert (qui reste dans un style proche du copié de Miller sur DKIII, ce qui reste assez curieux) a quelque chose de grisant avant de retrouver un Capullo plutôt en forme. Disons qu'on lui fait illustrer des scènes qui, hélas, ne lui font pas que du bien (on en reparle de bébé Darkseid ?) mais l'artiste n'avait jusqu'alors pas eu énormément d'occasion de dessiner l'ensemble de l'univers DC Comics, et c'est clairement un plaisir de le voir de la sorte (parce qu'ici, on sait aussi que ça se gâtera par la suite).

A côté, ce sont d'autres trublions de l'éditeur qu'on aime à retrouver, puisque s'ils n'ont pas un nom encore assez important pour certains, c'est leur talent qui s'illustre. On pensera notamment à Stjepan Sejic et Juan Ferreyra qui s'occupent respectivement des segments de Suicide Squad et Green Arrow impliqués dans le tie-in Gotham Resistance, ou encore au trait de Mirka Andolfo sur le numéro de Teen Titans. Aux concepts délirants de Metal, chacun sait apporter ce qu'il sait faire et se donne du mal pour rendre vivante la cacophonie déployée par les auteurs. Il y a des planches vraiment belles, et si l'histoire de cet event vous passe en travers, au moins les yeux n'en pâtiront pas au cours du voyage.

Il est donc temps pour les lecteurs VF de se lancer dans l'aventure Metal. Soyez donc avertis : Scott Snyder fait bouillonner son cerveau et ses idées, quitte à se perdre en refusant de les canalyser. De l'hommage, de la création, du renouvellement, c'est une partie, voire tout l'univers DC qui doit faire avec une écriture dense, certainement trop, et un premier tome à la fois intéressant, mais aussi indigeste, d'autant plus si vous n'êtes pas fin connaisseur de tout ce que l'éditeur à deux lettres a bâti en plusieurs décennies. Le tout a au moins le mérite d'avoir un résultat graphique à la hauteur de ses ambitions, mais il sera difficile de conseiller ce tome au tout venant, tant Metal reste une lecture particulière, et pas forcément la plus agréable, dans le DC Comics récent.

Vous pouvez commander Batman Metal tome 1 à ce lien.

Arno Kikoo
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