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Invincible : Robert Kirkman s'arrange avec le coloriste Bill Crabtree en dehors des tribunaux

Invincible : Robert Kirkman s'arrange avec le coloriste Bill Crabtree en dehors des tribunaux

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Comme une vague impression de déjà vu. Rappel des faits : il y a deux ans, Bill Crabtree s'était décidé à attaquer en justice Robert Kirkman. Le coloriste des cinquante premiers numéros de la BD Invincible estimait avoir été escroqué. En effet, Crabtree, en tant que co-créateur de cet univers, expliquait n'avoir jamais été payé pour la série animée Invincible développée par Prime Video et Skybound Entertainment. Une situation compliquée, et qui vient encore une fois remettre le sujet du droit des auteurs et de la propriété intellectuelle sur le devant de la scène à l'échelle de l'industrie des comics. Mais cette fois, avec un coloriste dans le rôle du plaignant. Or, cette profession était jusqu'alors rarement mise en avant dans ce genre d'affaires.

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Qu'est-ce qui s'est passé ? Selon toute vraisemblance, lors de la création du comics Invincible, Bill Crabtree aurait reçu la promesse d'un crédit officiel de co-créateur. De la part de Robert Kirkman, et de l'éditeur-en-chef de la maison Image Comics, Eric Stephenson. Ceci signifie donc que Crabtree doit percevoir un intéressement sur les ventes de la BD (au format single ou albums) et une part de l'argent généré par la vente des droits en cas d'adaptation éventuelle. Les avocats du coloriste avancent même des sommes précises : 20% des ventes pour les comics, 10% du montant sur la vente des droits à d'éventuels partenaires multimédias (cinéma, télévision, jeu vidéo, etc). Et là-encore, selon toute vraisemblance, Robert Kirkman a respecté cet accord pendant toute l'exploitation de la franchise Invincible... jusqu'au lancement de la série animée produite par Prime Video.
 
Un article plus détaillé est à retrouver ici pour toutes celles et ceux qui souhaiteraient comprendre les détails de l'affaire. Pour résumer rapidement : le scénariste de la BD n'a jamais caché son ambition de partir à la conquête d'Hollywood, et de nombreux comics signés Robert Kirkman sont passés entre les mains de plusieurs sociétés de production au fil de ces vingt dernières années. L'auteur a mis dans le pied dans la porte avec l'adaptation des comics Walking Dead, et est devenu, depuis, un producteur légitime au regard de son origine modeste de simple créateur de bandes-dessinées. Problème : ce plan de conquête a visiblement nécessité une petite quantité... de truquages. Selon Kirkman, les studios de cinéma et de télévision préfèrent généralement s'entretenir avec un interlocuteur unique, pour faciliter les échanges. Et donc, pour pouvoir vendre les droits d'Invincible à Hollywood, celui-ci a décidé... de proposer aux artistes de renoncer à leurs droits sur la franchise.
 

 
Bien sûr, Kirkman a pris soin d'accompagner cette demande d'une promesse. Selon Crabtree, lorsque le créateur l'a approché lors de la SDCC 2015, dans l'idée de lui faire signer un document officiel pour l'amener à renoncer à son statut de co-créateur légitime, le scénariste lui aurait présenté ce projet comme une façon intelligente de faire avancer l'adaptation. Selon une citation offerte par BleedingCool, l'auteur aurait assuré le coloriste que "c'est seulement pour les gens de Hollywood. Rien ne va changer dans notre accord."

Et de fait, avant la série Invincible de Prime Video, Crabtree a bien perçu les royalties promises à l'époque. Sur les ventes de comics, mais aussi sur le motion comics développé par MTV, et sur l'option posée par les studios Paramount à l'époque où l'idée était de produire une adaptation en long-métrage de la BD confiée à l'époque à Seth Rogen et Evan Goldberg. En somme, Robert Kirkman avait tenu sa promesse. Jusqu'au moment où Amazon a investi sur le développement de la série animée. Subitement, Crabtree a été mis au placard. Le coloriste n'a pas reçu le moindre dollar sur l'accord signé entre Prime Video et Skybound (Robert Kirkman LLC). On imagine que le montant en question était forcément plus important que ce qui avait été signé précédemment avec MTV ou Paramount, dans la mesure où celui-ci a accouché d'une commande de série officielle sur plusieurs saisons. 
 
A l'aune du procès, certaines zones grises tendent à s'éclairer. D'abord, la défense de Robert Kirkman passe par un argumentaire curieux : selon ses avocats, Bill Crabtree n'aurait jamais profité d'un statut de co-créateur officiel. Et n'aurait donc aucune légitimité à réclamer quoi que ce soit. Mais dans le même temps, on se demande bien pourquoi Kirkman a insisté pour faire signer au coloriste un document visant à saper son statut de co-créateur si celui-ci n'était pas une réalité contractuelle aux yeux de la maison Image Comics
 
La défense explique également que les les sommes perçues par Crabtree lors des contrats avec MTV et Paramount ont été versées au titre de "bonus" et non de "royalties". En somme : le propriétaire légal aurait accepté de payer par sympathie, mais n'aurait aucune obligation légale de continuer. Dans le même temps, le plaignant a musclé sa défense. En allant notamment chercher Devin McRae pour le représenter au procès, à savoir... l'avocat de Tony Moore. Ca ne vous a probablement pas échappé : un autre procès, pour cet exact même motif, sur cette exacte même configuration, a effectivement déjà frappé Robert Kirkman par le passé, à l'époque de la vente des droits de Walking Dead à la chaîne AMC

Crabtree a donc été (volontairement) chercher celui qui avait déjà brisé de plein fouet la défense du fondateur de Skybound. Dans la mesure où, à l'époque de cette première affaire, le scénariste avait accepté de s'arranger avec Tony Moore en dehors des tribunaux. Et vraisemblablement, avec son carnet de chèque.
 
Et donc, où en est on ? A date de rédaction, le procès devrait se terminer à échéance de 45 jours. Le deux parties se sont (encore une fois) arrangées, et sont parvenues à trouver un accord validé par les deux factions en présence. Il n'est pas nécessaire d'être expert en droit américain pour comprendre que Robert Kirkman a certainement dû accepter de verser une certaine somme à Crabtree pour que celui-ci retire sa plainte. Sans doute pour éviter une jurisprudence gênante, dans la mesure où le droit d'auteur reste une donnée encore très floue aux Etats-Unis, et que les patrons de maison d'édition qui pratiquent le contrat en "work for hire" n'ont pas intérêt à établir un précédent juridique sur le sujet. On voit même assez mal pourquoi Crabtree aurait accepté de retirer sa plainte si celui-ci n'avait pas été compensé d'une manière ou d'une autre.
 
Donnée intéressante à constater : le coloriste avait prévu d'appeler à la barre, pour ses témoins à charge, Cory Walker, Ryan Ottley, et un avocat spécialiste du droit dans l'industrie des comics, Harris M. Miller. Dans le même temps, le juge avait incité à comparaître l'éditeur-en-chef des éditions Image Comics, Eric Stephenson. Celui-ci aurait sans doute été amené à témoigner sur la nature des contrats signés à l'époque de la BD Invincible si l'affaire avait suivi son cours quelques semaines de plus. Comme d'habitude, lorsque ces litiges sont réglés en privé, les deux parties ont interdiction de donner les détails. On fait confiance à votre imagination.
 
 

Corentin
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