Accélération majeure de l'affaire Neil Gaiman. Plusieurs mois après que les premières accusations contre l'auteur de Sandman soient parues, l'une des premières victimes s'engage désormais à attaquer son agresseur supposé en justice. Une plainte - longue de 28 pages - a été déposée à l'encontre de Gaiman pour "abus sexuels, agressions sexuelles, viol, coercition" et de "trafic d'êtres humains". À cet égard, le nom de l'ex-femme de l'écrivain, Amanda Palmer, figure aussi dans le dépôt de plainte.
La journaliste Lila Shapiro a révélé l'information via le média Vulture ; cette dernière est l'autrice d'une enquête approfondie parue dans le magazine New York qui reprenait les faits révélés par Tortoise à l'été 2024, tout en amenant tout ce qui manquait à la première enquête - avec des victimes qui ne parlaient plus sous couvert d'anonymat, des captures d'écrans et photos, mais aussi des détails plus sordides - pour qu'un plus grand public y prête attention. L'ensemble des derniers rebondissements sera par ailleurs abordé dans un long récapitulatif, faisant suite au premier publié dans ces colonnes en septembre dernier.
La plaignante est Scarlett Pavlovich ; il s'agit de la femme agressée en 2022 en Nouvelle-Zélande alors qu'elle devait s'occuper de garder l'enfant de Gaiman et Palmer. Si les faits décrits ont eu lieu là-bas, la plainte est déposée dans l'état du Wisconsin (où l'auteur a une résidence), et une plainte dans les états de New York et du Massachussetts a également été déposée. Selon la plainte déposée, Pavlovich accuse Amanda Palmer d'avoir "recruté en toute connaissance de cause Scarlett à venir à Waiheke dans le but de la faire travailler sans compensation" et d'avoir été, en somme, complice des agissements de Neil Gaiman à l'encontre de la jeune femme, qui était alors âgée de 22 ans. Il est écrit que Palmer connaissait la fragilité mentale de Scarlett, qu'elle était suffisamment au courant des agissements de son ex-mari pour l'avoir prévenu de ne pas approcher la baby-sitter, et qu'elle a ensuite fait preuve de négligence en la laissant à la merci de l'auteur.
Scarlett Pavlovich est représentée par Kamerman, Uncyk, Soniker et Klein, cabinet d'avocats qui a déjà fait parler de lui pour avoir déposé une plainte contre Elon Musk pour les anciens employés de Twitter qui avaient été virés lors de sa prise de fonction. Les dommages et intérêts réclamés par la plaignante sont estimés de l'ordre du million de dollars pour couvrir "les dommages psychologiques et physiques, les problèmes économiques passés et futurs, les problèmes physiques passés et futur incluant PTSD, anxiété, dépression, qui ont entraîné des dommages au cerveau et ont gâché des opportunités de carrière."
Le dépôt de plainte détaillé est accessible en ligne et reprend l'essentiel des données formulées lors de la première prise de parole de la jeune femme - cette lecture étant toutefois assez difficile, celle-ci n'est pas conseillée à tout le monde. Au global, le récit décrit le parcours d'une jeune femme en grande difficulté économique, presque sans domicile, qui se retrouve à dépendre économique d'un ancien couple plus âgé, et qui n'aura pas le choix que de subir une série de viols à répétition pendant toute la durée de cette période. Désormais, l'affaire va tomber entre les mains de la justice, une nouvelle étape dans cette affaire qui devrait logiquement appeler à la présentation de témoignages (pour sortir d'un premier état de parole contre parole) et afficher au grand jour une situation que beaucoup de médias généralistes avaient choisi de ne pas couvrir jusqu'ici. A suivre.