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Sabrina L'Apprentie Sorcière : une aventure magique pleine de couleurs

Sabrina L'Apprentie Sorcière : une aventure magique pleine de couleurs

ReviewGlénat
On a aimé• Les planches de Veronica Fish
• Mêle agréablement intrigues adolescentes et mystères magiques
• Kelly Thompson réussit à moderniser la Sabrina classique...
On a moins aimé• Des arrière-plans brouillons
• ... mais ne transcende pas le produit de commande
Notre note

Si l'on attend désespérément que Roberto Aguirre-Sacasa se reprenne en main du côté des comics et poursuive sur le papier l'excellent Chilling Adventures of Sabrina, relecture horrifique des célèbres aventures de l'apprentie sorcière, le succès de l'adaptation Netflix a poussé Archie Comics a remettre en avant sa jeune héroïne en bande dessinée. Impossible de confier Chilling' à un autre scénariste, c'est donc vers une version plus classique - tout de même modernisée - que la maison d'édition se tourne, avec l'autrice à succès Kelly Thompson, qui a su au fil des dernières années s'imposer comme la scénariste en vue chez Marvel (avec les reprises de Jessica Jones, Hawkeye, West Coast Avengers, Captain Marvel puis Deadpool, vous voyez le CV). Moins d'horreur donc, mais tout autant de magie, de créatures bizarres, des affres adolescentes et autres histoires d'amour : un cocktail qui trouve parfaitement sa place au sein des publications Archie modernes, et de la collection française Log-In de Glénat Comics.


Nul besoin d'avoir parcouru les précédentes incarnations de Sabrina chez Archie Comics pour se lancer dans cette nouvelle déclinaison, qui se présentera sous la forme de plusieurs mini-séries (d'où l'absence de "tome 1" véritable pour cette édition VF). Kelly Thompson transpose le concept de l'apprentie sorcière dans une Greendale moderne. Les éléments principaux sont là : Sabrina, adolescente et jeune sorcière, fait ses premiers pas au lycée de la ville, doit cacher l'étendue de ses pouvoirs tout en affrontant les défis quotidiens auxquels a droit toute adolescente. Son chat Salem est bien là (et il PARLE, les frustrés de la série Netflix nous comprendront), les tantes Hilda et Zelda, aux caractères bien différents également. Mais là où les débuts du titre commencent de façon légère, lorgnant vers le ton comédie de la série TV des années '90, des éléments de magie noire, ou simplement plus inquiétants, commencent à faire irruption.

Au fur et à mesure de la progression, Kelly Thompson essaie de jouer sur plusieurs tableaux, en mêlant les tonalités teenage proche aux titres Archie modernes, avec des éléments de magie plus ou moins sérieux. C'est à dire que Sabrina peut tout aussi bien utiliser un sort pour donner leçon à la bully locale que pour se sortir des griffes de terribles monstres diablement colorés. Les codes du récit adolescent sont pensés de façon assez modernes, avec quelques détournements des codes des triangles amoureux dont Archie raffole d'habitude. Preuve est que Kelly Thompson sait composer avec un certain cahier des charges, sans tomber forcément dans les facilités des stéréotypes. Bien sûr, on retrouve les archétypes de tout lycée américain, entre les pimbêches populaires ou l'autre fille mis de côté pour un physique moins normé - et Sabrina se placera forcément pour défendre celles qui sont à part, puisqu'elle l'est aussi.


Sans trop forcer sur les messages, Thompson joue dans les nuances sur ses personnages et les archétypes : si la "grande méchante" du lycée est ainsi, ce n'est pas sans quelque raison, et un comportement de façade peut cacher plus de nuances par la suite en personnalité. L'environnement familial de Sabrina est là pour apporter un peu plus de sérieux dans les enjeux, qui tournent rapidement autour de lycéens qui semblent disparaître, et de créatures hideuses qui apparaissent dans les bois de Greendale. A côté, les intrigues amoureuses se développent également, le beau et classique Harvey Kinkle étant forcément de la partie - mais il n'est pas seul. Les cinq numéros s'enchaînent rapidement, avec des tournures inattendues et plus fantasques sur la fin qui feront peut-être lever un sourcil circonspect. Mais amusé, également.

Sabrina L'Apprentie Sorcière profite très bien des dessins de Veronica Fish, mis en couleurs par Andy Fish (accessoirement son compagnon dans la vie). Illustratrice de couvertures pour des séries jeunesse chez Boom! Studios, la dessinatrice avait assuré les parties artistiques d'un arc de Spider-Woman et plus récemment du Archie de Mark Waid (sur le tome 2 de Glénat Comics, après le départ de Fiona Staples). Autant dire qu'elle connaît bien l'univers et les personnages d'Archie Comics, et sait garder leurs caractéristiques physiques tout en donnant une allure moderne avec un trait fin, qui ne s'embarrasse parfois pas de traits pour laisser les couleurs faire les contours des personnages par elle-même. On sent d'ailleurs ce travail tout en harmonie avec la colorisation, par moment très vive, notamment lorsqu'il s'agit de mettre en scène les sorts magiques et les affrontements contre des créatures surnaturelles.


Visuellement, Sabrina se montre donc chatoyant, et l'on pourra simplement reprocher quelques arrière-plans qui manquent un peu de finitions, compte tenu du soin apporté sur la durée sur les planches. Salem est craquant au possible, et finit même par être badass (on ne vous en dit pas plus), l'illustratrice emprunte à la mythologie native-américaine mais aussi orientale pour dessiner les monstres, et l'action est bien retransmise. Les héros et héroïnes n'en oublient pas d'être expressifs lors des scènes de vie "normale", bien qu'un petit peu de magie (et de couleurs fluo) ne soit jamais très loin pour vivier le tout. En somme, un agréable voyage graphique, qui fait de Sabrina une lecture franchement sympathique : comme travail de commande, l'équipe créative s'en sort avec les honneurs, et devrait contenter les fans de la licence.

Glénat Comics a en outre la bonne idée, après le joli cahier de designs, d'inclure un épisode bonus du titre Archie de Nick Spencer, quand justement Archie a commencé à sortir avec Sabrina (au lieu de Betty ou Veronica). De quoi découvrir cette autre série au compte-goutte, alors que l'éditeur continue de publier le titre régulier de Mark Waid qui précédait. Moins de magie de ce côté là, mais un plan encore mystérieux de Sabrina, dont l'amourette avec Archie ne semble pas si sincère que ça. L'intrigue sous forme de romance fonctionne, et reste une autre plus-value pour qui voudrait se procurer le tome.


Ici, on vous l'avoue, on adore la tournure horrifique de Chilling Adventures of Sabrina. Mais on adore aussi la pure comédie romantique du Archie de Mark Waid. Sabrina L'Apprentie Sorcière réussit à mêler un peu de ces deux univers, avec une Kelly Thompson qui réussit à incorporer de façon moderne tous les éléments classiques de cet univers magique. Des intrigues adolescentes, des secrets et des créatures magiques, le tout servi par un dessin aussi joli que dans le ton du comicbook : en somme, pour qui aime ces personnages et cette approche plus "classique" de Sabrina, il n'y a vraiment pas de quoi bouder son plaisir. Et pour le plaisir de retrouver un Salem bavard, franchement, on y va.

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Arno Kikoo
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