Deux semaines après un premier
épisode pas des plus marquants, le Iron Man de Kieron Gillen et Greg
Land nous revient dans une nouvelle tentative de se faire une place parmi les
très bons titres que Marvel Now! ne cesse de nous lancer semaine après semaine.
Un deuxième numéro porté par les forces du duo aux commandes mais qui souffre
des mêmes défauts que son prédécesseur…
"I never even had a chance to lose"
Si cet épisode n’est pas exempt de défauts, ouvrons tout de même sur sa
principale force. Les dialogues. Kieron Gillen est à mes yeux le meilleur
dialoguiste à officier chez Marvel actuellement. Juste après avoir impressionné
pas mal de membres de la rédac’ avec son
AvX : Consequences, notamment à
travers les échanges entre Wolvie et Cyclope, le Britannique récidive et livre
au lecteur une répartie sans faille. Qu’il s’agisse des lignes de Tony ou des
réflexions du narrateur de l’épisode, Gillen fait mouche plus qu’il ne l’est permis
de le faire en seulement 20 pages. Les mots sont précis, et touchent là où il
faut.
Pour ce qui est du reste de l’écriture, tout trempe dans la demi-mesure. Le
synopsis frôle le ridicule mais charme de par son ampleur « James
Bondesque » avouée par l’auteur à travers les paroles de Tony. Le vilain
de l’épisode fascine presque de par ses ambitions et les moyens qu’il se donne
pour pas grand-chose au final. On a ici affaire à un vrai mégalo avec un plan
risible mais particulièrement captivant à voir se mettre en place. Ajoutez à
cela l’idée d’inspecter le thème de l’homme derrière l’armure, l’audace de
poser dès le deuxième épisode la question de savoir qui d’un pilote médiocre
dans une bonne armure ou d’un très bon pilote dans une armure bas de gamme a le
plus de valeur : qu’est-ce qui pourrait gâcher le tableau ?
"You're an idiot. Life is disappointing for idiots"
La très mauvaise idée de plier le tout en 20 pages. On tenait là de quoi lancer
un arc intéressant dans un environnement original le tout imprégné de thèmes
parfaitement adaptés à Iron Man. Au lieu de ça, Gillen a décidé de composer son
premier arc de 5
done-in-one. Un format qu’il a prouvé savoir gérer sur
Uncanny
X-Men mais sur lequel il manque d’exceller lorsqu’il s’agit de conter les
déboires de Tony Stark. La fin est expédiée. Pire, elle est facile, banale,
presque vulgaire dans son exécution déplorable. Bref, le fond est là mais la
forme n’est clairement pas appropriée.
Mais un comic c’est aussi des dessins. Seulement, quand c’est Greg Land qui
s’en occupe, les remarques sont bien souvent les mêmes. L’artiste souffre et
souffrira vraisemblablement toujours des mêmes tares. Sa photo-referencite
aigüe ne le quitte pas. Le bougre s’évertue à toujours figer les mêmes
expressions sur les mêmes visages encore et toujours. Toutes les femmes qu’il a
le malheur de dessiner sont nées de la même mère. La seule chose qui permet de
différencier Tony du vilain du jour réside dans leur pilosité faciale. A
nouveau, si on vous disait que c'était le Mandarin pilote l’armure, vous croiriez
sûrement votre interlocuteur sur parole tant Stark semble avoir les yeux
bridés…
Seulement, le bonhomme a ses forces. Là où il a fait des merveilles sur Uncanny
X-Men durant AvX en donnant vie à l’affrontement Rulk/Cyttorak-Colossus, Land
produit des armures étincelantes. Quand on lui demande autre chose que de
l’humain, le dessinateur gère son affaire. Monstres, robots, aliens… Iron Man
n’est donc pas forcément le pire choix pour lui (surtout quand on sait que le
playboy milliardaire s’envole pour l’espace sous peu). L’action étant de mise dans les pages
rédigées par Gillen, Land nous sert des combats dynamiques et faciles à lire.
Malgré des designs simplistes, les armures des adversaires de Tony ont de
l’envergure et rendent justice aux qualités d’un dessinateur qu’on a tendance à
juger trop facilement.
Iron Man #2 n’est pas encore l’épisode qui permettra à la série de faire rêver
comme un All-New X-Men pourrait le faire. Les dialogues sont savoureux, les
bonnes idées sont là et les scènes en armure sont belles. Seulement Gillen en
est encore à l’échauffement et semble s’être trompé de format pour ses
premières histoires. Quant à Land, il a encore trop d’êtres humains à dessiner…
Il est probable que les trois prochains épisodes souffrent des mêmes défauts.
Après ça, le numéro 6 verra Tony s’envoler pour l’espace et la série commencer
à se construire autour d’arcs en 3 parties. Ceux qui n’ont pas peur du
changement laisseront sa chance à ce qui sera certainement le véritable début
du run de Gillen. Les autres pourront toujours revenir ici voir ce qu’on en
pense.