Nous l'avons déjà écrit à plusieurs reprises : au-delà de la valeur brute du prix d'un album de comics, un facteur décisif poussant à l'achat ou non tient compte de la valeur perçue dudit album, qui peut prendre en compte plusieurs facteurs. Concernant l'indépendant, le fait de ne pas connaître une équipe créative ou de ne pas être "sûr" que le récit sera de qualité (alors que sur du super-héros, même si l'histoire est mauvaise, il y toujours l'affect que l'on porte au super-héros et son univers) peut être un frein majeur à la découverte, d'autant plus avec un budget limité.
C'est pour cela que l'on a vu les éditeurs - surtout Urban Comics - faire des prix découverte sur des nouveautés indé', sans par ailleurs que le résultat ne soit tout le temps au rendez-vous (avec l'exemple criant de Vanish ou Love Everlasting l'an passé). Chez Panini Comics, on observe à une offre "inversée" : c'est à dire que deux de leurs titres indé' sortis en 2023 sont désormais disponibles à prix découverte. Une offre particulièrement intéressante compte tenu de la grille tarifaire habituelle de la maison d'édition.
C'est depuis ce début du mois de juillet 2024 que Panini Comics a apposé un prix découverte pour deux albums sortis en 2023 dans leur offre Panini Graphic Novel. On retrouve d'une part Family Tree de Jeff Lemire et Phil Hester, vendu à 15€ (au lieu de 32€), et Made in Korea de Jeremy Holt et George Schall, accessible lui à 10€ (au lieu de 22€), soit une réduction de plus de 50% par rapport au prix de vente originel. Il est facile de supposer que les volumes de ventes de ces deux albums, malgré leurs qualités respectives, n'ont pas été importants, et que l'éditeur préfère baisser le tarif drastiquement plutôt que d'envoyer les stocks au pilon. En l'occurrence, Panini Comics est surtout connu pour éditer les comics Marvel et pas nécessairement pour leurs titres indé', alors que malgré le faible nombre de titres dans cette catégorie, l'éditeur s'est souvent montré de bon goût, en allant chercher Goodnight Paradise, Echolands ou encore Monkey Meat.
Concernant Family Tree, il s'agit d'un Jeff Lemire tout à fait correct qui nous emmène dans un monde post-apocalyptique façon The Last of Us, avec un Phil Hester toujours aussi habile dans son trait assez plat et la façon qu'il a de jouer avec l'encrage sur le clair-obscur.
"Loretta est une mère de famille ordinaire, vivant dans un village peu connu, qui menait une vie tranquille jusqu'à ce qu'elle embarque sa famille dans un road trip à travers les Etats-Unis pour sauver sa fille, Megan. La jeune fille est atteinte d'un mal inconnu qui pourrait avoir de terribles conséquences pour l'humanité, c'est en tout cas ce qu'estime une secte qui veut la neutraliser avant qu'elle ne déclenche l'apocalypse."
Si vous souhaitez un avis plus développé en quelques minutes, nous avions chroniqué l'album via le podcast First Print (à 17 minutes dans le player ci-dessous).
Made in Korea était déjà moderne dans son propos mais le sera peut-être encore plus en 2024 puisque ce récit de science-fiction traite d'intelligence artificielle - mais pas d'IA générative, non, plutôt de robotique ultra-perfectionnée. Dans une histoire qui parle aussi d'identité et de transmission culturelle.
"Jesse, une coréenne de neuf ans, est adoptée par un charmant couple d'américains. Elle est socialement maladroite mais possède une mémoire encyclopédique pour la simple et bonne raison que c'est un robot ultraréaliste. Mais ses parents ignorent que Jesse est un modèle expérimental : la toute première véritable intelligence artificielle. Pour la petite fille, c'est le début d'un voyage mouvementé à travers toutes les facettes de son identité."
Là aussi, nous avions pu discuter de ce récit quelque peu troublant, et nous vous laissons avec le player (14'35) si vous souhaitez un avis plus développé avant de vous laisser tenter ou non en librairie !
