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AMC licencie une partie des employés de son département comics (dont le fondateur Mike Zagari)

AMC licencie une partie des employés de son département comics (dont le fondateur Mike Zagari)

NewsIndé

Obstacle majeur aux envies de diversification : généralement, les départements d'une même compagnie ont tendance à s'influencer les uns les autres, dans les bons comme dans les mauvais jours. Pour la chaîne AMC, ou plus généralement, le réseau AMC Networks, l'envie de pousser une division consacrée à l'édition de comics va, par exemple, se retrouver handicapée par l'économie moderne des grandes enseignes de la télévision américaine sur un marché de plus en plus précaire. Situation tendue, lourdes pertes et investissements difficiles à rentabiliser - conséquence directe d'une évolution des pratiques et du déclin des sommes accordées aux producteurs de contenu original, qui se retrouvent obligés d'opérer des coupes franches dans les budgets.

A commencer par : le département comics

Le cas d'AMC Networks est un peu différent de certaines autres grandes enseignes directement concernées par cette crise de l'industrie télévisuelle moderne, dans la mesure où les pontes du groupe avaient eu la bonne idée de se mettre à publier des comics récemment. Et même tout récemment - et avant même d'avoir pu entamer un lancement en bonne et due forme, la branche en question, dite AMC Publishing, risque déjà d'être tuée dans l'oeuf. 
 
AMC Networks vient tout juste de licencier une partie de l'équipe en charge de cette jeune maison d'édition, dans le cadre d'un plan d'économie de plusieurs centaines de millions de dollars (entre 375 et 450 millions selon la rédaction du Hollywood Reporter). La présidente directrice générale du groupe a elle-même démissionné après un mandat de trois mois, et les gestionnaires à la tête de l'entreprise avaient déjà alerté sur les futures charrettes de licenciement "massives" à l'horizon de cette fin d'année, à hauteur de 20% de la masse salariale globale. A l'origine de cette situation catastrophique, le chairman James Dolan avance la fameuse problématique du retour sur investissement pour la production de contenus originaux - une situation qui n'est pas sans rappeler celle de la CW, cédée récemment (et gratuitement) au groupe Nexstar pour un motif comparable. 
 
 
Pour résumer : des enseignes de télévision connues pour fabriquer leurs propres séries télévisées en diffusion, et qui avaient pour habitude de se rentabiliser grâce au circuit de la SVOD via les plateformes de streaming partenaires. L'évolution de ce marché précis depuis quelques années joue contre ces pourvoyeurs indépendants de contenu original. A l'aune de la guerre sans merci que se livrent les principaux services de SVOD, les budgets alloués à l'achat et à la diffusion de programmes externes ont été largement réduits - les principaux belligérants du streaming préférant aujourd'hui produire en interne leurs propres exclusivités et éviter d'enchérir sur les créations des tiers, dans une course à la rentabilité qui occupe l'ensemble des cerveaux du secteur. Netflix avait déjà coupé l'afflux de capitaux à la CW, et on imagine que la fin de Better Call Saul ou le recul progressif (et assuré) de la franchise Walking Dead sur le petit écran n'encourage pas les actionnaires d'AMC Networks à miser sur le futur.
 
Côté comics, AMC Publishing a donc été frappée de plein fouet par les vagues de licenciements annoncées par la direction. Un départ en particulier inquiète les observateurs du marché : les pontes de la chaîne ont effectivement décidé de se passer de Mike Zagari, fondateur et principal architecte de cette jeune maison d'édition. Celle-ci se retrouve donc contrainte d'opérer sans tête pensante dans les temps immédiats, dans la mesure où personne n'a jugé utile de nommer un remplaçant ou une remplaçante pour le moment. D'autres éditeurs ont été foutus à la porte dans la foulée. Selon ComicsBeat, AMC Publishing aurait pour consigne de ne pas accepter de lancer de nouveaux projets en BD dans l'immédiat... et les équipes créatives qui avaient signé avec la compagnie ont même la liberté d'aller chercher des repreneurs, ailleurs, sur le marché indépendant.
 
Dans l'immédiat, l'éditeur s'était surtout positionné pour trois titres de lancement : Parisian White, de Kelly Sue DeConnick et Bill SienkiewiczNights of Lono de Kirk Hammett, Marcel Feldmar et Christine Norrie, et Oubliette de Brenden Fletcher et Tula Lotay. Ces différentes séries devaient être présentées à la San Diego Comic Con de l'an prochain, avec un plan de sortie prévu pour l'automne 2023. Mais, difficile de ne pas déjà se demander si AMC Publishing existera encore d'ici là, une fois que le pôle présidentiel aura fini de saigner le groupe. En suivant les pistes de réflexion de l'économie moderne sur le secteur du divertissement télévisuel, il est même assez probable que la mission de James Dolan sera justement de dégraisser AMC Networks jusqu'à pouvoir présenter un produit relativement attractif à mettre sur le marché, et de vendre le chaîne à un conglomérat ou à un fournisseur de SVOD qui chercherait à gonfler ses actifs dans la foulée.
 
Seule bonne nouvelle dans cette énième manifestation de l'effondrement des us télévisuels d'autrefois : les équipes créatives concernées ne devraient pas avoir de mal à faire rapatrier leurs comics vers d'autres compagnies. Plusieurs maisons seraient sans doute très intéressées à l'idée de mettre les mains sur le nouveau Sienkiewicz, et Fletcher et Lotay sauront à quelles portes toquer. Quant à Kirk Hammett, l'alinéa "guitariste vedette du groupe Metallica" sur le curriculum a aussi tendance à défoncer quelques portes au moment de placer un projet de BD quel qu'il soit - pour un éditeur, quand le macaron floqué en couverture est à ce point facile d'accès, la signature des contrats n'est plus qu'une modeste formalité.
 
Corentin
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